Thierry Fiorilli
C’est beau comme l’offensive militerre de Cristina Mittermeier (chronique)
Elle espère que ces images permettent de transformer l’apathie en action.
Ses photos aux pages de mai et juin, dans le dernier calendrier Lavazza. Pas celles qu’elle prend, elle. Non, celles d’elle, à Tulum, dans son Mexique natal, qu’on doit à son compatriote Emmanuel Lubezki, trois fois oscarisé: meilleure photographie en 2014 pour Gravity, en 2015 pour Birdman et en 2016 pour The Revenant. Là, elle pose. Comme cinq autres « artivistes » – le musicien et chanteur américain Ben Harper (janvier et février), la rappeuse afghane Sonita Alizadeh (mars et avril), la chorégraphe et danseuse Shamell Bell (juillet et août), l’entrepreneuse américaine Shilpa Yarlagadda (septembre et octobre) et le land artiste français Saype (novembre et décembre). Tous incarnent le slogan du calendrier 2022 du torréfacteur italien: « I can change the world. » Parce qu’il faut « un monde meilleur, plus juste pour l’humanité et pour la nature ». Alors, estime Lavazza, raconter l’histoire de celles et ceux qui combattent pour ce monde plus beau et plus équitable devrait en entraîner d’autres à faire pareil, partout.
Elle, donc, c’est Cristina Mittermeier, 56 ans, photographe et biologiste marine. Sous l’objectif de Lubezki, on la voit à différents moments du jour, de l’aube au crépuscule en fait, dans et sur son élément de prédilection: la mer. Avec son mari, le photographe animalier canadien Paul Nicklen, elle a fondé, en 2015, l’ONG SeaLegacy, qui oeuvre à la protection des océans, dix ans après avoir créé la Ligue internationale des photographes de conservation, autrement dit des photographes dont les clichés, qu’ils soient de voyage, de nature ou relevant de l’anthropologie, sont autant de documents sur l’état de la planète, de sa faune, de sa flore et de ses habitants. Autant d’illustrations de l’impact de la civilisation humaine sur le monde naturel.
Cristina Mittermeier a beaucoup publié dans National Geographic, se spécialisant dans les images sous-marines à travers le globe, et dont son compte Instagram (@mitty) offre un bel aperçu. Elle dit que « le journalisme est la visée première de ce travail: informer, relater des faits, raconter le monde naturel avec justesse », que « l’océan est le plus grand écosystème de notre planète », que « trois milliards de personnes dépendent des ressources côtières et marines », que « nous sommes des créatures terrestres mais la mer est à l’origine de tout », nous compris. Et qu’elle ne comprend donc toujours pas « pourquoi nous ne sommes pas toutes et tous des activistes ».
Alors, elle photographie, elle photographie, elle photographie. En espérant, avoue-t-elle, que ces images « permettent de transformer l’apathie en action et de remporter des victoires importantes en matière de conservation dans le monde entier ». Cristina Mittermeier, la militerre. La milimer.
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