Comment Hong Kong utilise ses sous-sols pour répondre à son manque criant d’espace
Avec 7 millions d’habitants pour à peine un peu plus de 1000 km2, le manque d’espace est un problème récurrent pour Hong Kong. Pour tenter de faire face à cette « pénurie », la région autonome a décidé de construire des cavernes dans ses sous-sols.
Le constat est clair : Hong Kong manque cruellement d’espace. Et le relief de la région autonome n’aide pas. 41% de la superficie totale de la région sont des réserves naturelles, où s’étendent de nombreuses collines très raides, rendant la construction extrêmement difficile, apprend-on dans un article de Wired.
Toutes les surfaces qui étaient disponibles ont été bâties. La densité de population atteint, elle, des sommets : 7804 habitants par kilomètre carré, contre 355 en Belgique.
Et pour ne rien arranger, le prix d’achat de biens immobiliers a battu des records au printemps dernier. Les habitants payent presque 1500 dollars par mètre carré, et le prix moyen d’une maison s’élève à 1,8 million de dollars.
Pour répondre à cette « crise », le gouvernement étudie la possibilité de construire d’autres habitations dans les zones rurales, mais cherche également une solution à plus long terme. Que faire?
Les ingénieurs du département d’ingénierie civile de la région ont trouvé une idée originale : exploiter l’espace disponible dans les sous-sols et construire de toutes nouvelles « cavernes ».
Mais l’idée n’est pas nouvelle. Depuis les années 1980 déjà, le gouvernement a l’idée d’exploiter ses sous-sols à des fins immobilières. Même dans ses zones accidentées. Mais il aura fallu attendre 2017 pour que les autorités lancent un plan de faisabilité.
Ils ont localisé avec précision 48 sites intéressants en sous-sol. D’autres études sont encore actuellement en cours. Preuve de sa solidité, le projet a été nommé meilleur concept d’innovation des sous-sols de l’année par une association spécialisée.
Les cavernes, nouveaux appartements prisés ?
Pas vraiment. Le gouvernement n’a tout de même l’intention de faire vivre une vie de chauve-souris à ses habitants. Les cavernes seraient plutôt destinées à accueillir des centres de données, des stations d’épuration ou encore des endroits de stockages. Même si ce n’est pas encore dans leurs priorités, les autorités souhaiteraient également y construire des parkings, des centres d’archives, des laboratoires, des installations sportives ou y stocker des réserves de gaz, de carburants ou de vins. Les cavernes pourraient abriter aussi des mausolées, des incinérateurs ou des crématoriums. Ils ont même pensé à y installer un abattoir.
Utiliser les tunnels pour gagner de l’espace est loin d’être une idée neuve. Les ingénieurs hongkongais citent notamment l’exemple de la Norvège et son « Gjovik Olympic Cavern Hall », un espace en sous-sol capable d’accueillir 5500 personnes, et qui comptent une piscine et des terrains de hockey, construit en 1975 et rénové en 1995.
Mais à Hong-Kong, il s’agit d’un projet d’encore plus grande échelle. C’est tout un programme pour réorganiser l’ensemble de l’espace public d’une région. Mais déplacer des endroits comme des parkings ou des centres de données en-dessous de la terre signifie forcément que de l’espace est libéré pour des habitations ou des commerces, et cela a l’avantage également d’atténuer les prix de l’immobilier.
À quel coût ?
Forcément, des travaux de cette envergure ne sont pas bon marché. Le gouvernement estime que l’excavation pourrait coûter entre 190 et 250 dollar par mètre cube. Un petit parking, d’environ 12 garages, devrait coûter pas moins de 7,3 millions de dollars. Cependant, les projets souterrains pourraient être une solution viable à long terme. « Les tunnels ont un grand avantage. Le coût de ces structures est propice à ceux qui pensent à long terme », explique Thom Neff, ingénieur civil et spécialiste en construction de tunnels. « Une fois que la structure est terminée, il n’y a plus rien à faire. C’est juste là, pour toujours. Pour n’importe quelle autre structure, vous devez l’entretenir ».
Pour l’instant, la date précise du lancement du projet est encore floue. Les plans d’une station de traitement des eaux sont déjà terminés, et sa construction devrait commencer en 2018 ou 2019. Les autres projets sont toujours à l’étude. S’ils sont approuvés, il faudrait tout de même attendre les plans détaillés et ensuite construire. « C’est clairement un processus très long, qui s’étend sur une décennie », conclut Mark Wallace, un ingénieur qui travaille avec les autorités hongkongaises.
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