González Urrutia
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Venezuela: le Parlement européen «reconnaît» le candidat de l’opposition comme «président légitime»

La reconnaissance d’Edmundo González Urrutia comme président du Venezuela a été largement approuvé, bien qu’elle ait provoqué une certaine tension au sein du Parlement européen.

Les eurodéputés ont décidé jeudi à Strasbourg de reconnaître l’opposant Edmundo González Urrutia comme «le président légitime, élu démocratiquement, du Venezuela», dans un texte dénoncé par la gauche et le centre comme une collusion entre la droite et l’extrême-droite.

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La résolution, sans valeur contraignante, a été adoptée à une majorité de 309 voix contre 201, et 12 abstentions. Dans ce texte, les députés européens condamnent «la fraude électorale orchestrée par le Conseil électoral national contrôlé par le régime» de Nicolas Maduro, et rappellent que l’élection présidentielle de juillet n’a «pas respecté les normes internationales en matière d’intégrité électorale». Ils invitent l’Union européenne et les États membres à reconnaître à leur tour Edmundo González Urrutia comme président légitime du Venezuela, et à faire «tout leur possible» pour qu’il puisse «prendre ses fonctions le 10 janvier 2025». «Nous, les Vénézuéliens, souhaitons la même chose que les Européens: vivre dans la liberté et la démocratie», a déclaré sur X Edmundo González Urrutia, remerciant le Parlement européen pour ce vote.

Tout en dénonçant «l’autocratie du régime Maduro», Raphaël Glucksmann, le leader de la délégation française des socio-démocrates au Parlement européen, a déploré que cette résolution ait été rédigée et soutenue par le groupe de droite du Parti Populaire Européen (PPE), et les deux groupes d’extrême droite des Conservateurs et réformistes européens (ECR), dont fait partie Marion Maréchal qui a soutenu le texte, et des Patriotes pour l’Europe (PfE), auquel appartient le président du Rassemblement national Jordan Bardella. Ce dernier n’a pas pris part au vote, mais le PfE a soutenu le texte. «Cet acte, profondément inquiétant, montre l’absence totale de scrupules ou de réticences des conservateurs à s’allier avec des forces politiques contraires aux valeurs fondamentales de l’Europe démocratique», a déclaré dans un communiqué Raphaël Glucksmann, qui a soutenu plusieurs amendements mais n’a pas pris part au vote sur l’ensemble de la résolution.

Le groupe centriste Renew a également indiqué dans un communiqué ne pas avoir participé au vote sur cette résolution, dénonçant la participation des Patriotes pour l’Europe à sa rédaction, et refusant la «normalisation» de l’extrême-droite.

À l’issue des élections présidentielles de juillet au Venezuela, Nicolas Maduro a été proclamé vainqueur par le Conseil national électoral, puis sa victoire a été validée par la Cour suprême. Les deux institutions sont accusées d’être inféodées au pouvoir. L’opposition affirme que M. Gonzalez Urrutia a remporté l’élection avec plus de 60% des voix, se basant sur les procès-verbaux du vote fournis par ses scrutateurs. Elle appelle à une nouvelle manifestation le 28 septembre. M. González Urrutia, menacé de prison dans son pays, est exilé depuis dix jours en Espagne, qui lui a accordé l’asile.

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