Un membre des forces spéciales afghanes porte un garçon blessé suite à une attaque suicide suivie d'un affrontement entre les forces gouvernementales et les insurgés. Attaque d'une mosquée chiite à Kaboul, en Afghanistan, 25 août 2017. © REUTERS

Conflit en Afghanistan : plus de 10 000 victimes civiles en 2017

Dans un rapport publié jeudi, la mission onusienne en Afghanistan dénombre plus de 10.000 civils morts ou blessés dans le conflit afghan en 2017.

Le conflit en Afghanistan a fait plus de 10.453 victimes civiles, dont 3.438 morts et 7.015 blessés en 2017, a indiqué la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA). Dans un rapport publié ce jeudi, elle relève qu’il s’agit de la quatrième année consécutive où le nombre de victimes civiles dépasse la barre symbolique des 10.000.

Ce triste décompte représente une diminution par rapport aux chiffres de 2016. Une réduction que la MANUA attribue au recul des affrontements directs entre insurgés et forces progouvernementales.

« Les chiffres effrayants de ce rapport fournissent des données crédibles sur l’impact de la guerre, mais ces statistiques ne peuvent à elles seules rendre compte des souffrances humaines effroyables infligées aux personnes ordinaires », déclare Tadamichi Yamamoto, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afghanistan et dirigeant de la MANUA.

Créée en 2002 à la demande du gouvernement afghan, la MANUA est une mission politique des Nations Unies qui veille à la protection des droits de l’Homme et des civils. Avec une présence permanente sur le terrain, la MANUA soutient le gouvernement et les citoyens d’Afghanistan dans le processus de paix et de stabilité du pays.

Les talibans, responsables de 42% des pertes civiles

Les deux tiers des victimes ont été tués ou blessés par les forces antigouvernementales (dont 42% par des talibans et 10% par des djihadistes du groupe État islamique, coupable également de 119 enlèvements).

Les forces progouvernementales sont quant à elles responsables d’un cinquième des victimes civiles. Parmi elles, la MANUA identifie 16% de victimes dues à l’action des troupes nationales et 2% à celles des forces internationales. Le rapport constate une réduction de 23% des pertes civiles attribuées aux acteurs progouvernementaux. Ainsi, il salue le gouvernement afghan pour la mise en oeuvre d’une politique de prévention des victimes civiles.

Hausse des frappes aériennes

La MANUA constate une augmentation des raids aériens menés par les forces afghanes et américaines. Ces frappes contre les positions des talibans et de l’EI font de nombreuses victimes (295 morts et 336 blessés en 2017), plus que l’année précédente. Le bilan est particulièrement lourd pour les femmes (+22%) et les enfants (+33%).

De manière générale, les femmes et les enfants sont fortement impactés par la violence du conflit. En 2017, 359 femmes ont été tuées et 865 blessées ; et 861 enfants sont décédés et 2 318 ont été blessés.

Les attentats, les attaques les plus meurtrières

Malgré une diminution globale du nombre de victimes civiles par rapport à 2016, le rapport souligne le nombre important de victimes dues aux attentats et autres attaques avec des engins explosifs. Les deux premières causes de décès liées au conflit.

D’après le rapport, les diverses formes d’attentats, dont les attaques suicides, ont fait 605 morts et 1.690 blessés en 2017 (+17% en un an). Ils sont désormais plus meurtriers que les combats terrestres (-19%).

Dernièrement, deux attaques explosives, revendiquées par les talibans, ont tué au mois de janvier au moins 101 personnes, et blessé au moins 161 autres.

« Les citoyens afghans sont tués pendant leurs activités quotidiennes, quand ils voyagent en bus, prient à la mosquée ou simplement parce qu’ils passent à côté du bâtiment visé », déplore le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein. « Le peuple afghan, année après année, continue de vivre dans l’insécurité et la peur. De telles attaques sont interdites par le droit humanitaire international et constituent, dans la plupart des cas, des crimes de guerre. Leurs auteurs doivent être identifiés et tenus responsables. »

L’ONU exhorte les parties à épargner les civils

Les Nations Unies exhortent les parties au conflit à épargner et à protéger les civils. Plus particulièrement, elles appellent les forces antigouvernementales à cesser de s’en prendre de manière ciblée aux civils et aux installations et biens civils. Ces attaques délibérées sont la cause de 27% des victimes civiles totale.

En outre, l’ONU appelle les acteurs du conflit à prendre des mesures vis-à-vis des résidus de guerre explosifs, qui ont provoqué 164 décès et 475 blessés en 2017. 81% de ces victimes sont des enfants. Beaucoup de ceux qui ont survécu ont perdu leurs membres ou leurs yeux, et souffrent de blessures sérieuses et de traumatisme psychologique.

Oriane Renette

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