Journaliste et réalisatrice18-09-2021, 08:40Mise à jour le: 25-10-2021, 14:00
Spécialiste reconnue de l’Afghanistan, Hadja Lahbib y a réalisé de très nombreux reportages, souvent accompagnée de son chef-opérateur Louis-Philippe Capelle. Pour Le Vif, la journaliste et réalisatrice commente certaines des images qu’ils en ont ramenées au fil des ans.
Trente ans de larmes et de sang, d’exils, de morts, de ruines,
Sans que l’on sache pour quelle faute, pour quel crime,
De guerres en guerres, de souffrances en souffrances,
Naîtra peut-être enfin l’espérance.
C’est ce qu’écrivait Humayun Tandar, un proche du commandant Massoud et ancien ambassadeur d’Afghanistan à Bruxelles en regardant ces photos que le chef-opérateur Louis-Philippe Capelle et moi-même ramenions de son pays il y a un peu plus de dix ans. Une décennie de larmes et de sang plus tard, l’espérance est toujours là, comme une flamme vacillante au fond des yeux. Ceux d’un peuple à la beauté farouche, vivant entre plaines et montagnes, dans un royaume où le temps n’a pas de prise. On y croise des hommes montant à cru des pur-sang comme de fiers cavaliers descendant de Gengis Khan et qui, une fois au sol, le geste ample et accueillant, vous offrent l’hospitalité, le temps d’un « tchaï », un repas, une nuit, deux ou trois, avec la certitude tranquille, pour l’étranger de passage, que rien ne lui sera fait tant qu’il est chez son hôte.
Au nord tadjik, on peut rencontrer une femme cheffe de guerre, armée jusqu’aux dents, capable de résister aux Russes comme aux talibans. Au coeur du pays hazara, une femme qui priait avec les hommes a balayé les règles tribales pour imposer un système démocratique. Bien sûr, ce sont là des exceptions mais l’histoire afghane est parsemée de ces épisodes qui forcent à l’humilité tous ceux qui veulent la comprendre. Cette terre que l’on surnomme en Occident « le cimetière des empires » à la suite des défaites infligées aux Britanniques, aux Russes et aujourd’hui aux Américains, invite au djihad, au sens noble du terme. Elle pousse au dépassement de soi, à sortir des carcans et des clichés et, alors seulement, elle se dévoile. Dans un dégradé de douceur et de raffinement, elle apparaît comme un mirage qui hante à jamais ceux qui l’ont vue. Terre fascinante qui célèbre la beauté de la vie, la grandeur des hommes autant que leur folie.
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Au coeur de l’Afghanistan: « Un mirage qui hante à jamais ceux qui l’ont vu » (photos)
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