Carte blanche

COP29: l’Azerbaïdjan appelle les pays riches à contribuer davantage à l’effort de guerre climatique (carte blanche)

Pour le journaliste Alexander Seale, il ne faut pas redouter l’implication des pays pétroliers dans l’organisation des COP29 et 30. Il faudrait au contraire soutenir cette initiative pour mieux lutter contre le réchauffement climatique, ce qui passerait aussi par un meilleur soutien financier des pays riches.

«Nous appelons toutes les parties à accélérer et à dépasser leurs positions de négociations initiales», déclarait récemment Mukhtar Babayev, le Président de la future Cop29 dans sa première lettre officielle aux 200 pays qui participeront à la 29e Conférence climatique des Nations unies à Bakou du 11 au 22 novembre prochain. L’effort des pays riches en faveur des pays en développement est encore largement insuffisant à quatre mois de l’évènement.

En effet, le 11 novembre prochain s’ouvrira la COP29 dans la capitale de l’Azerbaïdjan. Après la COP28 qui s’est tenue aux Émirats arabes unis en décembre dernier, Bakou a été désigné comme hôte du sommet sur le climat en novembre prochain après des négociations difficiles.

Il n’y a plus de tabou à impliquer les pays producteurs d’hydrocarbures dans la longue marche de la lutte contre le réchauffement climatique. Avait-on le choix? D’autant que l’on sait déjà que la COP30 se tiendra en Amérique latine, au Brésil. Deux des plus importants producteurs de pétrole au monde donc. Pourquoi c’est une chance pour ces pays et pour nous? Selon les règles de l’ONU, c’était au tour de l’Europe de l’Est de prendre la présidence tournante, mais les groupes doivent décider à l’unanimité du pays hôte. La Russie avait bloqué les pays de l’UE, de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie qui bloquaient mutuellement les offres.

Les participants commençaient à s’inquiéter de savoir si un pays serait en mesure de réunir l’argent et les installations nécessaires pour accueillir une conférence d’une telle envergure. Mais l’Arménie a retiré sa candidature et a accepté de soutenir l’Azerbaïdjan. Les militants du climat réagissaient déjà à l’hiver dernier avec inquiétude à cette nouvelle. Car l’économie du pays du Caucase dépend considérablement des exportations de pétrole et de gaz. Tout comme les Emirats! L’Azerbaïdjan est un pays de 10 millions d’habitants situé à la frontière de l’Europe de l’Est et de l’Asie occidentale dépend économiquement des combustibles fossiles: la production de pétrole et de gaz a représenté près de la moitié du PIB de l’Azerbaïdjan et plus de 92,5 % de ses revenus d’exportation l’année dernière, selon l’Administration du commerce international du gouvernement américain. C’est justement une chance.

Dans un discours prononcé en décembre dernier à la COP28 à Dubaï, le ministre azerbaïdjanais de l’Écologie et des Ressources naturelles, Mukhtar Babayev, a déclaré que l’Azerbaïdjan était «pleinement engagé à contribuer aux efforts mondiaux» pour atténuer le changement climatique. Par ailleurs, il a ajouté que l’Azerbaïdjan avait pour objectif d’augmenter la part de l’électricité produite à partir de sources renouvelables à 30 % d’ici 2030.  

Babayev a également suggéré que l’Azerbaïdjan ferait des territoires en reconstruction une «zone neutre en carbone» d’ici 2050, faisant référence aux zones situées dans et autour du Haut-Karabakh. Il a suggéré que cela se ferait grâce au recours à l’agriculture durable, aux transports respectueux de l’environnement, aux villes intelligentes, aux villages intelligents et au reboisement.

Le pays dispose d’environ 2 500 milliards de mètres cubes de réserves de gaz naturel, selon le BP Statistical Review of World Energy 2021. Même si les émissions liées au réchauffement climatique liées à la combustion du gaz naturel sont inférieures à celles du charbon ou du pétrole, elles restent bien supérieures à celles des sources d’énergie vertes.

Les climatologues affirment que l’augmentation de la production de gaz naturel apparaît comme l’un des principaux moteurs du changement climatique et pourrait paralyser les efforts visant à limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels. Mais si l’on intègre pas les pays producteurs, comment pourrait-on régler cette question? C’est comme dans une négociation diplomatique : pour faire la paix, les deux parties doivent évidemment être présentes. Cela évitera à terme de continuer de présenter les producteurs comme les grands méchants loups, alors que ces pays-là produisent avant tout pour nous !

La candidature de l’Azerbaïdjan a reçu l’approbation de près de 200 pays, dont l’Arménie, adversaire de longue date, qui a récemment accepté les principes fondamentaux du traité de paix après des décennies de conflit. Par ailleurs, les membres de la COP28 ont aussi choisi l’hôte du sommet programmé en 2025: ce sera le Brésil pour la COP30. Le président Lula souhaite ainsi accueillir la conférence en Amazonie, une région particulièrement touchée par le changement climatique et la déforestation mettant en danger le poumon de la Terre.

Mais rien n’aboutira si les pays riches ne réhaussent pas leur participation financière dans des négociations entre très difficiles à mener, et qui permettraient alors à la COP29 de marquer une nouvelle étape dans la lutte contre le réchauffement. Comme si une fois encore, dans un contexte international très tendu, l’urgence écologique était passée à nouveau au second plan.

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