Climat, santé, numérique : Ursula von der Leyen enfonce le clou
Applaudissements peu nourris au Parlement européen au terme du « discours sur l’état de l’Union » d’Ursula von der Leyen, son premier depuis son arrivée à la tête de l’institution en décembre dernier. Mais il ne faut pas voir dans cette étrange ambiance un manque d’enthousiasme des eurodéputés, voire un signe de défiance. La présidente de la Commission européenne s’est exprimée pendant plus d’une heure vingt devant un hémicyle très partiellement rempli en raison des mesures sanitaires
Les grands axes de son discours, qui présentait ses principaux projets pour l’année à venir, n’ont pas surpris : ils s’inscrivent dans le programme stratégique adopté par les chefs d’Etats et de gouvernements en juin 2019, renforcé par le plan de relance européen post-Covid de 750 milliards d’euros, sur lequel les Etats membres se sont entendus en juillet dernier. Le rendez-vous du « discours sur l’état de l’Union », moment solennel qui marque la rentrée européenne, existe depuis dix ans, mais cet exercice imposé avait cette année une dimension particulière en raison de la crise sanitaire et économique. Et de l’adoption d’un pan de relance qualifié d' »historique », puisqu’il autorise le recours à des subventions. On attendait donc les détails de la feuille de route de la Commission, précisés dans le discours d’Ursula von der Leyen et dans la lettre d’intention de six pages qu’elle a envoyé au président du Parlement et à celui du Conseil.
Relèvement des objectifs climatiques
Pour tenter de parvenir à la neutralité carbonne en 2050, il est prévu de réduire d’ici à 2030 les gaz à effet de serre de 55 % par rapport au niveau de 1990, contre un objectif jusqu’ici fixé à -40%. Ce relèvement des objectifs climatiques européens était attendu, car l’annonce avait « fuité » depuis plusieurs jours déjà. Il aura de lourdes conséquences sur les secteurs des transports, de l’énerge ou de l’agriculture, mais la présidente de la Commission estime que « l’économie et l’industrie européennes peuvent y fairer face ». Par ailleurs, le plan de relance européen post-Covid sera financé à 30 % par des obligations vertes.
Créer une « Europe de la santé »
Renforcer la politique sanitaire commune au sein du cadre restreint offert par les traités est un autre objectif prioritaire de la Commission, qui tire les leçons de la gestion fort peu harmonisée de la lutte contre la pandémie dans l’Union. Le président français Emmanuel Macron avait plaidé voici quelques semaines pour la création d’une « Europe de la santé » investie de missions de sécurité sanitaire. Face aux risque de nouvelles épidémies, Ursula von der Leyden reprend l’idée, même si l’Union détient une compétence restreinte en matière de santé publique. La présidente de la Commission a remis sur la table le programme UE4Health, que le Conseil européen en juillet avait fortement rabotté. Elle en outre propose de créer une nouvelle agence européenne spécialisée dans le biomédical et de renforcer les compétences du Centre européen de prévision et de contrôle des maladies.
Une « identité numérique sécurisée »
Ursula von der Leyen a relancé aussi le chantier du « salaire minimum » uniforme, projet qui figurait déjà dans son programme, mais qu’elle a précisé. L’objectif est d’adopter un cadre salarial qui respecte, via des conventions collectives, le paysage social et les traditions politiques et syndicales nationales. Autre annonce forte : la Commission proposera à chaque citoyen de l’Union une « identité numérique sécurisée ». Les Européens pourront « payer leurs impôts ou louer un vélo » sans risquer un piratage. L’idée est de promouvoir un modèle européen de protection des données. Donc, de ne pas se laisser imposer des normes conçues par les grands acteurs américains et chinois.
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