Corée du Sud: «Il m’a demandé de couper le courant» pour empêcher l’opposition à la loi martiale
Le commandant d’une unité des forces spéciales sud-coréennes a déclaré, jeudi, devant la justice avoir reçu l’ordre de couper l’électricité au Parlement et d’empêcher les députés de lever la loi martiale décrétée le 3 décembre par le président suspendu Yoon Suk Yeol.
Lors d’une audience de la Cour constitutionnelle qui doit se prononcer sur la destitution du président Yoon, le colonel Kim Hyun-tae a expliqué avoir reçu l’ordre d’empêcher avec son unité les députés de voter au Parlement le rejet de la loi martiale, restée en vigueur pendant six heures. Son supérieur, le général Kwak Jong-keun, lui a également demandé si les soldats pouvaient se frayer un chemin dans le bâtiment en utilisant des « tasers et des balles à blanc« .
« Je lui ai répondu que ce n’était pas possible », a déclaré M. Kim. Les forces spéciales ont affronté les employés du Parlement, qui avaient empilé des chaises et des bureaux autour des points d’entrée du bâtiment pour les empêcher d’y pénétrer.
M. Kim a déclaré au tribunal que son supérieur lui avait demandé « s’il y avait un moyen d’entrer, par exemple en coupant le courant ». Il a reçu l’ordre d’entrer dans le Parlement pour empêcher un quorum nécessaire de 150 députés pour un vote. « Plutôt que d’utiliser un ton agressif, (M. Kwak) m’a presque imploré de trouver un moyen, en disant que le nombre devait rester inférieur à 150 », a-t-il déclaré. « J’ai répondu ‘Non, nous ne pouvons pas. Nous ne pouvons pas aller plus loin' ».
Yoon Suk Yeol nie toujours
Le président Yoon, arrêté et suspendu de ses fonctions pour avoir décrété la loi martiale, est resté impassible devant le tribunal, fermant parfois les yeux en écoutant les témoignages. Celui-ci a laissé entendre, au début de la semaine, que même s’il avait ordonné l’arrestation de députés pour les empêcher de voter, cela n’aurait pas eu d’importance sur le plan juridique, car l’ordre n’avait pas été exécuté. M. Yoon a également nié avoir donné l’ordre à des hauts gradés de l’armée de « faire sortir » des députés du Parlement, ce que M. Kwak a, lui, confirmé.
Si la Cour confirme sa destitution, M. Yoon perdra pour de bon son poste, auquel il a été élu en 2022, et une élection présidentielle anticipée sera organisée dans les 60 jours. Dans le cas contraire, il sera rétabli dans ses fonctions.