A Athènes, les Grecs crient leur « rage immense » après la catastrophe ferroviaire

« Nous ressentons une rage immense! »: 12.000 personnes ont crié leur colère dimanche devant le Parlement à Athènes, un rassemblement marqué par de violents heurts entre manifestants et policiers, après la catastrophe ferroviaire qui a soulevé une vague d’indignation dans toute la Grèce.

« L’appât du gain, le manque de mesures prises pour la protection des passagers a conduit à la pire tragédie ferroviaire dans notre pays« , s’emporte dans le cortège Michalis Hasiotis, président du syndicat des experts comptables.

« Nous ressentons une rage immense! », ajoute-t-il alors qu’étudiants, cheminots et personnel des services publics avaient appelé les Grecs à venir demander des comptes aux autorités après ce drame survenu mardi soir.

Non loin, sur la place Syntagma, l’esplanade en contrebas du Parlement dans le centre d’Athènes, des pancartes et banderoles dénoncent: « A bas les gouvernements assassins!« , « ce n’était pas une erreur humaine! ».

« Wanted crime minister« 

D’autres participants distribuent des tracts accusateurs montrant le visage du Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis accompagné de ces mots en rouge: « Wanted crime minister ».

Puis des centaines de ballons noirs s’envolent dans l’immense ciel bleu d’Athènes pour rendre hommage aux 57 morts de la collision frontale entre un train de voyageurs reliant Athènes à Thessalonique, dans le nord, et un convoi de marchandises.

« A bas les gouvernements assassins!« 

La plupart des victimes étaient des jeunes et des étudiants rentrant à Thessalonique, la grande ville universitaire, après un weekend prolongé.

la télévision, des images déchirantes de parents en pleurs attendant désespérément devant un hôpital des informations sur le sort de leurs enfants ont aussi contribué à jeter l’opprobre sur les autorités et leur gestion jugée calamiteuse de cette catastrophe.

Ce drame a également suscité une immense colère face aux négligences et lacunes dans les chemins de fer.

Et le rassemblement, le quatrième depuis l’accident, a dégénéré en violents incidents.

« Rien ne va »

« Ils nous ont bombardé de gaz lacrymogènes, des personnes âgées ne pouvaient pas respirer. Vous croyez que c’est comme ça qu’on commémore nos morts? », s’indigne un étudiant Kallikratis Pavlakis après le retour à un calme relatif. 

« Rien ne va dans ce pays, les hôpitaux sont à l’agonie, les écoles ferment, les forêts brûlent… Ils se moquent de qui? », reprend Nikos Tsikalakis président d’un syndicat des chemins de fer.

« Rien ne va dans ce pays, les hôpitaux sont à l’agonie, les écoles ferment, les forêts brûlent… Ils se moquent de qui? »

Nikos Tsikalakis président d’un syndicat des chemins de fer.

Et les excuses de Kyriakos Mitsotakis, qui a demandé pardon aux familles des victimes dimanche dans une rare déclaration solennelle, n’ont rien fait pour apaiser la colère dans un climat de défiance généralisée.

Ce mea culpa est « une hypocrisie », tonne Mariana Chronopoulou, enseignante dans une école primaire, présente à la manifestation. « Il savait que le réseau ferroviaire était dans un état déplorable, il n’a rien fait ».

La vétusté du réseau ferré, divers problèmes dans le système de signalisation et de sécurité sur les chemins de fer ont été pointés du doigt.

Des bougies sur les rails

Dimanche, trains et métro sont également à l’arrêt dans tout le pays.

Non loin de la manifestation, pendant ce temps-là, le Premier ministre a participé à un service religieux dans la cathédrale orthodoxe d’Athènes, alors que toutes les églises du pays rendent un hommage aux victimes de ce qui a été décrit par le gouvernement comme « une tragédie nationale ».

A la petite gare de Rapsani, proche des lieux de l’accident dans le centre du pays, des parents d’élèves ont posé des oeillets rouges et blancs et allumé des bougies sur les rails. 

Des jeunes de l’école locale ont brandi un panneau. « Ce n’était pas un accident. Ce n’était pas un mauvais moment. C’est le profit au-dessus les vies humaines ».

Vendredi déjà, à Athènes, des protestataires en colère avaient scandé « assassins » devant le siège de la compagnie des chemins de fer Hellenic Train dans la capitale, et inscrit ce mot en lettres rouges sur la façade du bâtiment.

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