« Cameron a déclenché un processus qui pourrait mener à la désintégration du Royaume-Uni »
Le politologue Dave Sinardet était présent ce vendredi matin à la Chambre du commerce britannique de Bruxelles pour suivre et commenter les résultats du referendum en faveur du Brexit. Il nous a livré ses premières impressions.
Le Vif: Comment jugez-vous l’action politique de David Cameron qui a finalement entraîné la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne ?
Dave Sinardet: David Cameron a joué, et il a perdu. Le choix de faire ce referendum était largement basé sur ses tentatives de garder le leadership de son parti et de pouvoir rester Premier ministre. Ce sera donc probablement la fin de sa carrière politique. En plus, il a déclenché un processus qui pourrait mener à la désintégration du Royaume-Uni qui ne sera probablement plus très uni. Même s’il faut rester nuancé, ce n’est pas que ‘Angleterre versus Écosse’, mais c’est un résultat en partie espéré par les indépendantistes écossais.
Chez nous, cela fait un peu penser au referendum sur le retour de Léopold III dans les années 50 qui a aussi marqué une division nord-sud et a eu des conséquences en matière de division linguistique du pays.
Comment voyez-vous se dérouler les négociations de sortie ?
On voudra éviter de créer un précédent trop intéressant pour les eurosceptiques des autres pays. S’il y avait un processus assez simple, et finalement assez positif pour tout le monde, et que le Royaume-Uni puisse sortir à des conditions intéressantes, là ça pourrait certainement créer un précédent et renforcer la volonté de certains pays de quitter l’UE. Beaucoup de leaders européens voudront certainement éviter cela et plutôt montrer que la Grande-Bretagne a commis une erreur.
Mais en même temps, il y a bien sûr des intérêts économiques qui jouent. Pour beaucoup de pays européens, il y a un intérêt à garder le Royaume-Uni dans le marché unique… Certains pays vont donc plus se focaliser sur l’argument politique, comme la France je pense, mais les pays qui ont le plus de liens économiques avec la Grande-Bretagne vont plutôt avoir tendance à défendre l’argument économique.
Comme la Belgique ?
D’un côté oui, mais en même temps la Belgique est un des pays les plus pro-UE. Elle pourrait donc balancer entre les deux arguments et se montrer hésitante.
Qui devrait mener les négociations côté britannique ? Boris Johnson ?
Ce sera le Premier ministre, toute la question étant de savoir qui ce sera. Et Boris Johnson a bien sûr de bonnes chances d’être Premier ministre. De toute façon, il y aura certainement des pressions pour de nouvelles élections. Tout cela est pour le moment très incertain.
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