Des grillons derrière les « attaques acoustiques » contre les diplomates américains à Cuba?
Les « attaques acoustiques » dont des diplomates américains ont été victimes, selon Washington, sont « une manipulation » a affirmé lundi le ministre des Affaires étrangères cubain après une étude concluant à un son produit par des grillons.
Les autorités américaines affirment qu’au moins 24 personnes au sein de leur ambassade à La Havane ont souffert entre fin 2016 et août 2017 de migraines, nausées et légères lésions cérébrales, qu’elles pensent avoir été causées par des appareils acoustiques perfectionnés.
Les Etats-Unis ont retiré en réponse plus de la moitié de leur personnel diplomatique à Cuba, suspendu leurs activités consulaires à La Havane, et ordonné l’expulsion de 15 diplomates cubains du territoire américain, provoquant une crise diplomatique entre les deux pays.
Deux biologistes se sont penchés sur un enregistrement d’un bourdonnement censé faire partie de ces attaques acoustiques et ont conclu que le bruit en question correspondait au chant d’accouplement du grillon à queue courte de De Geer, présent dans les Caraïbes.
« La manipulation des soit-disant incidents de santé des diplomates américains continue », a affirmé mardi soir le ministre des Affaires étrangères cubain, Bruno Rodriguez, à la télévision d’Etat.
Si le gouvernement de Donald Trump « possède une seule preuve, un seul argument qui lui permette d’affirmer qu’il s’agit (…) d’un fait délibéré de quelconque nature, qu’il présente des preuves », a ajouté M. Rodriguez, soutenant qu’il s’agit d’un « prétexte pour affecter encore plus les relations bilatérales ».
Rendue publique la semaine dernière, cette étude de deux biologistes n’a pas encore été publiée dans une revue scientifique, ni évaluée par des pairs. Elle ne s’intéressait pas directement à la cause des problèmes de santé rencontrés par les diplomates, et les chercheurs n’excluent pas l’éventualité d’attaques acoustiques par ailleurs.
« Bien que déroutants, les sons mystérieux à Cuba ne sont pas physiquement dangereux et ne constituent pas une attaque acoustique », avance l’étude d’Alexander Stubbs, doctorant à l’université de Berkeley en Californie, et de Fernando Montealegre-Zapata, enseignant en biologie sensorielle à l’université de Lincoln, en Grande-Bretagne.
Les deux chercheurs ont étudié un enregistrement réalisé par un employé du gouvernement américain, envoyé à l’US Navy et diffusé ensuite par l’agence Associated Press, et l’ont comparé à une base de données de l’université de Floride.
Le chant du grillon à queue courte de De Geer –dont le rythme des battements d’ailes compte parmi les plus élevés de l’espèce– correspond à l’enregistrement en termes « de durée, de fréquence de répétition des battements, du spectre de puissance, du taux de stabilité des battements et d’oscillations par battement », indique l’étude.
Ses auteurs font le parallèle avec le mystère de la « pluie jaune » lors de la Guerre froide. Les Etats-Unis avaient accusé en 1981 l’Union soviétique de mener des attaques chimiques en Asie du Sud-Est, alors que des chercheurs ont conclu que ces « pluies » étaient en fait des excréments d’abeilles.
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