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Couacs et fausses notes aux manoeuvres géantes de l’Otan

Le Vif

Dans un boucan assourdissant, l’hélico s’élève au-dessus du navire d’assaut amphibie, fait quelques boucles dans le fjord et revient se poser. Faux départ: tout le trafic aérien du secteur vient d’être cloué au sol à cause d’un appareil non identifié.

Équivoques, grève, pannes… Difficile de mettre en musique la communication autour de Trident Juncture 18, le plus vaste exercice militaire de l’Otan depuis la Guerre froide, qui réunit quelque 50.000 soldats, 65 navires et 250 aéronefs de 31 pays rassemblés en Norvège.

A quelques centaines de kilomètres de la frontière russo-norvégienne dans le Grand Nord, ces grandes manoeuvres visent à tester la capacité de l’Alliance atlantique à venir à la rescousse d’un de ses membres agressé par un autre État.

Rotor toujours allumé, le Seahawk de l’US Navy s’immobilise sur l’USS Iwo Jima, monstre flottant de 40.000 tonnes d’acier capable de projeter des centaines de Marines depuis la mer.

Mais les occupants de l’hélicoptère, eux, sont coincés à bord et trompent le froid en sautillant sur le pont d’envol dans leurs combinaisons de survie orange.

En espérant que l’intrus détecté par le contrôle aérien, qui paralyse tout le trafic civil comme militaire, sera rapidement identifié, chassé ou neutralisé.

Quelques minutes plus tard, signal est donné de rembarquer.

Et l’appareil non identifié? Son identité est en fait un peu gênante. « Il se trouve que c’était nous », confie un officier de bord du Seahawk dans un éclat de rire.

– Armada au milieu des saumons –

Ce n’est pas la première fausse note du jour malgré les quantités de courriels et de contacts préalables pour régler la partition.

Quelques heures plus tôt, le Seahawk a atterri dans la zone militaire de Vaernes, l’aéroport de Trondheim (ouest).

Couacs et fausses notes aux manoeuvres géantes de l'Otan
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Sa mission: convoyer une poignée de journalistes vers le navire de commandement USS Mount Whitney, centre névralgique de Trident Juncture. Mais, faute de liste préalable des passagers, interdiction d’embarquer.

Après d’interminables palabres, le feu vert est enfin accordé. Le gros hélico gris emporte son lot de reporters vers le large, suivant les méandres d’un fjord où manoeuvre une solide armada multinationale entre les cages géantes des fermes d’élevage de saumons.

Après une bonne heure de vol dans la carlingue étriquée, l’USS Mount Whitney est enfin en vue, entouré de nombreux chiens de garde.

Couacs et fausses notes aux manoeuvres géantes de l'Otan
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Plusieurs passes autour de la bête pour la filmer sous toutes les coutures, puis… demi-tour. Quid de la visite promise? Impossible, le bateau a « des problèmes de moteur », explique l’officier de bord.

Nouveau problème: le Seahawk n’a plus assez de kérosène pour rejoindre Vaernes. Il faut faire escale – et le plein – sur l’USS Iwo Jima, dont il s’avérera donc difficile de repartir.

– Foulard tête de mort –

A l’autre bout du téléphone, la bienveillante chargée de presse de l’Otan, Irina Novakova, est visiblement gênée.

« Navrée du chaos », écrit-elle. « Si cela vous réconforte, une cinquantaine de journalistes qui devaient venir sont coincés à Bruxelles à cause d’une grève à l’aéroport ».

Sur le pont du navire d’assaut, un « chien jaune », opérateur chargé de guider les opérations aériennes, masque son visage derrière un foulard tête de mort. Non pas parce que Halloween approche mais parce qu’il fait décidément déjà bien froid sous ces latitudes.

En contrebas, un véhicule de débarquement à coussin d’air sort des entrailles du bateau, sous la protection d’une corvette norvégienne aux lignes futuristes, pour aller déposer des troupes à terre dans un tourbillon d’écume.

La flotte américaine de navires amphibies participant à l’exercice a été amputée d’une de ses trois unités, l’USS Gunston Hall, dont les chalands de débarquement ont été endommagés par une mer démontée au large de l’Islande.

Venu saluer les journalistes, l’amiral américain Brad Skillman philosophe auprès de ses hôtes impromptus sur l’USS Iwo Jima: « C’est pour ça qu’on s’entraîne, pour éviter les imprévus le jour où les choses deviendront sérieuses ».

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