Comment l’EI améliore, peu à peu, son réseau terroriste
La première arrestation d’un terroriste de l’EI en Europe remonte au 3 janvier 2014 selon le New York Times qui revient sur les attaques de plus en plus sophistiquées du groupe.
Le 3 janvier 2014, la police grecque arrête un taxi à 7 kilomètres de la frontière turque. À l’intérieur, Ibrahim Boudina , un français de 23 ans. Il revenait de Syrie avec 1500 euros en poche et un document en français expliquant « comment faire des bombes au nom d’Allah. » Il n’était pas signalé, et les Grecs ne pouvaient pas faire grand-chose sans mandat international. Ils préviennent tout de même les Français qui tenaient déjà Boudina à l’oeil. Tout comme ses 21 compagnons qui avaient été radicalisés dans une mosquée de Cannes.
Quelques semaines plus tard, sa mère reçoit un appel de Syrie duquel il ressort que son fils aurait été investi d’une mission. Peu de temps après, le 11 février 2014, la police française arrêtera Boudina. On va retrouver chez lui 600 grammes de TATP, un explosif mieux connu sous le nom de mère de Satan, caché dans trois canettes de Red Bull.
Depuis, une vingtaine d’autres terroristes auraient rejoint l’Europe et, selon le Times, seraient tous francophones. Pour la plupart des Belges et des Français, mais aussi des personnes issues des anciennes colonies françaises du nord de l’Afrique.
Le musée juif
L’un d’eux est Mehdi Nemmouche, celui qui en 2014 ouvre le feu sur le Musée Juif à Bruxelles et tue quatre personnes. On retrouve chez lui un drapeau de l’EI, mais cette information ne sera alors pas confirmée, selon le Times, par le procureur Ine Van Wymersch qui nie dans un premier temps tout lien avec cette organisation et préfère parler d’un loup solitaire. « Il a sûrement agi seul » déclare-t-elle alors.
Selon un rapport de 55 pages que la police française a rédigé suite aux attentats de Paris, Nemmouche avait dans les semaines précédant les attentats eu une conversation de 24 minutes avec Abaaoud, le cerveau des attentats de Paris qui va mourir lors de l’opération à Saint-Denis. Selon des sources françaises, Abaaoud aurait été l’un des principaux recruteurs de l’EI en Europe. C’est aussi lui que l’on soupçonne d’être derrière les attaques manquées de la cellule de Verviers et dans le Thalys.
Une de ses recrues, toujours selon le Times, était Reda Hame. Il part en juin 2015 pour la Syrie. Hame avait suivi des études en technologie et avait acquis un savoir qui pouvait se révéler utile. Il fut donc promptement renvoyé en Europe, en ayant suivi une formation express d’une semaine et avec une clé USB qui contenait un CCleaner, un programme qui permet de nettoyer l’historique d’un ordinateur et un TrueCrypt, un programme qui permet de crypter les communications.
Il va jouer au touriste à Istanbul, ensuite en Tchéquie. Il va aussi rester à Amsterdam et à Bruxelles avant de rejoindre la France. Pays où il devait attaquer ce qu’on appelle une « soft target » non spécifié. Dans chacun de ses points de chute, il va acheter un GSM avec une carte prépayée et appeler le numéro turc de Abaaoud. L’idée était de faire sonner le téléphone dans le vide. De cette façon Abaaoud pouvait suivre la progression sans se faire repérer. Une recrue espagnole, qui fut envoyée sur les routes en même temps que Hame, est arrêtée et aurait balancé le nom de Reda Hame qui sera arrêté en août l’année dernière.
On constate que les méthodes utilisées pour ce voyage seront beaucoup plus sophistiquées que celles utilisées un an plus tôt par Ibrahim Boudina.
L’EI s’est aussi perfectionné dans un autre domaine. Boudina savait produire de l’explosif TATP, mais il était incapable de construire un déclencheur capable de faire exploser ses fameuses canettes de manière contrôlée. Pour les attentats de Paris, les terroristes maîtrisaient parfaitement cette technique.
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