Naomi Skoutariotis
« C’était comment à Calais ? »
Quand on va déposer des affaires aux réfugiés de La Jungle de Calais, on est submergé par plusieurs émotions. De la colère, de l’impuissance, mais aussi un peu de foi en l’humanité.
Je me suis saisie quand on est arrivé au camp de réfugiés avec nos colis de vivres. Alors que l’on demandait une indication pour la route, des réfugiés ont vu le pain dans notre véhicule. Ils ont ouvert le coffre pour prendre de la nourriture. On va dire que ces gens qui n’ont pas de perspective d’avenir, qui vivent dans une cabane branlante et qui ont à peine de quoi manger, étaient contents de voir quelqu’un leur apporter de la nourriture.
À l’autre entrée du camp, j’ai vu une situation différente. Là, nous avons pu distribuer calmement quelques boîtes de pain. Un homme nous guidait et nous disait où on avait besoin de nourriture et où « vivaient » les femmes, car elles restent souvent dans leurs tentes. Il y avait l’abri à vélos improvisé et le tableau scolaire avec le schéma des cours pour la semaine. Il y a une communauté à Calais. Surnommé La Jungle, le camp possède une église improvisée, une école et même quelques petits restaurants.
La rencontre avec un membre de cette communauté a été un des moments les plus étranges de ma vie. Il portait des tongs usées, un short trop grand et un t-shirt. La pensée que cet homme a probablement traversé la Méditerranée, s’est caché sous un camion et a marché des kilomètres pour aboutir ici, me choque. On se sent impuissant. On sait que l’automne et l’hiver sont proches et que la situation sera encore pire.
Pour se consoler, on pense aux dizaines de personnes qui ont formé une chaîne pour charger des centaines de couvertures, de tentes et de sacs de couchage dans un camion. « Les Belges m’ont étonné » m’a dit Katrin, une bénévole qui a participé à l’événement Facebook « Wij gaan naar Calais en nemen mee » (On va à Calais et on emmène). « Parce qu’ils ont fait plus que cliquer sur le bouton ‘présent’. Parce que les gens qui se sont engagés à Calais et à Bruxelles montrent qu’il est possible d’agir autrement ». Le monde est loin d’être idéal, mais le week-end dernier, j’ai retrouvé un peu ma foi en l’humanité.
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