Javier Milei, le président élu argentin, va éprouver son programme radical au contact de la realpolitik. © getty images

En Argentine, l’austérité n’est pas pour tout le monde : les sénateurs s’augmentent de 170%

La politique argentine résonnait vendredi de la polémique née de l’augmentation de près de 170% que se sont octroyés les sénateurs la veille, lors d’un vote éclair sans débat et à main levée, dans un pays soumis à une thérapie choc d’austérité budgétaire.

La Chambre haute, en fin d’une session ordinaire jeudi et en moins de deux minutes, a voté cette hausse de leur indemnité à partir de juin, à environ 4 millions de pesos (4.500 dollars) nets par mois.

Les sénateurs d’opposition, qui dominent le Sénat de 72 membres – où aucun groupe n’a la majorité absolue – ont voté pour l’augmentation, tandis que les alliés du gouvernement ultralibéral n’ont pas pris part au vote. Sans empêcher le quorum, ou demander un vote nominal, pratiques habituelles lorsqu’il n’y a pas consensus.

Crise économique

Dans un pays confronté à une inflation de 288%, où le salaire minimum dépasse à peine 202.000 pesos (222 dollars), et avec 41,7% de pauvreté, la presse s’est déchaînée vendredi contre les parlementaires.

« Ainsi vit la caste » (politique) a pour sa part dénoncé le président ultralibéral Javier Milei dans un tweet, tandis que le ministre de l’Economie Luis Caputo évoquait une « honte » et un « niveau de déconnexion total avec les gens et la situation économique ».

De tous bords les parlementaires ont tenté vendredi de désamorcer la polémique, les députés pro-gouvernement se glorifiant de n’avoir pas voté pour, l’opposition les accusant d’hypocrisie pour ne pas s’y être opposés.

Le petit parti de Milei, La Libertad Avanza, et ses alliés du PRO (droite) ont fait savoir vendredi qu’ils déposeront un projet de loi pour revenir sur cette augmentation.

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