Darya Safai: « Le voile relègue le sexe féminin au second rang »
Le 26 janvier 2017, Knack publiait une opinion de l’activiste belgo-iranienne Darya Safai intitulée : « Women’s March : Comment lutter contre la discrimination avec le symbole d’une autre discrimination ? ». Elle revient sur l’impact qu’a eu son opinion à l’époque. Pour Safai, personne ne porte le voile de son plein gré.
Pourquoi aviez-vous pris la plume?
Pour réagir au fait que l’on avait bombardé à la tête de la Woman’s March, qui dénonçait le sexisme du président Trump, une jeune femme portant le drapeau américain en voile.
Cela vous a fait penser au lendemain de la Révolution iranienne.
Après cette révolution, l’ayatollah Khomeini s’est mis à parler du voile obligatoire. Des milliers de personnes sont descendues dans la rue. Cependant, les féministes d’extrême gauche trouvaient que nous devions lutter contre l’impérialisme et le capitalisme, non contre le voile obligatoire et la sharia qui va avec. Aujourd’hui, on voit la même chose : on manifeste contre le sexisme, le populisme et la discrimination, ce qui est certainement positif, mais le symbole devient le voile misogyne. Je suis tombée de ma chaise quand j’ai vu que Linda Sarsour était l’une des organisatrices de la Women’s March : c’est une suiveuse convaincue de la sharia – ce qui signifie que les filles sont mûres pour le mariage à neuf ans, et que les femmes adultères peuvent être lapidées.
Mais on peut mettre un voile de son plein gré?
Aucun enfant ne naît en éprouvant le besoin de mettre un voile, ce besoin découle de l’éducation, de l’endoctrinement et de la pression sociale. À Anvers, je vois suffisamment de femmes rejetées par leur famille si elles ne veulent pas porter de voile.
Dans la société occidentale, nous avons vu augmenter fortement le nombre de voiles parce que nous n’étions pas assez critiques vis-à-vis de sa philosophie qui ne reconnaît aucune liberté et égalité pour les femmes. Le voile n’est pas un accessoire innocent, le voile relègue le sexe féminin au second rang. Nous ne pouvons jamais tomber dans le relativisme culturel. Dans certaines cultures, les mutilations génitales font aussi partie de la culture, mais nous désapprouvons cette pratique, non ?
Avez-vous le sentiment que votre opinion a eu un impact important ?
Tous les jours, je reçois encore des e-mails et des messages sur les réseaux sociaux. Même depuis la communauté musulmane, je reçois beaucoup de réactions positives : des gens qui me racontent à quel point il est important que je m’élève contre cette discrimination, parce que souvent ils ne peuvent ou n’osent le faire ouvertement.
En octobre, on a appris que vous aviez eu des entretiens avec la N-VA. Vous présenterez-vous aux élections de 2018 ?
Je n’exclus pas d’entrer un jour en politique, si cela peut me permettre de faire davantage pour les droits des femmes. En soi, je n’ai pas d’ambitions politiques, mais je veux tout donner pour plus d’égalité entre les hommes et les femmes, et pour une société harmonieuse.
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