Comprendre la démission de Liz Truss: mini-budget, mini-gouvernement
Quarante-quatre jours, et puis s’en va. Le mandat de la première ministre britannique laissera peu de trace. La faute à son aveuglement néo-libéral. N’est pas Margaret Thatcher qui veut.
Quarante-quatre jours, et puis s’en va. La dirigeante conservatrice Liz Truss restera dans l’histoire comme la plus éphémère première ministre du Royaume-Uni et comme celle qui aura pourtant présidé à l’adieu à la plus éternelle des reines, Elizabeth II. De son mandat, on gardera donc aussi le souvenir d’une faillite spectaculaire alors qu’elle avait été désignée en remplacement de Boris Johnson et portée au pouvoir le 6 septembre pour relancer la croissance au profit de l’économie britannique.
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Une semaine après les funérailles de la souveraine, le ministre des Finances du nouveau gouvernement britannique, Kwasi Kwarteng, présente un budget qui prévoit une baisse massives des impôts. Problème : ce “mini-budget” ne dit rien des mesures pour financer la baisse des recettes pour l’Etat. Les investisseurs expriment leur scepticisme; les marchés dévissent; la livre chute ; la banque d’Angleterre doit intervenir.
Pour une première ministre issue de l’aile droite du Parti conservateur et choisie pour son aptitude supposée à relancer le pays, le revers est désastreux. Un limogeage, celui de Kwasi Kwarteng, et un renoncement aux baisses d’impôts, annoncé par son successeur Jeremy Hunt, plus tard, Liz Truss a perdu durablement sa crédibilité. La démission d’un autre pilier de son gouvernement, la ministre de l’Intérieure Suella Braverman le mercredi 19 octobre, annonce le crépuscule de la troisième femme première ministre du Royaume-Uni. La tempête au sein du Parti conservateur est trop vive pour que Liz Truss puisse résister. La démission est actée ce jeudi 20 octobre.
Liz Truss, une démission après une tâche délicate
Dès le départ, la tâche de la cheffe du gouvernement était annoncée comme délicate, après les frasques de son prédécesseur conservateur Boris Johnson, et à deux ans seulement des élections législatives de 2024, occasion annoncée déjà à l’époque d’un possible retour au pouvoir du Parti travailliste. Par son obstination à développer un programme ultra-libéral en faveur des riches et des entreprises sans financement crédible dans un contexte international et économique chahuté, Liz Truss a précipité sa perte comme on a rarement pu le voir en politique. Il est d’ailleurs éloquent que ce soient les marchés qui, les premiers, l’aient sanctionnée. N’est pas Margaret Thatcher qui veut.
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Cette débâcle accroît un peu plus le désarroi au sein du Parti conservateur, davantage divisé aujourd’hui entre ses ailes du centre et de droite, et considérablement affaibli en vue de la prochaine échéance électorale. L’horizon est donc particulièrement sombre pour celui ou celle que les militants désigneront lors d’une primaire qui sera lancée la semaine prochaine. Ni Rishi Sunak, ministre des Finances de Boris Johnson et candidat défait par Liz Truss lors de l’élection interne d’août et septembre, ni Penny Mordaunt, la cheffe du groupe des Tories à la Chambre des communes arrivée troisième lors de l’avant-dernier tour du scrutin, ni Boris Johnson dans un improbable come-back, ni n’importe quel autre prétendant… : aucun ne remerciera Liz Truss s’il est appelé à rejoindre le 10 Downing street.
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