California dreamin’, une balade photographique dans le berceau de la mouvance hippie (En images)
En 1970 paraissait California Trip, balade photographique dans le berceau de la mouvance hippie alors à son zénith. Réédité aujourd’hui, le livre de Dennis Stock ravive le souvenir éventé d’un paradis perdu épris de liberté.
On associe souvent Dennis Stock (1928 – 2010) à l’icône absolue dont il a contribué à bâtir la légende sulfureuse : James Dean. Ses portraits en noir et blanc de l’idole des jeunes sont gravés dans l’imaginaire collectif. A côtoyer les étoiles, fussent-elles filantes, le photographe a fini par attirer aussi sur lui la lumière. Au point qu’Anton Corbijn, autre gâchette de renom, lui consacre un film en 2015, Life, dans lequel Robert Pattinson incarne le sociétaire de l’agence Magnum lors d’un reportage en forme d’errance dans les pas de son modèle fétiche.
Quand il ne shoote pas les stars pour Life ou d’autres magazines de renom, Dennis Stock traîne ses boîtiers sur les rives de l’air du temps, en capturant ses vibrations jazzy ou son zeitgeist hippie. C’est ainsi qu’en 1968 il va ramener d’un séjour prolongé en Californie, alors en plein trip » peace and love « , une symphonie d’images dépeignant une génération rêvant de larguer les amarres de la tradition et des conventions. Mais se heurtant à la réalité d’un monde déjà aux ordres du capitalisme. Est-ce dû à leur texture vaporeuse ?
A leur composition souvent humoristique ? Toujours est-il qu’une certaine mélancolie enrobe ces clichés où se côtoient une jeunesse insouciante et dénudée, et les stigmates – pylônes électriques, architecture écrasante…- d’un progrès carnassier, comme si les acteurs de cette parade libertaire avaient déjà conscience que le rêve touchait à sa fin. Une madeleine en noir et blanc à déguster en écoutant l’éloge funèbre prononcé par la voix carbonisée et hypnotique de Janis Joplin…
D’un côté, la jeunesse embarquée sur une voie alternative pavée de bons sentiments, de liberté et d’amour libre ; de l’autre, l’ombre menaçante mais encore floue d’une économie de marché prête à fondre sur sa proie. Une parenthèse enchantée. Mais juste une parenthèse…
California dreamin’
California dreamin’
California dreamin’
California dreamin’
Lucide, Dennis Stock ne se contente pas de cartographier la contre-culture. En permanence, il superpose à cette image d’Epinal une autre réalité, celle du divertissement à échelle industrielle – à travers notamment des images des studios de cinéma -, celle de la technologie triomphante ou celle d’une urbanité galopante polluée par la publicité. Comme un présage, la mort enlace cette jeunesse s’abandonnant à ses idéaux beatnik. Le réveil sera douloureux.
California Trip, par Dennis Stock, éd. Anthology, 192 p.
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