Attaque à Moscou: le bilan s’alourdit à 137 morts, dont trois enfants
Journée de deuil national en Russie après l’attaque dans une salle de concert, revendiquée par l’Etat islamique. Le bilan des victimes s’est alourdi à 137 morts, dont trois enfants.
La Russie observe une journée de deuil national après le massacre dans une salle de concert à Moscou, l’attaque la plus meurtrière sur le sol européen revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI). « Le pays entier est en deuil avec ceux qui ont perdu leurs proches dans cette tragédie inhumaine », a lancé dimanche matin la chaîne de télévision publique russe Rossia 24. Elle a diffusé les images d’un immense panneau numérique installé sur les murs de la salle de concert attaquée: une bougie sur un fond noir et l’inscription « Crocus City Hall. 22/03/2024. Nous sommes en deuil… ».
Des individus ont fait irruption dans la salle Crocus City Hall, avant d’ouvrir le feu à l’arme automatique sur la foule et d’allumer un incendie avec un liquide inflammable selon les enquêteurs, tuant au moins 133 personnes. Dénonçant un acte « terroriste barbare », Vladimir Poutine a, dans une allocution télévisée samedi, promis de châtier les coupables. Le président russe a annoncé que « les quatre auteurs » de l’attentat avaient été arrêtés « alors qu’ils se dirigeaient vers l’Ukraine », sans mentionner la revendication de l’EI. Le Kremlin avait annoncé plus tôt « l’arrestation de 11 personnes, dont quatre terroristes impliqués dans l’attentat ». Ces quatre « citoyens étrangers » ont été capturés dans la région de Briansk, frontalière de l’Ukraine et du Bélarus, selon les autorités.
Recherches
Cette attaque, survenue dans la salle de concert située à Krasnogorsk, au nord-ouest de la capitale russe, est la plus meurtrière en Russie depuis une vingtaine d’années, et la plus sanglante à avoir été revendiquée par l’EI en Europe.
Le bilan des victimes de l’attaque du Crocus City Hall à Moscou par des hommes armés s’est alourdi à 137 morts, dont trois enfants, ont annoncé les enquêteurs russes, disant avoir trouvé des armes et munitions sur les lieux. « L’identification des corps des victimes est en cours. A l’heure actuelle, les corps de 137 personnes, dont trois enfants, ont été retrouvés sur les lieux de l’attaque terroriste », a indiqué le Comité d’enquête russe dans un communiqué. Jusqu’à présent, 62 corps ont été identifiés, a-t-il précisé, ajoutant que deux fusils d’assaut et une grande quantité de munitions avaient été trouvés sur les lieux. Les recherches dans les décombres du bâtiment ravagé par les flammes et dont le toit s’est partiellement écroulé se poursuivent et pourraient prendre des jours, faisant craindre un bilan plus lourd.
L’EI, que la Russie combat en Syrie et qui est actif aussi dans le Caucase russe, a déjà commis des attentats dans le pays depuis la fin des années 2010. Mais le groupe n’y avait jamais revendiqué une attaque d’une telle ampleur. Sur un de ses comptes Telegram, l’EI avait affirmé que l’attaque avait été menée par quatre de ses membres, et s’inscrivait « dans le contexte (…) de la guerre faisant rage » entre le groupe et « les pays combattant l’Islam ».
Vidéo de l’EI
Selon le groupe Site, spécialisé dans la recherche antiterroriste, une vidéo apparemment tournée par les assaillants de la salle de concert près de Moscou a été diffusée sur des comptes de réseaux sociaux habituellement utilisés par l’EI. Cette vidéo d’une minute et 31 secondes montre plusieurs individus aux visages floutés et aux voix brouillées, armés de fusils d’assaut et de couteaux, dans ce qui semble être le hall de la salle de concert Crocus City Hall de Krasnogorsk.
Les assaillants tirent plusieurs rafales, de nombreux corps inertes jonchent le sol et on aperçoit un début d’incendie en arrière-plan. Cependant, ni Vladimir Poutine, ni les services de sécurité (FSB) n’ont accusé le groupe jihadiste.
Envie d’aider
Le FSB a affirmé que les suspects avaient des « contacts appropriés du côté ukrainien » et comptaient fuir dans ce pays, sans fournir d’autres détails sur la nature de ces liens ni de preuve de leur existence. « L’Ukraine n’a pas le moindre lien avec l’incident », a martelé le conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, rejetant des accusations « absurdes ». Le Premier ministre polonais Donald Tusk a dit espérer que cette attaque ne deviendrait pas « un prétexte » à une « escalade de la violence », dans une claire allusion à l’Ukraine.
Malgré la revendication de l’EI, de nombreuses questions restent en suspens. Selon des médias russes et le député Alexandre Khinstein, certains des suspects sont originaires du Tadjikistan. Les autorités de ce pays d’Asie centrale ont affirmé n’avoir « pas reçu de confirmation des autorités russes » à ce sujet.
Toute la journée de samedi, des dizaines de Russes sous le choc ont afflué vers des centres de dons du sang à Moscou ou des mémoriaux improvisés. « Quand on voit cette situation, on n’a pas envie de rester à l’écart, on a envie d’aider », a expliqué à l’AFP Vladislav, étudiant de 18 ans, en faisant la queue pour donner son sang. Sur de nombreux panneaux publicitaires et dans certains arrêts de bus à Moscou, des affiches sont apparues montrant l’inscription: « Nous sommes en deuil 22/03/2024 ». Les musées et les théâtres de Moscou ont annoncé leur fermeture pour le week-end, dans la foulée de l’attaque. Les cinémas moscovites ont fermé eux aussi pour samedi et dimanche, en présentant leurs « condoléances » aux familles des victimes.