Ce que l’on sait sur l’avion de la Malaysia Airlines abattu en Ukraine
Un Boeing 777 de la Malaysia Airlines s’est écrasé jeudi en fin d’après-midi dans l’Est de l’Ukraine, près de la frontière russe. Il transportait 295 personnes et 15 membres d’équipage. Le vol MH17 au départ de l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol assurait la liaison avec l’aéroport de Kuala Lumpur, en Malaisie. Que s’est-il passé ? Le point sur la situation.
Par quoi a-t-il été abattu ?
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Pour l’instant rien n’a encore été officiellement confirmé, mais un consensus de plus en plus large semble affirmer que l’avion a bel et bien été abattu. Une piste renforcée par le fait que les différentes forces présentes en Ukraine se jettent la pierre et que L’équipage de l’avion n’a signalé « aucun problème » en survolant l’Ukraine.
S’il est pratiquement certain que l’avion a été abattu reste la question de savoir par quoi et surtout par qui. Deux hypothèses sur ce qui aurait pu abattre l’avion. La première émise par des experts des services de renseignement américains évoque, le tir d’un missile sol-air précise l’Express. « Philippe Migault chercheur à l’IRIS, rapportait sur France Info que les rebelles prorusses se sont emparés récemment d’une batterie de missiles Buk de fabrication russe ». Une piste confirmée par un expert balistique contacté par L’Express « ce type de système dispose d’une portée verticale comprise entre 25 et 30 kilomètres selon les modèles. « Techniquement », une telle batterie pourrait donc suffire à abattre un avion en croisière à 10 000 mètres d’altitude. »
La seconde hypothèse évoque la possibilité d’un missile tiré depuis un jet militaire. De nombreux rapports font d’ailleurs état d’échange de tirs entre avions russes et ukrainiens depuis le début du conflit dans la région.
La question du qui reste pour l’instant incertaine puisque les autorités de Kiev et les rebelles se rejettent mutuellement la pierre et qu’il n’existe encore aucune analyse matérielle qui permettrait d’en attribuer solidement la responsabilité. Les experts américains étudient pour l’instant leurs données pour savoir si l’engin a été tiré par les séparatistes prorusses, selon un responsable sous couvert de l’anonymat. Plus tôt jeudi, M. Obama avait appelé son homologue ukrainien Petro Porochenko, et les deux hommes avaient souligné que « toutes les preuves sur les lieux du crash » devaient rester en place jusqu’à ce que les enquêteurs internationaux « soient en mesure d’examiner tous les aspects de cette tragédie ». Le Canada a pointé la responsabilité russe. « Nous ne savons pas encore qui est responsable de cette attaque, mais nous continuons de condamner les actes d’agression militaire perpétrés par la Russie ainsi que l’occupation illégale de l’Ukraine (…) à la source du conflit actuel dans la région », a déclaré le Premier ministre Stephen Harper dans un communiqué.
Quant à la Russie, le président Vladimir Poutine a accusé jeudi l’Ukraine de « porter la responsabilité de la terrible tragédie. Il ne fait pas de doute que l’Etat sur le territoire duquel cela s’est passé porte la responsabilité de cette terrible tragédie », a déclaré le président russe, cité par l’agence de presse RIA Novosti. « Cette tragédie n’aurait pas eu lieu si la paix avait régné dans ce pays, si les opérations militaires n’avaient pas repris dans le sud-est de l’Ukraine », a poursuivi M. Poutine. Le président russe, qui s’exprimait tard jeudi soir à Moscou, a indiqué avoir demandé aux responsables militaires russes d' »apporter toute l’aide nécessaire pour faire la lumière sur cet acte criminel ».
Réunion d’urgence
L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a convoqué vendredi ses experts pour une réunion d’urgence à Vienne, après le crash d’un Boeing 777 malaisien dans l’est de l’Ukraine, annonce l’agence de presse Itar-tass. « Une réunion extraordinaire est prévue pour 12h30 heure locale », selon l’OSCE.
De son côté, le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra une réunion d’urgence vendredi à New York à partir de 16H00 (heure belge) à propos de l’avion de ligne malaisien qui s’est écrasé dans l’est de l’Ukraine, a annoncé jeudi la présidence rwandaise du Conseil. La réunion, qui devrait être publique, a été demandée par le Royaume-Uni, avaient indiqué auparavant des diplomates du Conseil.
La deuxième boîte noire retrouvée (témoins)
Les services de secours ont retrouvé la deuxième boîte noire de l’avion malaisien en provenance d’Amsterdam qui s’est écrasé jeudi dans l’est de l’Ukraine, indique l’agence Reuters sur base de témoignages de personnes présentes sur les lieux de l’accident. Une première boîte noire avait été retrouvée jeudi par des séparatistes prorusses . L’avion de la Malaysia Airlines, qui s’est écrasé jeudi dans l’est de l’Ukraine, était parfaitement en ordre. Il n’y avait jamais eu de problèmes techniques avec l’appareil, qui avait encore été inspecté le 11 juillet. C’est ce qu’écrit la compagnie aérienne vendredi sur son site internet. « Le prochain contrôle aurait dû avoir lieu le 27 août. L’avion a été construit en 1997 et a donc volé pendant 17 ans », annonce la Malaysia Airlines. L’avion a volé au total 75.322 heures depuis sa mise en service.
Fermeture de l’espace aérien de l’Est de l’Ukraine jusqu’à nouvel ordre
Les autorités ukrainiennes ont fermé toutes les routes aériennes survolant l’est du pays après le crash jeudi d’un avion de la Malaysian Airlines, a annoncé Eurocontrol. « Tous les plans de vol comportant ces routes sont maintenant rejetés par Eurocontrol », a indiqué le gestionnaire de l’espace aérien européen, qui précise que « ces routes resteront fermées jusqu’à nouvel ordre ».
Le Boeing a décollé jeudi d’Amsterdam à 13h30, heure de Kiev, ou 12h30, heure de Bruxelles. La communication a été coupée avec l’appareil à 16h, heure de Kiev, ou 15h, heure de Bruxelles. A cet instant, l’appareil survolait l’est de l’Ukraine à une altitude de 10.000 mètres, selon le site d’information russe indépendant Dojd.
« C’est pas beau à voir »
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Un morceau de la queue de l’avion avec les couleurs de la Malaysia Airlines gît dans un champ de blé près d’une petite route de campagne. De l’autre côté, on a rassemblé des valises, des sacs et quelques autres effets personnels. « C’est pas beau à voir », avertit un milicien séparatiste prorusse. Dans le fossé, les armatures de deux sièges de l’avion. Deux torses y sont encore maintenus par des ceintures de sécurité. Partout dans les champs alentours, des dizaines de corps, souvent déchiquetés, des membres épars. En plein milieu de la petite route de campagne, un pied sectionné témoigne de la violence du choc.
L’avion s’est désintégré et des débris ont même été retrouvés dans un village à dix kilomètres, expliquent des habitants. « Je m’étais assoupie, il devait être environ 16h00 », dit Katia, 62 ans. « Il y a eu un énorme bruit, ça a secoué comme un tremblement de terre ». Un réacteur, un train d’atterrissage et un gros morceau de fuselage sont tombés dans le champ juste en face de sa ferme. Ils brûlent encore par endroits dans une forte odeur de kérosène. « Je me suis cachée dans la cave avec mon bébé », dit Natalia, 36 ans. Son mari, Alexandre, 43 ans, montre la palissade en bois de la ferme, noircie par les flammes. « Les raisins de la treille ont aussi brûlé, on a eu beaucoup, beaucoup de chance », dit-il. Quand ils ont entendu une première explosion, l’avion était encore en l’air, mais déjà en train de se désintégrer. La guerre entre séparatistes et loyalistes n’avait pas touché leur hameau, mais, à l’occasion des combats des derniers jours dans des localités un peu à l’est, plus proches de la frontière russe, ils ont vu voler les avions de chasse ukrainiens.
« Ces pauvres gens » soupire Natalia, « vous croyez qu’ils comprenaient quelque chose à cette guerre en Ukraine ? Déjà que nous, on n’y comprend rien ». Les premiers secours sont arrivés une vingtaine de minutes après l’accident, mais sans espoir de retrouver des survivants.
Deux lances à incendie s’étirent inutilement dans le champ, témoignant de l’impuissance des pompiers locaux face à l’ampleur de la catastrophe. « Les chefs doivent installer un QG et nous dire quoi faire, alors on le fera », soupire l’un d’eux. La nuit tombe. Pas de groupe électrogène. Pas d’éclairage. Les pompiers s’éclairent aux phares de leur camion. Partout dans les champs reposent encore les restes des victimes du vol de Malaysia Airlines. Oleg, un combattant séparatiste, explique avoir retrouvé 13 corps. « Je ne vois pas comment il pourrait y avoir des survivants, ils étaient en morceaux ». « Comment l’avion est-il tombé, je ne le sais pas, mais nous sommes des combattants pas des terroristes dit-il, à propos des accusations de tirs de missiles. La zone du drame est située à quelque 25 km de la frontière russe à vol d’oiseau.
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