Ce que l’on sait sur la fusillade d’Ottawa
Le Canada est sous le choc après la fusillade qui a éclaté dans le centre d’Ottawa et au sein même du Parlement mercredi et lors de laquelle un soldat a été tué, tandis que le tireur a été abattu par les forces de l’ordre.
Un soldat canadien a été tué par balle mercredi aux abords du Parlement d’Ottawa, le second militaire à perdre la vie en trois jours au Canada alors que le gouvernement avait récemment mis en garde contre des menaces d’attaques terroristes. Un assaillant a été abattu par les forces de l’ordre peu après cette attaque, a indiqué la police de la capitale canadienne, emportée pendant quelques heures par un vent de panique, craignant la présence de deux autres tireurs dans l’enceinte même du bâtiment fédéral situé en plein centre-ville.
Que s’est-il vraiment passé ?
Un peu avant 10H00 (14H00 GMT) mercredi, un homme, identifié depuis comme étant Michael Zehaf-Bibeau, a tiré sur l’un des deux militaires postés devant le monument aux morts de la capitale canadienne Ottawa. Le caporal Nathan Cirillo a succombé à ses blessures, malgré les massages cardiaques rapidement effectués par les services de secours.
Très vite, le centre-ville est bouclé et investi par des centaines de policiers et commandos lourdement armés, soutenus par des véhicules blindés légers. Les habitants du centre d’Ottawa ont reçu pour consigne de s’éloigner des fenêtres car, selon la Gendarmerie royale du Canada, un tireur s’est « probablement » retranché sur le toit du Parlement. Des tireurs d’élite ont été aperçus sur les toits alentour, notamment celui du Musée des Beaux-arts. La défense aérienne américano-canadienne (Norad) a été placée en état d’alerte pour « être à même de répondre rapidement » à tout incident aérien qui pourrait être lié. Le Canada avait relevé mardi son niveau d’alerte anti-terroriste, de bas à moyen, et selon des médias locaux les bases militaires du pays ont été fermées mercredi et les militaires ont reçu l’ordre de rester confinés, sans uniformes.
Michael Zehaf-Bibeau s’est effectivement emparé d’un véhicule officiel pour se rendre au Parlement. « Un homme avec les cheveux noirs assez longs, un foulard sur le bas du visage, était armé d’un fusil » en allant vers la porte principale du Parlement, a raconté un témoin. Un peu après, une forte détonation a été entendue, aussitôt suivie d’un tir nourri des policiers, selon une vidéo d’un journaliste du Globe and Mail présent dans l’enceinte et filmée avec son téléphone portable.
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« Un homme est entré dans le Parlement en courant. Il était poursuivi par des policiers armés de fusils qui criaient à tout le monde de se mettre à couvert », a raconté un employé du Parlement qui estime avoir dénombré « une vingtaine de coups de feu » tirés dans l’enceinte. Les échanges de coups de feu ont duré « quelques minutes », a souligné le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu.
Le ministre du Travail Jason Kenney a également indiqué qu’un garde de sécurité du Parlement avait été blessé lorsqu’une fusillade a éclaté à l’intérieur de l’édifice victorien.
Le Premier ministre Stephen Harper se trouvait alors dans l’édifice, assistant à la traditionnelle réunion hebdomadaire des députés et sénateurs du parti conservateur qu’il dirige. « Il a été mis rapidement en sécurité (…) malgré un court moment de panique », a raconté à la télévision le sénateur Boisvenu, témoin de la scène.
Qui était le tireur ?
L’auteur de la fusillade a été identifié par des sources officielles comme étant Michael Zehaf-Bibeau, un Canadien de 32 ans. L’homme était présenté comme « un voyageur à haut risque » par les services de renseignement et s’était fait récemment retirer son passeport. Ce fils d’une fonctionnaire de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié canadienne et d’un homme d’affaires libyen aurait été condamné à deux ans de prison pour vol et possession d’armes en 2003, selon la chaîne canadienne CTV. Il serait également poursuivi pour possession de stupéfiants, près de Montréal et d’Ottawa.
Qui est Kevin Vickers, le « héros » de la fusillade ?
L’équipée mortelle de Michael Zehaf-Bibeau a été stoppée par le chef de la sécurité du Parlement, Kevin Vickers, 58 ans, qui a abattu le tireur présumé. Officier de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pendant 29 ans, l’homme occupe depuis 2006 le poste de sergent d’armes de la Chambre des communes, qui consiste à assurer la sécurité de l’assemblée et de ses membres. Très les éloges de plusieurs élus ont plu sur Kevin Vickers, qualifié de « héros ».
Quelles suites ?
Le Premier ministre Stephen Harper a assuré mercredi lors d’une allocution télévisée que « le Canada ne sera jamais intimidé » par les « organisations terroristes » contre qui les services de sécurité vont « redoubler » d’efforts après l’assassinat de deux soldats en trois jours.
Ottawa va « prendre toutes les mesures nécessaires pour contrer et identifier les menaces et assurer la sécurité du Canada », a averti M. Harper, soulignant sa « détermination à travailler avec nos alliés pour combattre les organisations terroristes qui brutalisent tant de gens dans le monde ».
Le contexte
Avant la fusillade, les autorités canadiennes avaient déjà relevé mardi le niveau d’alerte terroriste de bas à moyen, pour la première fois depuis 2010. Cette décision intervenait après la mort d’un militaire à Saint-Jean-sur-Richelieu, au Québec, fauché volontairement par un jeune de 25 ans converti à l’islam et « radicalisé », qui a ensuite été abattu par la police. Cette agression a été qualifiée d’acte terroriste par le gouvernement canadien. Cet attentat était le premier lié à l’extrémisme islamiste de l’histoire du Canada.
L’auteur de l’attaque de lundi avait été identifié par les services de renseignement comme faisant partie des 90 Canadiens présents sur le sol national et soupçonnés de vouloir fomenter des attentats. Sur ces 90 individus suivis par les autorités, 80 sont revenus récemment de zones de guerre, et plus spécialement d’Irak et de Syrie, avait indiqué au début du mois le gouvernement canadien.