Elections européennes: une majorité de partis pour une défense européenne, Ecolo mitigé, le PTB en retrait
Le PS, le MR, Les Engagés et DéFI défendent l’idée de la constitution d’une Europe de la défense. Ecolo et le PTB privilégient la diplomatie comme moyen pour bâtir la paix.
Dans le cadre de la campagne des élections européennes, Le Vif propose une série d’articles sur leurs enjeux. Le troisième épisode est consacré à l’Europe de la défense. Aux partis belges francophones, a été posée cette question: «L’Union européenne doit-elle devenir un acteur de la sécurité collective européenne, et favoriser en son sein une Europe de la défense?»
Attitude belliqueuse de la Russie oblige, tous sont attachés à la sécurité collective européenne. Mais leur vision pour l’atteindre diverge sensiblement. Globalement, le PS, le MR, Les Engagés et DéFi défendent l’idée de la constitution d’une Europe de la défense. Ecolo et le PTB privilégient la diplomatie comme moyen pour bâtir la paix.
Une véritable Europe de la défense» (PS), «un instrument militaire robuste, efficace, et dissuasif» (MR), «une défense européenne intégrée» (Les Engagés): les socialistes, les libéraux et les centristes se rejoignent pour réclamer une renforcement de l’Europe de la défense, qu’ils inscrivent de surcroît dans le cadre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan). Au rang des propositions spécifiques et originales, Les Engagés prônent la création d’un poste de «Chef de la défense de l’Union européenne». Le MR réclame la création d’un «Schengen militaire» afin «de faciliter les transports de troupes et de matériel au sein de l’Union, actuellement freinés par une multitude de formalités administratives». Et Elio Di Rupo, tête de liste PS, plaide pour «une cohérence et une compatibilité des investissements dans les différents domaines de la défense au sein des pays européens»: «Aujourd’hui, 80% des dépenses en matière militaire vont en dehors de l’Europe. Ce n’est pas normal alors que nous avons des entreprises, des fleurons, à l’intérieur de nos frontières, en Europe, en Belgique et en Wallonie».
«Une défense européenne est un des piliers d’une future Europe politique. L’Europe ne sera forte que si elle affirme sa souveraineté, c’est-à-dire si elle est à même de se protéger seule, avance dans le même ordre d’idée DéFi. Il doit s’agir d’une prise de position forte, accompagnée d’une participation effective au développement d’une industrie européenne de la défense.»
S’il admet qu’il faut développer «une capacité de défense autonome», le parti Ecolo insiste surtout sur le renforcement de la capacité diplomatique de l’Union européenne. Dans le domaine strictement militaire, Saskia Bricmont, sa tête de liste, prône «une meilleure coordination entre les Etats membres» et «une rationalisation des dépenses». «La Commission européenne elle-même a conclu que les Etats membres perdaient entre 25 et 100 milliards d’euros par an en raison de doublons de projets et autres inefficacités. Avant d’augmenter les budgets, il faut donc surtout les rationaliser.» Cette nécessité est aussi avancée par le PTB. Il soutient «une coopération européenne qui viserait à rationaliser les dépenses militaires, plutôt qu’à les augmenter dans une course aux armements». «Les partisans d’une Europe de la défense disent que coopérer au niveau européen permettrait de dépenser moins. Pourtant, aujourd’hui, les programmes européens en matière de défense ne font qu’augmenter les dépenses militaires. C’est un contresens. D’autant que les dépenses militaires des pays européens dépassent déjà de loin celles de la Russie et de l’Inde», explique le PTB qui, comme Ecolo, met avant tout l’accent sur la diplomatie.
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