Avec Trump, les milliardaires Linda McMahon et Elon Musk a Mar-a-Lago le 14 novembre. © Getty Images

Donald Trump: il y aura au moins 13 milliardaires dans son exécutif

Thierry Denoël
Thierry Denoël Journaliste au Vif

La prochaine administration Trump sera la plus fortunée de l’histoire américaine. Le patrimoine total de ses responsables dépasse les 450 milliards de dollars. Avec de nombreux potentiels conflits d’intérêts en vue…

Trump aime s’entourer de gens qui viennent du même milieu que lui: des milliardaires. Sans compter Elon Musk qui est hors concours avec sa fortune de 431 milliards, le cabinet du prochain locataire de la Maison blanche devrait valoir plus de 20 milliards de dollars, selon Forbes. Le seul cabinet avec lequel il rivalise est celui que Trump avait réuni, en 2016, lors de son premier mandat, dont la valeur totale ne dépassait pas quatre milliards. Par comparaison, la valeur du cabinet de Joe Biden se compte en dizaines de millions. Si on ajoute la fortune des ambassadeurs déjà choisis par le 47e président des Etats-Unis, le total approche des 30 milliards. Du jamais-vu. Et c’est sans compter la fortune personnelle de Trump, évaluée à plus de six milliards.

Parmi ces gros patrimoines, il y a Linda McMahon, future ministre de l’Education et magnat du catch. Avec son mari, elle est à la tête de la WWE (World Wrestling Entertainment), la plus grande société mondiale de divertissement de catch valant plus de 3 milliards de dollars. Le couple s’est séparé fin novembre dernier. On ne sait pas combien valent ses parts dans l’entreprise, mais ce doit être conséquent. Autre belle fortune (1,5 milliard, selon Forbes): celle de Howard Lutnick, qui sera secrétaire au Commerce et qui possède 60% de la société de services financiers Cantor Fitzgerald. Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, est lui aussi un milliardaire, mais sa fortune n’est pas connue. Ce dirigeant de hedge fund, plutôt respecté à Wall Street, a multiplié les paris gagnants, comme la dévaluation de la livre sterling en 1992 ou la restructuration de la dette argentine.

Côté diplomatie, les mégariches se bousculent également au portillon. A commencer par Charles Kushner, dont le fils est marié à Ivanka Trump, la fille de Donald, et qui sera ambassadeur en France. Ce sulfureux promoteur immobilier, à la tête d’un magot de près de deux milliards, a été condamné à deux ans de prison en 2005 dans un dossier de scandale sordide. Ce pedigree ne l’empêchera pas d’accéder à l’un des postes internationaux les plus convoités. Le futur ambassadeur au Royaume-Uni, Warren Stephens, est aussi financièrement à l’aise, avec une fortune de 3,4 milliards. Ce banquier est l’un des donateurs majeurs de Trump. Le voilà bien récompensé.

Le plus puissant financièrement est évidemment le patron de Tesla et SpaceX. Elon Musk est missionné, avec un autre milliardaire et généreux contributeur de la campagne du candidat républicain, pour diriger le Département de l’efficacité gouvernementale et nettoyer au karcher la bureaucratie de Washington: Vivek Ramaswamy, fils d’immigrés indiens, entrepreneur en biotech, est l’un des plus jeunes milliardaires du pays. Dans le Wall Street Journal du 20 novembre, le duo de choc déclarait vouloir s’attaquer «à la bureaucratie enkystée et en croissance constante, que les politiques ont encouragée depuis trop longtemps». Et d’ajouter: «C’est pour cela que nous allons le faire différemment. Nous sommes des entrepreneurs, pas des politiques

L’argument «entrepreneurial» ou celui du «self made man» fonctionne bien aux Etats-Unis. Surtout dans cette large frange de la population persuadée de l’existence de l’Etat profond, une expression souvent utilisée par Trump pour désigner «l’Etat dans l’Etat» qui tirerait les ficelles de toutes les décisions. C’est pour cette raison qu’un gouvernement de milliardaires choquera beaucoup moins de ce côté de l’Atlantique qu’en Europe. Trump se targue même de la quasi absence de professionnels de la politique dans sa future équipe, auxquels il a préféré des hommes d’affaires qui ont la réputation d’avoir réussi. Tout cela confirme la mort du parti républicain d’hier au profit du parti MAGA (Make America Great Again) de Trump. Une exception: le sénateur Marc Rubio, qui sera le chef de la diplomatie américaine, est issu du sérail traditionnel.

Il n’est pas inhabituel que des ministres et ambassadeurs américains soient des entrepreneurs qui ont connu une carrière dans le monde des affaires. Mais, ici, leur nombre surprend. Ce qui pousse certains médias, comme ABC News, à déjà soulever des inquiétudes quant à d’éventuels conflits d’intérêts, même si la législation fédérale des Etats-Unis est très stricte sur le sujet. Les membres du gouvernement doivent divulguer toutes les informations utiles sur leurs avoirs financiers. On ne sait pas encore si Musk et Ramaswamy seront soumis aux mêmes exigences, leurs postes étant décrits comme «extérieurs» au gouvernement, alors que leurs décisions pourront avoir un impact majeur sur le fonctionnement de l’Etat fédéral.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire