Barack Obama joue la carte de l’optimisme: « Yes, we did »
Le discours d’adieu de Barack Obama était placé sous le signe de l’optimisme. Le pays est en meilleur état qu’il y a huit ans, et lui-même est plus optimiste qu’à l’époque. Et la disparition des oppositions raciales ? « Cela n’a jamais été réaliste ». Et Trump? Il n’a pas été mentionné.
Barack Obama a tenu son discours, qui a duré une heure, à McCormick Place, à Chicago, devant 14 000 à 20 000 personnes. Il a tenté de boucler la boucle en faisant ses adieux dans la ville où il a fait ses premiers pas en politique.
C’était un match à domicile et le président a été continuellement interrompu par des applaudissements enthousiastes et admiratifs, et une fois l’assistance a même scandé « four more years ». Un troisième mandat est légalement impossible, et Obama a dû admettre qu’en ce domaine il était impuissant.
Les collaborateurs d’Obama avaient prédit que son discours d’adieu se focaliserait plutôt sur l’avenir que sur le passé, et c’était le cas. Donald Trump n’a pas été mentionné, et il ne s’est pas étalé sur la défaite douloureuse du mois de novembre. Il souhaitait parler du long terme, selon lui prometteur.
Obama a rapidement parcouru les accomplissements de ses huit ans de présidence : croissance du taux d’emploi, mariage gay, Obamacare, le rapprochement de Cuba, l’accord nucléaire avec l’Iran, l’absence d’attentat international sur le sol américain… « Sur pratiquement tous les plans, l’Amérique est un meilleur pays, plus fort que quand on a commencé ».
« Jamais réaliste »
Ensuite, il s’est concentré sur l’avenir et il a plaidé en faveur de la solidarité, l’implication dans la démocratie et la raison.
« C’est ce que nous voulons dire quand nous disons que l’Amérique est exceptionnelle. Non que nous sommes sans fautes depuis le début, mais que nous avons la capacité de changer ». Et ce changement consiste « à accueillir tout le monde, pas seulement quelques-uns ».
« Après mes élections, on a parlé d’une Amérique postraciale. Cette vision, aussi bien intentionnée qu’elle soit, n’a jamais été réaliste, car la race reste un élément puissant dans notre société qui apporte souvent la division. J’ai vécu assez longtemps pour réaliser que les rapports raciaux sont meilleurs qu’il y a dix, vingt ou trente ans ».
« Mais nous ne sommes pas où nous devons être. Chacun de nous doit en faire plus. Si tous les problèmes économiques sont présentés comme une lutte entre les Blancs qui travaillent dur et les minorités indignes, les ouvriers de toutes les couleurs continueront à se battre pour les restes, alors que les nantis se retireront encore davantage dans leurs enclaves privées ».
Nous devons surmonter cette division, a déclaré Obama, en se comprenant mutuellement et en couplant sa lutte personnelle à celle des autres.
« Pour les noirs et les autres minorités, cela signifie que nous devons lier notre propre lutte pour la justice à ce qui arrive à d’autres personnes de ce pays – le réfugié, le migrant, les pauvres de la campagne, le transgenre, mais aussi l’homme blanc d’âge moyen qui vu de l’extérieur semble avoir tous les avantages, mais qui a vu son monde bouleverser par un changement économique, culturel et technologique ».
Base factuelle
« La politique est une lutte d’idées, mais sans base factuelle commune, sans accepter de nouveaux faits et admettre que votre opposant peut marquer un point, sans que la science et la raison importent, nous continuerons à parler les uns à côté des autres, ce qui rend le compromis impossible ».
« Les ennemis comme l’EI ne peuvent nous vaincre », a déclaré Obama « sauf si nous abandonnons nos principes dans la lutte. « Je rejette la discrimination de musulmans américains ».
Cette phrase a été fort applaudie, mais c’est en même temps ce que certains Américains ont reproché à Obama. Qu’il ait porté atteinte aux principes du pays en favorisant les attaques de drones ou en ne fermant pas la prison de Guantanamo.
« Yes we can »
Obama a conclu par un plaidoyer en faveur de l’engagement politique.
« Chacun de nous, de n’importe quel pays, doit pleinement collaborer à la reconstruction des institutions démocratiques. Il faut que ce soit plus facile, pas plus difficile, de voter ».
« Notre Constitution est un cadeau curieux et magnifique. Mais au fond c’est un morceau de parchemin. En soi, elle n’a pas de pouvoir. Nous, la population, lui donnons du pouvoir – grâce à notre participation et aux choix que nous faisons ».
« Je quitte ce podium plus optimiste que quand nous avons commencé. Mes compatriotes, c’était l’honneur de ma vie de vous servir. Je n’arrêterai pas. En tant que citoyen, je serai avec vous tous les jours qui me restent ».
Et il a répété le slogan de la première campagne présidentielle: « Yes we can ». Il l’a amendé : « Yes, we did. Yes we can ». « Pas moi », a précisé Obama, « mais nous ».
Ému, il a remercié son épouse, ses filles, le vice-président et ses collaborateurs. « Vous avez changé le monde ».
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