En Italie, Giorgia Meloni est confortée et attaquée
Quatre mois après son accession à la tête du gouvernement italien, Giorgia Meloni a réussi son premier test électoral. Les 12 et 13 février, la droite a aisément remporté les scrutins en Lombardie, dans le nord industriel du pays, et au Latium, la région de Rome. Un succès enviable pour la Première ministre si elle n’avait pas à subir au même moment les frasques de Silvio Berlusconi.
Attilio Fontana a été élu président du conseil régional lombard avec 54,67% des voix sur le candidat du Parti démocrate, de gauche, Pierfrancesco Majorino, qui n’a récolté que 33,93% des suffrages. Francesco Rocca, l’ancien président de la Croix-Rouge italienne, accédera de son côté à la présidence du conseil régional du Latium. Il a récolté 53,88% des voix contre 42,92% pour le prétendant de gauche, Alessio D’Amato.
La satisfaction de Giorgia Meloni est d’autant plus grande que dans ces régions les plus peuplées d’Italie, dix millions d’habitants en Lombardie, six millions dans la région de Rome, son parti de droite radicale Fratelli d’Italia sort à son avantage de la concurrence avec ses alliés, Forza Italia, de Silvio Berlusconi, et La Ligue, de Matteo Salvini. Humiliation suprême pour le parti antimigrants, dans son fief lombard: si on analyse la répartition des suffrages à l’intérieur de la coalition, il est devancé par la formation de la cheffe du gouvernement.
L’encourageant bulletin électoral de Giorgia Meloni est tout de même écorné par le très faible taux de participation aux deux scrutins, 41,6% en Lombardie et 37,2% au Latium. Mais le phénomène n’est pas spécifique au cadre politique italien.
Anti-Zelensky
Ce qui est plus inédit en regard de la situation dans la plupart des pays européens, c’est l’ambiguïté du pouvoir italien sur la question ukrainienne. Commentant l’entretien en face à face que Giorgia Meloni a eu à Bruxelles en marge du sommet européen du 9 février avec le président Volodymyr Zelensky, son partenaire Silvio Berlusconi a cru opportun de réitérer ses critiques à l’encontre du dirigeant ukrainien, affirmant que lui ne l’aurait pas rencontré. Dans la foulée, il a réitéré sa théorie de la responsabilité de Kiev dans le déclenchement du conflit, comme il l’avait déjà fait dans une vidéo diffusée en octobre 2022: «Il suffisait qu’il (NDLR: Zelensky) cesse d’attaquer les deux républiques autonomes du Donbass et tout cela ne serait jamais arrivé. Par conséquent, je juge très très négativement le comportement de ce monsieur», a lâché l’ancien Premier ministre italien. «Le soutien du gouvernement italien à l’Ukraine est ferme et convaincu, comme cela est clairement prévu dans le programme [de coalition] et comme cela a été confirmé par tous les votes parlementaires de la majorité soutenant l’exécutif», a répliqué le cabinet de la Première ministre. Ambiance.
Le soutien du gouvernement italien à l’Ukraine est ferme et convaincu, comme cela a été confirmé par tous les votes parlementaires de la majorité.
La mise au point ne dissipe pas complètement le malaise créé par la posture poutinophile du Cavaliere. Celle-ci affaiblit la position de l’Italie sur la scène européenne. Difficile en effet de donner du crédit aux critiques formulées par Giorgia Meloni à propos de l’attitude de la France et de l’Allemagne qui avaient improvisé un «sommet» avec Zelensky, le 8 février à Paris. Et difficile aussi d’imposer une stature européenne dans un contexte aussi marqué par la guerre.
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