Le président Donald Trump signe une série de décrets à son arrivée à la Maison blanche Photo by Jim Lo Scalzo/Pool/ABACAPRESS.COM

Immigration, retrait de l’OMS, peine de mort… Voici les premiers décrets chocs pris par Donald Trump après son investiture

Etat d’urgence à la frontière avec le Mexique et « millions » d’expulsions promises, retrait de l’accord de Paris sur le climat, grâces pour des centaines d’assaillants du Capitole… A peine installé à la Maison Blanche, Donald Trump a signé une série de décrets.

Le 47e président des Etats-Unis, qui a prêté serment depuis quelques heures, s’est rendu au bureau ovale de la Maison blanche. A peine investi président des Etats-Unis, Donald Trump a signé une pluie de décrets lundi pour son retour au pouvoir. Une partie de ces mesures spectaculaires risque néanmoins d’être difficile à mettre en oeuvre et promet de vives contestations devant les tribunaux. Certaines semblent même violer la constitution américaine.

Offensive anti-immigration

Promise, la vaste offensive anti-immigration de Donald Trump a pris forme dès son discours d’investiture à la mi-journée. « Toutes les entrées illégales seront immédiatement stoppées et nous commencerons à renvoyer des millions et des millions d’étrangers criminels là d’où ils viennent », a martelé le président républicain. « Je vais envoyer des troupes à la frontière sud pour repousser l’invasion désastreuse de notre pays. »

Dans la soirée, il a signé depuis la Maison Blanche le décret déclarant l’état d’urgence à la frontière avec le Mexique. Donald Trump compte aussi s’attaquer au droit d’asile et au droit du sol. Premier effet concret dès lundi: la plateforme de demandes d’asile lancée par l’administration Biden a cessé de fonctionner. « Les rendez-vous existants ont été annulés », indique le service sur son site internet.

Un nouveau décret place des gangs criminels mexicains sur la liste des organisations terroristes. Cette mesure donne à la justice américaine plus de liberté pour lutter contre les organisations criminelles mexicaines.

Retraits de l’accord de Paris sur le climat et de l’OMS

Le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris est en marche: Donald Trump l’a mis en scène en en faisant un de ses premiers décrets signés, sur un bureau installé sur la scène même de la grande salle de Washington dans laquelle quelque 20.000 de ses partisans étaient réunis. Cette mesure, venant du deuxième pollueur mondial derrière la Chine, met en péril les efforts mondiaux face au dérèglement climatique. Elle devrait être effective dans un an. Les Etats-Unis avaient déjà quitté brièvement l’accord international sous le premier mandat du milliardaire américain, avant que Joe Biden n’acte leur retour.

Donald Trump, notoirement climatosceptique, a également signé un décret déclarant un « état d’urgence énergétique » pour doper la production d’hydrocarbures aux Etats-Unis. « Nous allons forer à tout-va », a-t-il répété, une formule devenue un de ses slogans de campagne (« We will drill, baby, drill »).

Autre décret surprise: le retrait des Etats-Unis de l’Organisation mondiale de la santé. « L’OMS nous a escroqués », a accusé le républicain en signant ce décret, quelques heures seulement après avoir été investi, justifiant ce retrait par l’écart des contributions financières américaines et chinoises. Dans ce texte, il exhorte les agences fédérales à « suspendre le transfert futur de tout fonds, soutien ou ressource du gouvernement des Etats-Unis à l’OMS » et les enjoint d' »identifier des partenaires américains et internationaux crédibles » capables d' »assumer les activités précédemment entreprises par l’OMS ».

« Reprendre » le canal de Panama

« Nous allons reprendre » le canal de Panama, a lancé le nouveau président. Construit par les Etats-Unis, son contrôle a été transféré au Panama en 1999, après un accord conclu en 1977. « Un cadeau insensé », a fustigé Donald Trump. « L’objectif de notre accord et l’esprit de notre traité ont été totalement violés », a-t-il affirmé. « Les navires américains sont gravement surtaxés (…) Et surtout, la Chine exploite le canal de Panama, et nous ne l’avons pas donné à la Chine. »

« Le canal appartient et continuera d’appartenir au Panama », lui a répondu le président panaméen José Raul Mulino.

Sur l’autre sujet territorial du moment, le Groenland, dont il souhaite prendre le contrôle, le président américain s’est dit « sûr que le Danemark va se faire à l’idée » que les Etats-Unis en ont « besoin pour la sécurité internationale ».

Assaillants du Capitole graciés et retour de la peine de mort

Plus de 1.500 participants à l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021 graciés dès le retour au pouvoir de celui qui les avait chauffés à blanc en clamant que l’élection de Joe Biden avait été « truquée ». Pour les quatorze autres personnes condamnées, leur peine est commuée en période de prison déjà purgée. « Nous espérons qu’ils sortiront cette nuit », a déclaré Donald Trump. Les poursuites encore en cours contre quelques centaines de personnes sont également annulées.

Une « insulte au système judiciaire » américain », s’est insurgée l’ex-présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.

Parmi les nombreux décrets signés lundi soir, figure aussi un qui rétabli la peine de mort au niveau fédéral, rapportent le New York Times et le Washington Post. Le ministère de la Justice est assigné à exiger la peine de mort pour des crimes très graves, quand un fonctionnaire fédéral est tué ou quand l’accusé est une personne en séjour illégal aux USA

Droits de douane dès février

« Nous imposerons des droits de douane et des taxes aux pays étrangers pour enrichir nos citoyens », a promis le 47e président des Etats-Unis dans son discours d’investiture. Depuis le Bureau ovale dans la soirée, il a précisé en envisager « de l’ordre de 25% sur le Mexique et le Canada ». A partir de quand? « Le 1er février », a-t-il estimé.

Les plus proches voisins des Etats-Unis sont pourtant théoriquement protégés par un accord de libre-échange signé durant son premier mandat.

Levée des sanctions à l’égard de colons israéliens de Cisjordanie

Trump a révoqué lundi un décret de son prédécesseur Joe Biden qui avait permis de sanctionner des colons israéliens accusés de violences contre des Palestiniens en Cisjordanie occupée. Le président républicain a annulé le texte pris en février 2024, et qui avait été le préalable à des sanctions financières visant plusieurs colons.

Le nouveau président américain a aussi commenté qu’il n’était « pas sûr » que la trêve à Gaza conclue entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas tienne.

Côté international encore, Trump est revenu sur la décision de l’administration Biden de retirer Cuba de la liste noire des Etats soutenant le terrorisme, annoncée il y a quelques jours dans le cadre d’un accord en vue de la libération de prisonniers politiques, a indiqué la Maison Blanche. Le dirigeant républicain a pris un décret en ce sens peu après son investiture, selon la même source. Cuba a qualifié « d’acte d’arrogance et de mépris de la vérité » la réintroduction par Washington de l’île communiste sur la liste américaine des Etats soutenant le terrorisme, annoncée lundi par la Maison Blanche peu après l’investiture du président républicain Donald Trump.

Que deux sexes

« Mettre fin au délire transgenre » était un autre de ses engagements de campagne. « A partir d’aujourd’hui, la politique officielle du gouvernement des Etats-Unis sera de dire qu’il n’y a que deux sexes, masculin et féminin », définis à la naissance, a asséné lundi Donald Trump.

Visées également, les aides fédérales aux programmes soutenant la diversité.

Mission sauver Tiktok

L’application de la loi interdisant le réseau social TikTok aux Etats-Unis est suspendue pour 75 jours. Cette loi votée par le Congrès en 2024, et entrée en vigueur dimanche, impose à la maison mère de la plateforme de la vendre sous peine d’interdiction sur le territoire américain. Elle a entraîné l’inaccessibilité au réseau social durant quelques heures ce week-end. La loi prévoit de très lourdes amendes pour les fournisseurs d’internet et les boutiques d’application, jusqu’à 5.000 dollars par utilisateur pour ces dernières.

Ces sanctions seraient infligées par le ministère de la Justice, à qui Donald Trump a enjoint de ne pas intervenir durant deux mois et demi, le temps de « consulter (ses) conseillers », selon le texte du décret. Il entend aussi évaluer les risques que posent TikTok et son actionnaire chinois en matière de sécurité et « déterminer si les mesures déjà prises par TikTok sont suffisantes ».

Limogeage de quatre responsables

Le président américain Donald Trump a limogé tôt mardi quatre hauts responsables gouvernementaux nommés par son prédécesseur et a prévenu que plus de « mille autres » risquaient d’être également renvoyés, dans le premier message posté sur son réseau social Truth Social depuis son investiture.

« Mon bureau du personnel présidentiel est en train d’identifier activement et de destituer plus de mille personnes nommées par la précédente administration, qui ne sont pas alignées avec notre vision pour rendre sa grandeur à l’Amérique », affirme M. Trump sur la plateforme.

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