Assaut du Capitole: un chef d’extrême droite arrêté, premier verdict de culpabilité contre un militant
Quatorze mois après l’assaut du Capitole, la nasse se referme sur l’extrême droite américaine dont une figure proéminente a été arrêtée, tandis qu’un militant de base était reconnu coupable à l’issue du premier procès consacré à l’attaque.
Longtemps chef de la milice radicale « Proud Boys », Henry « Enrique » Tarrio, 38 ans, a été interpellé à Miami et inculpé pour « association de malfaiteurs » en vue de perturber un processus officiel, a annoncé le procureur fédéral de Washington. Il s’agit de la seconde arrestation d’un leader en vue de l’extrême droite, après celle, le 13 janvier, du chef et fondateur des « Oath Keepers », Stewart Rhodes, accusé avec dix membres de sa milice de « sédition » pour les violences du 6 janvier 2021.
Ce jour-là, environ 2.000 partisans de Donald Trump, convaincus par ses allégations non étayées de fraudes électorales, s’étaient lancés à l’attaque du siège du Congrès, au moment où les élus certifiaient la victoire de son rival démocrate Joe Biden à la présidentielle. Ils avaient semé le chaos, blessé 114 policiers et causé 1,5 millions de dégâts, selon un rapport récent d’une autorité indépendante de supervision du Congrès. Ils avaient aussi choqué l’Amérique et le monde. Une enquête tentaculaire avait été lancée dans les heures suivantes. Alimentée par des milliers de messages et photos postés sur les réseaux sociaux, elle a permis d’arrêter 775 personnes à ce jour.
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« Mèche »
Dès le début, les procureurs se sont intéressés au rôle spécifique joué par des milices d’extrême droite, « Proud Boys », « Oath Keepers » mais aussi « Three Percenters », dont les membres étaient arrivés par petits groupes et avec des équipements paramilitaires, laissant supposer une forme de planification.
Au fil des mois, plusieurs de ces militants ont été arrêtés et placés en détention préventive. Certains ont conclu récemment des accords de plaider-coupable avec les procureurs mais la plupart doivent être jugés par des jurys populaires. Membre des « Three Percenters », Guy Reffitt, 49 ans, a été le premier à comparaître devant un panel de citoyens. Mardi, après moins de trois heures de délibérations, les jurés l’ont déclaré coupable de tous les chefs d’accusation pesant contre lui: port d’arme prohibée, entrave au travail de la police et à une procédure officielle. Il encourt jusqu’à 20 ans de prison, sa peine sera prononcée le 8 juin.
Le 6 janvier 2021, équipé notamment d’un gilet pare-balles, d’un casque lourd, il avait mené un groupe de manifestants vers les marches du Capitole. Pour les procureurs, il avait « allumé la mèche du tout premier groupe d’émeutiers ». Il avait toutefois rebroussé chemin après avoir reçu du gaz irritant et n’avait pas commis de violence.
« Préparatifs »
Henry Tarrio, le leader de la milice « Proud Boys », créée en 2016 et très visible dans les manifestations trumpistes, ne s’était pas non plus livré à des violences, car il n’était même pas sur place au moment de l’attaque. Deux jours plus tôt, il avait été interpellé pour la destruction d’une banderole « Black Lives Matter » accrochée à la façade d’une église afro-américaine et alors qu’il se trouvait en possession de chargeurs d’arme interdits dans la capitale fédérale. Il avait été remis en liberté le 5 janvier 2021 avec ordre de rester en dehors de Washington.
Selon l’acte d’accusation, il n’avait pas immédiatement obtempéré et avait même rencontré Stewart Rhodes, son homologue chez les « Oath Keepers », avant de quitter la capitale fédérale. Plus généralement, il est accusé d’avoir « mené les préparatifs en amont et d’être resté en contact avec les autres Proud Boys lors de leur intrusion dans le Capitole », selon les services du procureur de Washington, qui supervise cette enquête tentaculaire. Après l’attaque, il avait nié que son groupe ait voulu commettre des violences. Il avait ensuite purgé plus de quatre mois de prison pour la destruction de la banderole et le port de chargeur.
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