Bernie Sanders, l’émergence d’un candidat « connecté » et proche des jeunes
Début février, Bernie Sanders, 74 ans, créait la surprise en échouant d’un rien derrière Hillary Clinton au caucus de l’Iowa, première étape des primaires présidentielles. Encore inconnu il y a quelques mois, le candidat démocrate a aujourd’hui la faveur des sondages et mise à fond sur la jeune génération » connectée « , de plus en plus séduite. Un pari gagnant ?
Il y a moins d’un an, bien malin qui aurait pu dire son nom. Celui d’un de ces nombreux candidats figurant sur les listes démocrates en vue de la campagne présidentielle, que beaucoup quittent en route, faute d’un soutien suffisant. Aujourd’hui, Bernie Sanders, 74 ans, est devenu l’outsider numéro un, celui sur lequel peu aurait misé au départ mais qui, désormais, se bat dans la cour d’Hillary Clinton, l’ultra-favorite des sondages il y a encore quelques mois.
Après des mois passés sur les routes à fédérer un électorat qui ne le connaissait pas, Sanders, animé d’un succès grandissant dans les sondages, a récemment frappé un grand coup politique et médiatique. C’était le 1er février dernier, à l’issue du caucus de l’Iowa dont il contesta jusqu’au bout la victoire, lui et Clinton échouant à quasi-égalité dans les résultats (49,8% à 49,6%). Désormais, il va donc falloir compter avec « Bernie », comme l’appellent affectueusement ses supporters, de plus en plus nombreux et issus de la jeune génération. Un coup de fraicheur qui pourrait bien jouer en sa faveur, à l’inverse d’Hillary Clinton, qui déclarait humblement « avoir encore du travail à faire » pour séduire les 18-35 ans.
Un créateur de buzz
L’une des clés de l’émergence de Bernie Sanders sur la scène médiatique, indissociable de la bonne santé des sondages, provient d’Internet. A l’image de Barack Obama, dont la campagne de 2008 orchestrée via Facebook avait grandement joué dans sa victoire, Sanders est présent sur le web et la plupart des réseaux sociaux qui comptent (Facebook, Twitter, Instagram, Snapchat, etc.). Rien de très inattendu au vu de l’importance de ces nouveaux outils, devenus en l’espace de quelques années de véritables mines à votes qu’aucun candidat ne peut se permettre d’ignorer.
A titre d’exemple, si son compte Twitter compte à l’heure actuelle cinq fois moins de followers que celui d’Hillary Clinton (1, 37 million contre 5, 34 pour l’ex-First lady), cela n’a pas empêché Sanders de créer le buzz lors du grand débat télévisé des Démocrates en octobre dernier. Comme l’a révélé le Wall Street Journal, le sénateur du Vermont a généré ce soir-là un trafic sur Facebook et Twitter supérieur à l’ensemble de ses rivaux ! Idem avec le nombre de recherches sur Google.
« Bernie mania » sur Reddit
Bien que moins connu en dehors des frontières nord-américaines, le site de partage et de tchat Reddit, fréquenté chaque mois par 540 millions d’internautes, illustre lui aussi la tendance Bernie. Le candidat démocrate se prête sans broncher au jeu des questions/réponses avec les internautes. Une tradition du réseau qui avait considérablement souri à Barack Obam au plus fort de sa campagne de 2012, avec un total de 23.000 commentaires générés. S’il n’atteint pas encore des scores similaires, Bernie Sanders a engrangé près de 12.000 comments à une époque, juin 2015, où il stagnait dans les sondages avec 12% d’intentions de vote. Ailleurs sur le site, le succès est aussi au rendez-vous sur les subreddits, sortes de sous-plateformes dédiées à des thèmes de discussion précis. Le principal, Sanders pour la présidence, est suivi par près de 170.000 personnes, sans compter les dizaines d’autres équivalents, la plupart rattachés à un état, où les sympathisants se comptent en centaines voire milliers.
Les « geeks » de l’ombre
On évoquait plus haut la jeunesse comme l’un des atouts de choix du candidat Sanders. Pas seulement en matière de vote ni de clic mais de savoir-faire avec les nouveaux médias d’information. Pour preuve, ces quelques dizaines de geeks, de tous âges, ont créé une série impressionnante d’outils 2.0 pour favoriser l’image de leur candidat.
Sites de sensibilisation (comme Feelthebern.org), cartes interactives pour pouvoir suivre la campagne à la trace, applications d’événements etc. La liste est longue, d’autant plus que ces geeks opèrent dans l’ombre et sans la moindre rémunération.
Une campagne bien financée, un soutien exponentiel de la jeune génération, une présence maitrisée sur les nouveaux médias, autant d’atouts qui, à eux seuls, n’assurent pas forcément d’un safe journey vers la Maison Blanche. La crédibilité du candidat en demeure une part essentielle et à ce jeu-là, Bernie Sanders a de solides cartes dans sa manche. Outre un capital sympathie suscité sans doute par son statut d’outsider, le vétéran de la campagne parvient à fédérer par ses convictions ancrées à gauche, se réclamant du socialisme dans un système qu’il juge dominé par les puissants. Autre bon point : son refus de profiter de l’argent des super PACs (pour Comité d’Action Politique), ces associations capables de lever des sommes folles du secteur privé pour financer les campagnes de candidats.
Mais Bernie Sanders a surtout compris l’importance d’une équipe solide à ses côtés, surtout en ce qui concerne les nouvelles technologies. Il déclarait d’ailleurs, dans une récente interview au Los Angeles Times, qu’à défaut d’etre un manchot devant un ordinateur, il se sentait tout de meme « assez intelligent pour embaucher d’excellentes personnes qui comprennent l’importance de la technologie ».A l’avenir de confirmer cette stratégie, pourquoi pas dés aujourd’hui dans le New Hampshire, nouvelle étape dans la course à l’investiture.
Guillaume Alvarez
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