COP 27 et aide aux pays du sud : de maigres espoirs…
Le grand barnum climatique s’achève ce vendredi à Charm el-Cheik. La question cruciale des aides financières aux pays vulnérables, dont le fameux mécanisme de compensation « pertes et préjudices », est au centre des débats. Pour l’instant, le pessimisme prévaut.
Le constat est accablant. Sans aide conséquente, le sud de la planète est menacé de naufrage. Le G20, qui vient encore de réunir les 20 pays les plus riches de la planète à Bali, ne se montre pas à la hauteur de ce défi mondial. Le coût humain et financier de ses tergiversations se ressent loin de chez nous, au Nigéria, au Niger et au Tchad où des inondations provoquées par des pluies inouïes depuis cet été ont provoqué la mort de plus de 800 personnes, le déplacement de millions d’autres et la perte de centaines de milliers d’hectares agricoles. Idem à l’autre bout du continent africain, où le Mozambique, Madagascar, le Malawi, l’Afrique du sud déplorent plus de 900 morts suite aux cyclones très violents qui les ont frappés au début de l’année. Ces événements que les scientifiques du climat relient au dérèglement frappent durement des pays déjà souvent surendettés.
La nécessité de créer un fonds pour compenser les pertes et préjudices dus au réchauffement est indéniable. Elle est d’ailleurs inscrite dans l’accord de Paris sur le climat de 2015, mais sans la moindre décision jusqu’ici. Les pays vulnérables ont obtenu que ce mécanisme d’assurance soit, enfin, inséré dans l’agenda de la COP (la question avait été balayé l’an dernier, à Glasgow). Mais l’espoir de voir émerger un « machin » concret est mince, très mince. Les pays du sud ont exigé qu’un tel fonds soit au moins décidé dès cette année, même s’il faut du temps ensuite pour le mettre en place. Les pays industrialisés, historiquement responsables de l’état du climat, hésitent. Ils craignent qu’avec un tel mécanisme, ils doivent affronter des procès en cascade de la part des pays du sud. Ceux-ci répètent qu’il ne s’agit pas de responsabilité mais de solidarité. En vain. La confiance entre les deux parties du globe s’effrite de manière alarmante.
« Le retard de la justice climatique sera un déni de justice climatique », a lancé, à Charm el-Cheikh, la ministre pakistanaise Sherry Rehman, qui préside le groupe G77+Chine réunissant 135 pays en développement. Les négociations finales s’annoncent ardues, même si le G20 de Bali a demandé dans ses conclusions aux délégués de la COP 27 de « réaliser des progrès » sur les pertes et dommages, ce qui paraît timide mais constitue tout de même une première. L’Union européenne conditionne la mise en place du fonds de compensation à la place que la Chine devrait occuper du côté des financiers et non des bénéficiaires, même si elle s’est raccrochée au G77. Cela promet des discussions sans fin.
En attendant, des initiatives individuelles ont vu le jour en Egypte, notamment celle de la Belgique, de la Wallonie, de l’Ecosse, du Danemark : tous acceptent de mettre d’emblée la main à la poche. Mais cela ne représente, jusqu’ici, que quelques dizaines de millions d’euros. Un sparadrap sur une plaie gigantesque. Une goutte d’eau face aux inondations ravageuses subies par les pays vulnérables. Le fonds « pertes et préjudices » devrait, au mieux, être alimentés en dizaines de milliards de dollars. Rien qu’au Pakistan, la facture des inondations dévastatrices de cet été est de 46 milliards…
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