Elections en Italie: Quelles sont les forces en présence, quel est leur programme?
Une coalition droite/extrême droite en tête des sondages mais hétéroclite, un parti populiste fort mais pas assez pour gouverner seul, une coalition de centre gauche en perte de vitesse et des frondeurs: voici les forces en présence et leurs propositions pour les élections législatives de dimanche en Italie.
La coalition droite/extrême droite
Elle rassemble principalement Forza Italia de Silvio Berlusconi (FI, centre droit), la Ligue de Matteo Salvini (extrême droite) et Fratelli d’Italia (FdI, extrême droite).
– Fiscalité: institution d’un impôt sur le revenu uniforme (flat tax), évalué à 23% par M. Berlusconi mais à 15% par M. Salvini.
– Aides aux investissements pour favoriser l’emploi et renégociation des engagements européens.
– Immigration: blocage des arrivées et rapatriement de centaines de milliers de clandestins.
– Retour sur la réforme des retraites, que M. Salvini souhaite radical mais sur lequel M. Berlusconi freine tout en promettant des pensions minimum de 1.000 euros.
– Mesures pour relancer la natalité et accompagner les familles.
Les différents candidats ont aussi lancé d’autres idées: déductions fiscales pour les propriétaires d’animaux domestiques (FI), régularisation des constructions abusives (FI), abolition du plafond pour les règlements en espèces (FdI)…
Le Mouvement 5 étoiles
Le parti créé par Beppe Grillo en 2009 en rejet de la vieille classe politique propose un programme en 20 points « pour la qualité de la vie des Italiens », dont l’Europe est absente après l’abandon de l’idée d’un référendum sur une sortie de l’euro.
– Instauration d’un revenu universel mensuel.
– Baisse de l’impôt sur le revenu.
– Augmentation des retraites et révision des conditions de départ.
– Investissement dans les nouvelles technologies et choc de simplification administratif pour les entreprises.
– Sécurité: 10.000 embauches dans les forces de l’ordre et construction de prisons.
– Immigration: traités bilatéraux pour rapatrier les clandestins.
– Natalité: remboursement des coûts de garde des enfants et des couches.
La coalition de centre gauche
Elle est constituée du Parti démocrate (PD, au pouvoir) de Matteo Renzi et de deux petites formations centristes et des radicaux d’Emma Bonino.
– Réduction d’impôts et taxes pour les entreprises, les familles et les plus démunis.
– Introduction d’un salaire minimum garanti.
– Réaffirmation du credo européen avec appel à la création d' »Etats-Unis d’Europe ».
– Immigration: répartition des migrants au sein de l’UE.
– Programme d’investissements dans les infrastructures, l’internet à très haut débit, la recherche et la formation.
– Poursuite du credo antiterroriste de M. Renzi: « Pour chaque euro investi dans la sécurité, un euro investi dans la culture ».
La gauche frondeuse
Plusieurs mouvements de gauche et frondeurs du PD sont réunis sous la bannière de Liberi e uguali (Libres et égaux) du président sortant du Sénat, l’ancien magistrat antimafia Pietro Grasso.
– Priorité à l’instruction et à la recherche.
– New Deal Vert pour relancer l’économie à travers une reconversion écologique.
– Retour sur la réforme du marché du travail et freins à l' »uberisation ».
– Réforme fiscale pour limiter la pression sur les revenus du travail.
– Extension du revenu d’insertion.
– Mariage et adoption pour tous.
Le casse-tête du nouveau système électoral
Les Italiens vont inaugurer dimanche une nouvelle loi électorale, un système compliqué qui mêle scrutins proportionnel et majoritaire sans aucune garantie d’aboutir à une majorité stable dans les deux chambres du Parlement.
A la Chambre des députés comme au Sénat, un bon tiers des siège sont attribués au scrutin uninominal à un tour: le candidat obtenant le plus de voix dans sa circonscription est élu. Les autres sièges sont répartis à la proportionnelle au sein des listes présentées par les partis ou les coalitions dans des circonscriptions élargies.
Ce système complexe favorise les formations enracinées sur le territoire, mais il risque de ne pas départager les trois pôles majeurs qui s’affrontent (coalition droite/extrême droite, populistes du Mouvement 5 étoiles et coalition de centre gauche).
Selon le professeur Roberto D’Alimonte de l’université Luiss, considéré comme l’un des principaux experts du pays en systèmes électoraux, le seuil minimum pour qu’un parti ou une coalition obtienne la majorité de 318 sièges sur 630 à la Chambre des députés est de 40% des voix dans les collèges à la proportionnelle et de 70% des sièges au scrutin uninominal.
Au Sénat, pour obtenir 158 sièges sur 315, il faut gagner 50% des voix dans les deux types de collège, selon l’expert.
Dans le système politique italien, les deux chambres du Parlement ont la même importance, votent toutes les deux la confiance au gouvernement et adoptent les lois avec les mêmes pouvoirs. Seule leur composition et leur mode d’élection diffèrent.
Pour avoir des députés, un parti doit obtenir au moins 3% des voix tandis qu’une coalition doit obtenir au moins 10% des voix. Les voix des partis n’arrivant pas à 1% des votes ne sont pas prises en compte, même si ces derniers font partie d’une coalition.
Ces seuils s’appliquent également au Sénat, sauf que pour la chambre haute, une liste atteignant 20% des votes dans une seule des 20 régions du pays peut prétendre à des élus, quel que soit son résultat au niveau national.
Autre particularité pour le Sénat: il faut avoir 25 ans pour voter et 40 ans pour être candidat.
Un candidat peut se présenter dans un seul collège uninominal mais il peut être en même temps présent sur les listes de cinq circonscriptions pour la partie proportionnelle. Une disposition destinée essentiellement à garantir l’élection des responsables de partis et de leur entourage proche.
Cette réforme électorale est la troisième depuis la chute de la démocratie chrétienne au début des années 1990, sans compter les tentatives avortées, dans un pays qui voudrait échapper à l’instabilité mais nourrit une méfiance viscérale envers tout homme fort.
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