Abid Tabaouni © Capture d'écran CNN

CNN: l’EI prévoyait d’autres attentats le 13 novembre, l’un des suspects a été arrêté en Belgique

Rudi Rotthier Journaliste Knack.be

Abid Tabaouni aura réussi à échapper à une première arrestation en décembre en Autriche, avant d’être arrêté en juillet en Belgique. Selon CNN, l’EI avait prévu d’autres attaques le 13 novembre. Et Tabaouni aurait été l’un des hommes chargés d’effectuer cette mission.

Le suspect clé marocain Abid Tabaouni, interpellé en juillet à Bruxelles, a été remis aux autorités autrichiennes au mois d’août, a indiqué le parquet fédéral belge à l’agence Belga. Selon CNN, Abid Tabaouni était recherché car il prévoyait, avec deux autres personnes – Adel Haddadi, un Algérien de 29 ans, et Muhammad Usman, un Pakistanais de 35 ans – de nouveaux attentats en Europe.

CNN se base sur près de « 90.000 documents », principalement en français, parmi lesquels on retrouve les interrogatoires de Haddadi et Usman. Usman était connu des autorités pakistanaises comme un spécialiste des explosifs et avait suivi un entraînement auprès du groupe terroriste Lashkar-e-Taiba. Les deux faisaient partie d’une équipe avec Ahmad al-Mohammad et Mohamad al-Mahmod, deux des kamikazes qui se sont fait exploser le 13 novembre près du stade de France, et dirigée depuis la Syrie par un certain Abu Ahmad.

CNN: l'EI prévoyait d'autres attentats le 13 novembre, l'un des suspects a été arrêté en Belgique
© Capture d’écran CNN

Haddadi, Usman et leurs deux complices quittent Raqqa six semaines avant les attentats de Paris pour rejoindre la côte turque où ils vont, comme des centaines de milliers d’autres réfugiés, embarquer sur un bateau avant d’être repêché sur la côte grecque. Ils passent sans problème les contrôles grecs et poursuivent leur chemin en Grèce. Ils seront cependant vite arrêtés par les autorités grecques qui découvrent qu’ils étaient en possession de faux papiers. La police confisque alors leur argent et les arrête selon CNN.

Changement de plan

Pour des raisons encore obscures, ils seront pourtant relâchés un mois plus tard. Trop tard pour participer aux attentats du 13 novembre. Ils prennent alors contact avec Abu Ahmad, un coordinateur de l’IS, qui leur fait parvenir 2000 euros pour qu’ils puissent continuer leur mission. CNN ne précise pas comment ils ont réussi à le joindre. La chaîne fait seulement mention de l’usage de plateformes tel que Viber,Telegram et WhatsApp pour faire parvenir des messages cryptés.

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Les deux hommes se rendent alors en Autriche et atterrissent le 14 novembre dans le centre de réfugiés de Salzbourg où ils entament leur procédure de demande d’asile.

Les enquêteurs pensent qu’Adel Haddadi et Mohamad Usman attendaient en réalité un troisième homme qui devait se joindre à eux. Cet homme serait Abid Tabaouni précise encore la chaîne américaine.

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Durant cette attente de plusieurs semaines, et surtout dans les jours précédant leur arrestation en décembre, ils ont passé de nombreux coups de téléphone, notamment vers la Belgique et la France. Ils cherchaient aussi un train pour rejoindre Paris.

Abid Tabaouni arrive au centre de réfugiés le 10 décembre. Soit le jour même où Haddadi et Usman sont arrêtés dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Paris. Lui réussira pourtant à échapper aux forces de l’ordre. Mais sa fuite n’aura qu’un temps puisqu’il sera finalement arrêté en juillet à Bruxelles.

Le parquet fédéral belge a confirmé l’arrestation de ce dernier qui s’est fait sur base d’un mandat d’arrêt européen décerné par l’Autriche. « Ce mandat d’arrêt européen a été rendu exécutoire et l’homme a déjà été remis à l’Autriche au mois d’août », a indiqué le parquet fédéral.

Adel Haddadi et Mohamad Usman avaient, eux, été remis fin juillet par l’Autriche à la France. Ils ont été inculpés pour « association de malfaiteurs terroriste ».

On ne connaît pas le parcours exact de Tabaouni, mais selon CNN l’homme aurait passé une partie de son temps, si ce n’est l’entièreté, entre sa fuite de Salzbourg et son arrestation en juillet en Belgique. Il aurait entretenu activement une page Facebook qui, toujours selon la chaîne, peut être liée à la Belgique.

Une autre conclusion de la chaîne est que l’EI planifiait d’autres attentats le 13 novembre. Une attaque était prévue aux Pays-Bas et dans un centre commercial en France selon CNN. La chaîne ne cite pourtant pas de locations précises. Les enquêteurs craignent qu’il existe encore des cellules dormantes en Europe. Des sources belges, toujours selon CNN, annoncent qu’il y aurait encore une trentaine de personnes liées aux attentats qui seraient encore dans la nature.

Lors de l’arrestation des deux hommes, les enquêteurs ont trouvé le téléphone d’Abid Tabaouni branché à une prise à côté du lit d’Adel Haddadi, d’après la chaîne d’information CNN. Le numéro de téléphone du Belge Abdelhamid Abaaoud ainsi qu’une photo de combattants devant un drapeau de Daesh étaient enregistrés dans l’appareil. Adel Haddadi niera connaître Abid Tabaouni malgré le fait que son numéro ait été trouvé dans le GSM du second.

Abaaoud
Abaaoud © BELGA

Des téléphones qui se sont par ailleurs révélés de véritables mines d’or sur la façon de procéder des terroristes. Selon Adel Haddadi les membres de l’équipe n’obtenaient l’information et l’argent qu’au compte-gouttes. Lorsqu’ils sont envoyés en mission, ils ne connaissent pas le vrai nom de leurs coéquipiers. Tout ce qu’on leur a dit à Raqqa c’est qu’ils allaient en France pour faire « quelque chose à la gloire de dieu ». Ils n’avaient reçu qu’une somme leur permettant de rejoindre Izmir. Là, ils devaient demander de l’argent à un autre contact.

Des transcriptions, il ressort aussi qu’Usman énervait Haddidi avec ses jérémiades incessantes. Mais aussi que les deux hommes ont reçu des conseils pour passer les frontières sans se faire voir (par exemple s’enfermer dans les toilettes des trains). Il reste cependant encore des messages qui n’ont pas été décryptés selon CNN.

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