Christiane Melgrani, l’ex-enseignante devenue reine de l’arnaque à la taxe carbone
On l’appelle » l’escroquerie du siècle « . Parmi les 36 personnes impliquées dans cette fraude à la taxe carbone jugée en France, une personne sort du lot : Christiane Melgrani, considérée comme un élément-clé de l’affaire.
A partir de ce 29 janvier en France, 36 personnes sont jugées dans le procès de l’un des volets de l' »escroquerie du siècle » sur le marché des droits à polluer, le plus spectaculaire avec 385 millions d’euros éludés au fisc français.
D’une ampleur inédite
L’escroquerie à la TVA sur le marché des « quotas carbone » a donné lieu ces dernières années en France à des procès-fleuves, mais celui-ci est inédit par le nombre de prévenus et le montant colossal de la fraude. L’enquête avait débuté avec un signalement de la cellule anti-blanchiment du ministère français des Finances, Tracfin, intriguée par les activités de deux sociétés intervenant sur le marché des quotas d’émission de CO2: Energie Groupe et RIDC.
« L’escroquerie du siècle », qui s’est pratiquée sur ce marché en 2008-2009, a coûté au total 1,6 milliard d’euros au fisc français. Devant l’ampleur de la fraude, les opérations avaient fini par être exonérées de TVA en France en juin 2009. Le procédé était simple: acheter des droits à polluer hors taxe dans un pays européen, les revendre en France à un prix incluant la TVA, puis investir les fonds dans une nouvelle opération sans jamais reverser la TVA à l’État.
Christiane Melgrani, la « marraine du Panier »
Dans les méandres de cette arnaque nouée dans la région de Marseille, on croise une serveuse, des retraités, un promoteur… Soupçonnés à divers degrés d’avoir participé au détournement de ces fonds, ou à leur blanchiment, en se faisant investisseurs, gérants de paille ou encore traders.
Deux comparaissent détenus, encadrés par des gendarmes: le financier Gérard Chetrit, qui a reconnu avoir joué le rôle de « trader », et Christiane Melgrani, considérée comme « l’une des actrices principales », à l’origine de cette vaste escroquerie à la taxe carbone.
Cette ancienne enseignante de mathématiques est surnommée la « marraine du Panier », un quartier populaire de Marseille. Elle était devenue gérante d’un piano-bar, puis employée d’une société de bâtiment….avant de se reconvertir dans divers trafics.
Elle fut condamnée pour la première fois par la justice en 2002 pour trafic de stupéfiants, puis pour blanchiment aggravé et escroquerie en bande organisée. Durant cette période, la dame de 59 ans noue des liens étroits avec des figures du milieu franco-israélien, spécialisées depuis longtemps dans les arnaques à la TVA.
Elle est aujourd’hui accusée d’avoir été une des actrices principales de cette fraude à la taxe carbone, réalisée par le biais de sociétés à la tête desquelles elle avait placé des proches. Entre réseau « tentaculaire » de sociétés fictives opérant sur le marché des droits à polluer et comptes offshore répartis dans une quinzaine de pays, elle estime elle-même ses gains dans cette affaire à 10 millions d’euros, mais son train de vie suggère qu’ils sont sans doute supérieurs.
Au-delà de la fraude financière, la joyeuse bande a également déployé de grands efforts pour tenter d’échapper à la justice, précise Libération, citant des juges : « Les principaux acteurs de ce dossier n’ont cessé de se concerter afin de s’informer des principales évolutions du dossier et coordonner leurs versions des faits ». Le procès de la fraude à la « taxe carbone » doit durer jusqu’à fin mars. (avec AFP)
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