Le lac Tanganyika et les collines du Burundi sont le décor de Sous la peau. © getty images

Au Burundi, le drame de l’assassinat des albinos continue

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Dans son premier roman, l’ancien journaliste Jean-François Dumont confronte l’aspiration au bien-être d’Européens avec le défi de la survie d’Africains traqués.

Délaissé par rapport à l’attention portée à ses voisins de la République démocratique du Congo et du Rwanda, le Burundi fait rarement la Une de l’actualité. Depuis quelques semaines, les tensions se sont exacerbées entre Bujumbura et Kigali. Elles sont une conséquence de la crise dans l’est du Congo. C’est donc un des mérites du roman Sous la peau (1), de Jean-François Dumont, ancien journaliste à La Libre et au Vif, de rappeler que le Burundi est au cœur d’une des violations des droits humains les plus abjectes et mystérieuses: l’assassinat de personnes albinos à des fins de commerce fétichiste de parties de leur corps, répandu en Afrique de l’Est. A ce titre et en regard du parcours des acteurs de ce récit langoureux comme les bords du lac Tanganyika soutenu par une belle écriture, Sous la peau (1) est surtout un roman sur l’identité.

On n’est pas toujours responsable de la bascule qui vous projette aux bonnes ou aux mauvaises places.

Les trois principaux protagonistes que rien ne prédestinait à se rencontrer vont être réunis autour de la question du drame des albinos à Bujumbura. Hélène, experte française en mission pour l’ONU sur ce dossier, est en plein doute sur l’avenir de son couple et «ne s’éloigne pas pour se donner des moyens de revenir peut-être, mais au contraire pour fortifier son départ» du foyer familial. Laurent, aspirant journaliste belge envoyé en reportage pour approfondir les dangers que courent les albinos, aspire à rebondir après avoir passé deux années comme novice parmi des moines bénédictins et parviendra à faire en sorte que sa solitude ne soit plus un poids, mais une disponibilité. Enfin, Onesphore Merveille Jean-Bosco Bienvenu Claessens, dit plus simplement Jean-Bo, entreprend au Burundi un voyage initiatique, lui qui, privé de ses parents assassinés dans les massacres de 1994, a été adopté par un couple belge à l’âge de 4 ans. Il y découvrira, lui, le Noir élevé parmi les Blancs, que le seul membre de sa famille auquel il peut s’identifier est Gilbert, son cousin albinos, un Blanc parmi les Noirs…

Ces trois Européens qui se cherchent trouveront des réponses à leurs questionnements en partageant la fragilité de l’existence d’Odette, elle-même albinos et responsable d’une association qui aide cette communauté, et en se rendant compte, après l’invective d’un jeune vendeur de fruits, que l’«on n’est pas toujours responsable de la bascule et du moment qui vous projettent aux bonnes ou aux mauvaises places». Ce qui impose de venir en aide à ceux qui sont tombés aux mauvaises places.

(1) Sous la peau, par Jean-François Dumont, Académia, 232 p.
(1) Sous la peau, par Jean-François Dumont, Académia, 232 p. © National

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