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Et si… l’économie profitait aux plus pauvres

Loïs Denis Journaliste

Avec des « si », on pourrait refaire le monde. Refaisons-le !

Depuis 2015, 1 % de la population mondiale détient autant de richesses que le reste de la planète. Un constat choc et une logique qui semble être prise dans un engrenage. Ainsi, les revenus des 10 % les plus pauvres ont augmenté de moins de trois dollars par an entre 1988 et 2011, tandis que ceux des plus nantis connaissaient une croissance 182 fois supérieure. A titre d’exemple, le Vietnamien le plus riche gagnerait en une journée davantage que le plus pauvre en dix ans.

Mais, peu à peu, les consciences s’éveillent. En 2012, déjà, le Forum économique mondial avait pointé ces inégalités comme principale menace à la stabilité sociale et, l’année suivante, la Banque mondiale ajoutait à son objectif d’éradication de la pauvreté la nécessité de partager la prospérité. A en croire l’institution, la part de population mondiale vivant dans l’extrême pauvreté est passée de 1,85 milliard en 1990 à 736 millions en 2015. La situation évolue donc dans le bon sens mais le fossé entre les riches et le reste de la population continue de se creuser. Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette aggravation : dettes publiques en augmentation, conflits, changements climatiques, crises sanitaires, pénurie d’emplois, d’infrastructures, d’accès à l’eau potable et à l’électricité,…

L’Afrique subsaharienne est particulièrement touchée par le phénomène puisque c’est là qu’on retrouve plus de la moitié de la population mondiale vivant dans l’extrême pauvreté. En 2015, le nombre d’habitants bénéficiant de moins de 1,90 dollar par jour atteignait 413 millions, soit plus de la moitié de ceux de toutes les autres régions réunies. Si la tendance se poursuit, l’Afrique subsaharienne concentrera en 2030 près de 90 % de cette population particulièrement défavorisée.

Et si l’économie changeait de cap pour se mettre au service des plus démunis ? Des chercheurs de l’Overseas Development Institute, un think tank indépendant, estiment que si la croissance avait bénéficié aux plus pauvres entre 1990 et 2010, 700 millions de personnes supplémentaires, principalement des femmes, seraient sorties de la précarité. Une étude du Center for Global Development, quant à elle, indique que les trois quarts de la pauvreté extrême pourraient être éradiqués, toutes ressources égales par ailleurs, en ajustant la fiscalité et en réduisant les budgets militaires et d’autres dépenses structurelles. Et selon un calcul d’Oxfam, une taxe de 1,5% sur les fortunes supérieures à un milliard de dollar suffirait à elle seule à scolariser l’ensemble des enfants dans le monde et à sauver six millions d’entre eux, décédant chaque année. Pour parvenir à sortir de la pauvreté, l’ONG préconise une économie centrée sur l’humain.  » Elle garantirait des emplois payés décemment. Elle traiterait les femmes et les hommes sur un pied d’égalité. Personne ne vivrait dans la crainte des dépenses qu’engendrerait une maladie potentielle. Chaque enfant aurait la chance de développer son plein potentiel. Notre économie prospérerait dans des limites soutenables pour notre planète, ce qui nous permettrait également de transmettre un monde meilleur et plus durable aux générations futures.  » Autant de propositions idéalistes et naïves ? Peut-être. Mais elles auraient le mérite de remanier en profondeur notre système et ses nombreuses inégalités.

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