Michelle et Barack Obama, Hillary, Chelsea et Bill Clinton © Reuters

Donald Trump se heurte à la résistance des latinos et des femmes

Rudi Rotthier Journaliste Knack.be

À quelques heures du verdict des urnes, le candidat présidentiel républicain Donald Trump continue à poser problème à sa rivale Hillary Clinton. Soudain, il s’est mis à faire campagne dans des états démocratiques. Cependant, pour lui aussi les problèmes s’accumulent.

Ces derniers jours, Donald Trump a décidé de miser sur les états considérés comme démocrates, à savoir le Minnesota, le Colorado et surtout le Michigan.

Les sondages réalisés dans le Colorado et le Michigan se sont tout à coup resserrés, et particulièrement au Michigan, où il n’est pas certain que les électeurs noirs de Detroit seront suffisamment nombreux à aller voter, pour compenser les ouvriers blancs licenciés qui choisiront Trump.

Il y avait probablement une part de désespoir dans l’offensive tardive de Trump, ainsi que le calcul suivant : le Michigan est un état où il n’y a pas beaucoup de possibilités de voter à l’avance et un meeting peut donc encore jouer un rôle déterminant. Trump a en tout cas réussi à perturber les déplacements de Clinton qui s’est hâtée d’organiser quelques meetings dans le Michigan, et son meilleur remplaçant, le président actuel Barack Obama, a été envoyé au Michigan.

« Le bon côté de l’histoire »

Aux derniers meetings, les deux candidats sont apparus très fatigués. Donald Trump, qui avait lu son prompteur pendant une semaine, a recommencé à passer du coq à l’âne dans ses discours, parfois sans cohérence, citant des sondages positifs que personne ne pouvait situer. Pour son dernier grand événement en Philadelphie, devant l’Independance Hall où l’indépendance du pays a été proclamée en juillet 1776, Hillary Clinton a bénéficié du soutien de Barack et Michelle Obama, Bill et Chelsea Clinton, et Jon Bon Jovi et Bruce Springsteen. Selon les estimations, 40 000 personnes ont assisté au meeting.

Entre deux chansons, Springsteen, resté étonnamment à l’écart jusqu’ici, a expliqué pourquoi il faut choisir Hillary Clinton. « C’est on ne peut plus clair. La candidature d’Hillary est basée sur l’intelligence, l’expérience, la préparation et une vision d’une Amérique dans laquelle chacun compte. Cette vision est essentielle, et nous devons la maintenir, quelle que soit la difficulté. » Trump, par contre, a-t-il poursuivi, « est un homme dont la vision est limitée à pas grand-chose de plus que lui-même. Faisons tous notre boulot de sorte que nous puissions regarder en arrière et dire qu’avec Hillary Clinton nous avons choisi le bon côté de ‘histoire ».

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Après la Philadelphie, Hillary s’est rendue en Caroline du Nord, un état très disputé, accompagnée de son époux, sa fille, Jon Bon Jovi et Lady Gaga, pour un meeting à Raleigh.

Trump a terminé son marathon de meetings dans le New Hampshire et le Michigan.

Sondages défavorables

En moyenne, les derniers sondages ne sont pas tendres pour Trump. D’après la moyenne de RealClearPolitics, il a un retard de 3% par rapport à Clinton. Et le nombre d’états qu’il doit remporter est important. Hillary peut perdre des états à volonté alors que Trump doit remporter tous les états contestés. S’il perd en Floride par exemple, où il a 0,2% d’avance d’après la moyenne de RealClearPolitics, il peut oublier la victoire.

Son moment est passé, et un état comme la Pennsylvanie reste très difficile pour lui. Si, comme prévu, il perd en Pennsylvanie, il doit non seulement compléter la série et gagner en Floride, en Caroline du Nord et en Ohio, mais aussi trouver des électeurs ailleurs pour battre Hillary Clinton, par exemple dans le Michigan, le Wisconsin, le Colorado, le Nevada et/ou le New Hampshire.

Ces derniers jours, il s’est avéré, en partie dans les sondages, en partie dans les données sur les voix émises à l’avance, que les hispanophones sont nombreux à voter. D’après certaines estimations, plus de latinos ont déjà voté en Floride qu’au total en 2012. Et si on compte uniquement les voix anticipées, il y en a presque deux fois plus qu’en 2008. Clinton attire moins d’électeurs jeunes et noirs qu’Obama (qui a remporté la Floride de justesse aux dépens de Mitt Romney), mais les hispanophones aideront Hillary Clinton – même si les voix latinos en Floride sont divisées : les hispanophones plus âgés d’origine cubaine votent généralement républicain. La part d’électeurs hispanophones en Floride augmenterait de 12 à 14-16% du total, ce qui est une conséquence du glissement démographique, mais surtout de l’inscription massive des électeurs latinos.

« Un mur d’électeurs » contre Trump

Au Nevada, l’état des villes du jeu Las Vegas et Reno, l’affluence inédite de latinos joue tout à fait à l’avantage de Clinton. Là-bas, les voix latinos et les syndicats ont rapporté une petite avance de 73 000 voix à Clinton, un écart peut-être difficile à combler dans un petit état.

Yvanna Cancela, la responsable politique du syndicat majoritairement hispanophone du personnel de cuisine, a décrit la longue file d’électeurs sur Twitter : « On dirait bien que Trump aura son mur : un mur de beaux électeurs ».

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Il est clair que la mobilisation d’électeurs hispanophones est provoquée par les déclarations anti-mexicaines de Trump.

Il y a deux autres facteurs en jeu. Les républicains ont toujours eu un déficit de femmes, mais cette fois il semble plus grand que jamais. Les femmes blanches diplômées de l’enseignement supérieur, dont la majorité a voté Mitt Romney aux élections précédentes, ne veulent pas de Trump. Les sondages révèlent que Clinton mène à 53% auprès des femmes contre 38% pour Trump. En 2012, Obama avait une avance de 12% auprès des électrices.

L’écart de niveau de qualification est également surprenant. Traditionnellement, les démocrates n’obtiennent pas de majorité d’électeurs blancs, et cette fois non plus, mais là où un sondage de NBC et Wall Street Journal révèle que Trump remporte 60% des voix des Blancs peu qualifiés (contre 30% pour Clinton), il constate qu’il est à la traîne auprès des électeurs blancs diplômés. Dans ce groupe, Clinton mène à 51% contre 41.

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