Emeutes en Nouvelle-Calédonie: deux morts et des « centaines » de blessés
Deux personnes ont été tuées et plusieurs « centaines » d’autres blessées lors d’une deuxième soirée d’émeutes en Nouvelle-Calédonie, alors que les députés votaient à Paris une révision constitutionnelle à l’origine de la colère du camp indépendantiste.
Le président français Emmanuel Macron a condamné le « caractère indigne et inacceptable » des violences et lancé un appel au calme. Il a convoqué une réunion de crise après une nouvelle nuit d’émeutes en Nouvelle-Calédonie, qui a fait deux morts et des centaines de blessés.
Malgré le couvre-feu dans la principale ville du territoire, les graves violences ont repris dès la nuit tombée, marquée par de nombreux incendies, pillages et échanges de tirs, y compris contre les forces de l’ordre. Plusieurs bâtiments publics de Nouméa ont brûlé dans la nuit, a constaté un correspondant de l’AFP. Des « dizaines » de « maisons, d’entreprises » ont été incendiés, a confirmé M. Darmanin. Des voitures accidentées ou calcinées étaient visibles un peu partout dans les rues, alors que des camions des forces de l’ordre sillonnaient la ville. « On est dans une situation que je qualifierais d’insurrectionnelle« , a déploré M. Le Franc. Le Haut-commissaire a fait état de plusieurs « échanges de tirs de chevrotine entre les émeutiers et les groupes de défense civile » et indiqué que 140 personnes avaient été interpellées dans la seule agglomération de Nouméa.
Vote à l’Assemblée
En métropole, l’Assemblée nationale a adopté par 351 voix contre 153 le texte qui élargit le corps électoral dans l’archipel. La réforme constitutionnelle doit encore réunir les trois cinquièmes des voix des parlementaires réunis en Congrès à Versailles. Le projet de loi constitutionnelle vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales dans l’archipel, à tous les natifs calédoniens et aux résidents depuis au moins dix ans. Les partisans de l’indépendance jugent que ce dégel risque de « minoriser encore plus le peuple autochtone kanak ».
Faute d’approvisionnement des commerces, les pénuries alimentaires ont provoqué de très longues files d’attente devant les magasins. Dans les quartiers, la débrouille s’organise. « Nous nous sommes organisés spontanément », a expliqué à l’AFP David, un habitant du quartier de Ouema qui a souhaité garder l’anonymat. « Hier en fin de journée, des gens ont essayé de faire entrer quatre barils d’essence. Nous filtrons la circulation la journée », a-t-il indiqué, alors que certains habitants se sont « armés » de clubs de golf ou de cannes de croquet. A Tuband, un autre quartier de Nouméa, des habitants patrouillaient armés de bâtons ou de battes de base-ball, encagoulés ou casqués. « Nous sommes là depuis hier pour protéger la ville », a affirmé Sébastien, 42 ans. « Les flics sont débordés alors on essaye de se protéger et des que ça chauffe, nous prévenons les flics (…). On essaye de faire en sorte que chaque quartier ait sa milice ».
Les premières altercations entre manifestants et forces de l’ordre ont commencé dans la journée de lundi, en marge d’une mobilisation indépendantiste contre la réforme constitutionnelle. L’aéroport de Nouméa est fermé depuis lundi. Le représentant de l’Etat a indiqué mercredi qu’il avait demandé le renfort de l’armée pour le protéger.