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Dans les pas de Fallou Diop, « l’oiseau qui tue le lion » (reportage)
Au Sénégal, les courses hippiques sont aussi populaires que le foot et les jockeys se professionnalisent dès l’enfance. A 19 ans, Fallou Diop enchaîne les victoires et incite la jeunesse à rêver plus haut.
Plus le jockey est léger, plus la monture gagne en vitesse. Grâce à son gabarit avantageux (1 m 50 pour 37 kilos) et à son talent, Fallou Diop peut monter toutes les catégories de chevaux. Adama Bao, un puissant homme d’affaires propriétaire des écuries Lambafar où s’entraîne le jeune homme de 19 ans, lui doit son trophée le plus prestigieux: celui du Grand Prix du chef de l’Etat, en 2019. « On attendait ça depuis quatre-vingts ans! », s’exclame le riche Sénégalais. Depuis, Fallou est surnommé Pitieu bon raye gaïndé, « l’oiseau qui tue le lion » en wolof. Il devance d’excellents jockeys qui ont plus de vingt ans d’expérience et est classé meilleur espoir masculin national dans sa discipline. Pourtant, rien ne prédestinait cet enfant issu d’un milieu défavorisé et ayant quitté l’école dès ses 12 ans à mener sa vie au grand galop. Désormais, dans un pays où le salaire mensuel moyen s’élève à 180 euros, il peut gagner jusqu’à 500 euros, voire plus, par course. Avec cet argent, il aide son père, agriculteur, qui a deux femmes et quinze enfants. Il paie la scolarité de ses frères et soeurs, a financé la construction d’un étage supplémentaire pour la maison familiale, et soutient ses voisins de Niaga, son village natal.
L’enfant prodige est toujours entouré d’une foule de fans qui admirent son parcours. Beaucoup rêvent de devenir jockey, même si peu y parviendront. Palefrenier, entraîneur, maréchal-ferrant: la filière équine offre toutefois un large choix de métiers aux jeunes Sénégalais, dans un pays où le chômage des 15-34 ans atteint 15%. Aujourd’hui, Fallou Diop continue de s’entraîner dans la banlieue de Dakar, aux abords du Lac rose. Il caresse le rêve de concourir un jour au Maroc et en France, où il espère suivre une formation en 2022.
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