Australie: Victoire poussive du multimillionnaire Malcom Turnbull au poste de Premier ministre
Malcolm Turnbull, à qui les électeurs australiens ont offert une victoire poussive, est un avocat brillant, un entrepreneur à succès et un banquier multimillionnaire. Il est aussi accusé par ses contempteurs d’être éloigné des Australiens ordinaires.
Malcolm Turnbull, 61 ans, avait convoqué des élections anticipées dans l’espoir de renforcer son pouvoir parlementaire mais il semble avoir perdu son pari. Il a proclamé sa victoire dimanche aux législatives du 2 juillet mais son camp a perdu sa confortable majorité à la chambre des représentants.
Il n’est pas sûr qu’il obtienne la majorité absolue des sièges, –les conservateurs en ont obtenu pour l’instant 74 sur les 76 nécessaires–, ce qui pourrait le contraindre à former un gouvernement minoritaire.
M. Turnbull est arrivé au pouvoir en septembre 2015 à la faveur d’un putsch au sommet du Parti libéral contre son collègue conservateur Tony Abbott, un coup mûrement réfléchi.
Mais après une brève lune de miel dans les sondages, certains lui ont reproché d’avoir fait passer au second plan ses convictions en matière de droits des homosexuels et de lutte contre le changement climatique, afin de complaire à ses collègues conservateurs.
Lui se targue de son savoir-faire économique et financier, promettant de faire en sorte de doper la croissance au moment où le pays négocie sa transition économique après la fin de l’âge d’or minier, afin de réduire sa dépendance envers les ressources de son sous-sol.
Malcolm Turnbull s’est fait connaître en Australie en défendant avec brio dans les années 1980 l’ancien agent du renseignement britannique Peter Wright lors de la bataille qui l’avait opposé au gouvernement de sa majesté après la publication de son livre « Spycatcher ».
Avec sa femme Lucy Hughes, ancienne maire de Sydney et philanthrope, ils forment un couple puissant et leur luxueux domicile sur le front de mer de Sydney fait parfois jaser.
Multicartes
Tant son arrogance supposée que sa richesse font dire à ses détracteurs qu’il est coupé des réalités de la vie des Australiens ordinaires. « La simplicité lui fait défaut », a commenté après le scrutin Paul Kelly, éditorialiste respecté, dans le Weekend Australian. « Trop de gens le perçoivent comme un élitiste ».
Mais bien qu’il ait vécu dans la banlieue chic de l’est de Sydney toute sa vie, ses débuts ne furent pas faciles.
Enfant unique, il fut éduqué par son seul père, courtier en hôtellerie, après le départ du foyer familial de sa mère, écrivaine et universitaire, alors qu’il avait neuf ans.
Il fut scolarisé dans un établissement d’élite, la Sydney Grammar School, après avoir obtenu une bourse d’études, puis poursuivit son éducation à l’université d’Oxford, également grâce à une bourse.
Il a d’abord travaillé comme journaliste puis comme avocat avant d’entrer dans monde des affaires, devenant banquier et investissant dans les start-up technologiques.
Il est entré en politique en menant campagne pour que l’Australie coupe les ponts avec la couronne britannique et se métamorphose en République. Si cette initiative est resté infructueuse, il a réussi en octobre 2004 à faire son entrée au Parlement fédéral, devenant en 2007 ministre de l’Environnement. « La politique, c’est sa vocation », dit sa femme Lucy, avec qui il a deux enfants. « Aujourd’hui, c’est ça sa passion ».
Lorsqu’il avait perdu le Parti libéral en 2009 à une voix près au profit de Tony Abbott, il avait failli renoncer à la politique. Mais, finalement, M. Abbott l’avait convaincu de rester et il était devenu son ministre des Communications.
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