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En Ukraine, la guerre des drones sème la mort et la destruction

Mailys Chavagne

Ces dernières semaines, plusieurs villes ukrainiennes sont devenues la cible d’attaques répétées… de drones iraniens. Nouvelle arme secrète de Poutine ou aveu de faiblesse? La guerre des drones fait rage dans le ciel ukrainien.

À l’origine, l’idée ne vient pas de Moscou… Cette stratégie militaire qui vise à déployer des engins pilotés à distance afin d’attaquer des convois, bombarder des centres de commandements et détruire les centres de gravité ennemis a d’abord été employée par l’armée ukrainienne. Depuis le début du conflit, le drone s’est en effet imposé comme le symbole de la résistance ukrainienne. C’est d’ailleurs lui qui a contribué en grande partie au coup d’arrêt infligé à l’offensive russe de ces derniers mois. Au point de faire de sa destruction l’une des priorités de Moscou. Sans grand succès…

Quels sont les drones employés par les deux armées ?

Le drone Bayraktar TB2, de fabrication turque, est l’une des armes les plus importantes de l’arsenal ukrainien. Il s’est avéré particulièrement efficace jusqu’à présent et a participé à plusieurs victoires du camp ukrainien. Notamment le naufrage du navire amiral russe Moskva. Utilisés à des fins de renseignement, pour brouiller les signaux ou faire office de leurre, des drones TB2 auraient en effet permis aux militaires ukrainiens de tirer deux missiles Neptune sur le croiseur russe.

Ce drone, relativement petit, a une autonomie d’environ 150km. Son atout ? Un système d’armement particulièrement intéressant. Il peut en effet être équipé de plusieurs missiles, qui utilisent la technologie laser pour faire sauter les chars russes. Depuis le 24 février dernier, Kiev a dispersé une trentaine de drones TB2 sur son territoire afin de ralentir l’avancée russe. De quoi irriter Poutine qui a décidé d’investir à son tour dans des drones.

Incapable d’acquérir les fameux drones turcs, Moscou s’est plutôt tournée vers l’Iran. Depuis septembre, les drones iraniens de type Shahed-136 sont devenus une composante majeure des bombardements aveugles ordonnés par le Kremlin. S’il semble à première vue moins sophistiqué que le TB2 turc, le drone iranien Shahed-136 a un atout de taille : il a une portée de 2500 kilomètres et peut voler à plus de 185km/h. Son nez peut contenir une charge explosive d’environ 40kg ainsi que des optiques nécessaires à une attaque de précision. Autre avantage, il vole très bas et peut ainsi échapper aux radars. Néanmoins, ces drones ne peuvent frapper que des cibles fixes. Raison pour laquelle ils sont lâchés en grappes.

Une fois ces engins obtenus, la Russie n’a pas perdu de temps pour lancer des attaques sur plusieurs villes stratégiques. Parmi celles-ci, Kiev, Lviv, Ternopil, Jytomyr, Dnipro, Kremetchouk, Zaporijia et Kharkiv ont été touchées. Ce lundi 17 octobre, des attaques de « drones kamikazes » ont une fois de plus ciblé un quartier central de Kiev et plusieurs fortes explosions ont été entendues.

Coup de maître ou aveu de faiblesse de Poutine?

Le chef du cabinet de la présidence ukrainienne, Andriï Iermak, a estimé que ces attaques russes relevaient du « désespoir ». Et pour cause: cet achat met en lumière une certaine défaillance de l’industrie aéronautique russe.

Il faut bien l’avouer: les drones Orlan-10, à l’origine utilisés par les Russes comme objets de reconnaissance, font bien pâle figure à côté de ce nouvel arsenal iranien. L’Orlan-10, drone russe, serait l’arme aérienne la plus fréquemment abattue depuis le début de la guerre. « La Russie a commencé la guerre avec quelques milliers d’entre eux. Il ne lui en reste peut-être que quelques centaines », selon le Dr Jack Watling du Royal United Services Institute, interrogé par la BBC.

Autre problème: la Russie serait dépendante des technologies étrangères. Les armes guidées russes regorgent en effet de technologies et de composants non russes, dont des puces informatiques fabriquées par des pays occidentaux. Or, en raison des sanctions imposées par l’Union européenne et les États-Unis, l’armement des soldats de Poutine serait aujourd’hui insuffisant puisque la Russie ne peut plus importer de semi-conducteurs, composants électroniques pourtant essentiels pour faire fonctionner ses armes. Un défaut de taille qui force Poutine à se tourner vers ses alliés pour obtenir de nouvelles technologies telles que les drones iraniens. Une stratégie qui pourrait néanmoins lui coûter cher sur le long terme…

Cris, panique, tirs en l’air: quand les drones kamikazes s’abattent sur Kiev

Soudain le drone kamikaze blanc apparaît dans le ciel bleu de Kiev, filant vers sa cible avec un bruit de tondeuse à gazon. Panique, cris… Genou à terre, un policier tire vers l’engin avec sa kalachnikov. En vain. Le drone s’écrase dans un panache de fumée marron.

Il est 08H13 (05H13 GMT) lundi matin dans le centre de la capitale ukrainienne. C’est la seconde frappe dans cette rue du quartier résidentiel Chevchtchenko et au moins la quatrième depuis 06H30 (03H30 GMT) sur la ville, déjà touchée il y a une semaine jour pour jour.

Au milieu d’un carrefour, à 100 mètres de la première explosion, des policiers ont garé leur voiture. Ils empêchent la circulation des véhicules et l’accès aux bâtiments touchés par les drones kamikazes. La mairie a fait état d’un immeuble résidentiel partiellement détruit par l’attaque qui a fait au moins trois morts.

A 200 mètres des explosions, une femme se tient encore à l’abri sous le muret d’un immeuble, à côté d’un policier.

Lessya habite un immeuble au carrefour bloqué par la voiture des deux policiers. « Nous croyons en nos forces armées et nous croyons en notre victoire et nous ne nous laisserons pas intimider par ces explosions« , dit-elle sur le trottoir. « Ils ne nous font pas peur. Nous y sommes habitués et croyons toujours que nous gagnerons, quoi qu’il arrive. Oui, c’est effrayant (…) mais ils ne nous intimideront jamais », poursuit cette habitante âgée de 60 ans.

Source: AFP

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