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Birmanie : quand les camps de réfugiés se transforment en camps de la mort

Marie Gathon Journaliste Levif.be

Deux ans après le début des violences communautaires entre bouddhistes et musulmans Rohingya, la crise humanitaire en Birmanie s’aggrave de jour en jour, faisant toujours plus de victimes, rapporte le Time. Les Rohingyas sont l’une des minorités les plus persécutées au monde, selon l’ONU.

Depuis des années, le gouvernement birman refuse de reconnaitre les 1.3 million de Rohingyas comme citoyens, alors qu’ils vivent dans la région depuis des générations. Ils sont également victimes de sévères restrictions sur le mariage, l’emploi, l’éducation et les soins de santé.
Durant plusieurs mois en 2012, des violences communautaires ont éclaté entre bouddhistes et musulmans. Des milliers de maisons ont été détruites et des dizaines de personnes ont été tuées. Les Rohingya ont tenté fuir vers le Bangladesh, mais ils se sont fait refouler par les gardes-frontière. Sans toit pour vivre, des milliers de réfugiés se sont rassemblés dans des camps de fortune. Aujourd’hui, il semblerait que les autorités birmanes soient déterminées à les laisser mourir.

La malnutrition, l’eau contaminée et l’expulsion en février de l’aide humanitaire ont fait augmenter dramatiquement le nombre de décès, alors qu’ils pourraient être facilement évités, selon le Time. Le blocus sur l’aide humanitaire, indispensable pour les 100.000 réfugiés, constitue un crime contre l’Humanité pour les organisations de défense des droits de l’Homme.

L’étau se resserre. Les camps de réfugiés sont entourés par un mur de policiers et MSF n’a toujours pas été autorisé à réintégrer le périmètre depuis qu’il a été évincé par le gouvernement. Même si certaines organisations étrangères ont été autorisées à reprendre le travail dans la région, l’ONU clame que beaucoup plus doit être fait. Le Programme d’aide alimentaire mondial continue d’envoyer des rations de riz, de pois chiche, d’huile et de sel, mais cela ne suffit pas. Plusieurs réfugiés ont témoigné auprès du Time s’être fait tabasser par les forces de sécurité birmanes parce qu’ils étaient partis pêcher en dehors de la zone du camp pour essayer de trouver de quoi se nourrir.

Pendant ce temps, les autorités birmanes minimisent la crise humanitaire qui se joue sur son territoire. La réalité des camps témoigne pourtant de la gravité de la situation. La tuberculose, la malaria et le SIDA ont fait leur apparition, et sans l’aide des organisations humanitaires internationales, il reste peu d’espoir pour les réfugiés.

Désespérés, les Rohingya finissent par risquer leur vie sur des bateaux de fortunes pour tenter de rejoindre la Malaisie et la Thaïlande où ils sont reçus par des passeurs leur réclamant 2000 dollars sous peine d’être faits prisonniers dans des camps en pleine jungle. Ceux qui se font attraper par les autorités ne sont guère mieux lotis, puisqu’ils sont enfermés dans des centres de détention sordides en attendant qu’un troisième pays accepte de les accueillir.

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