Les candidats républicains à la présidentielle américaine de 2024 se sont écharpés mercredi lors du premier débat de la campagne.

Premier débat républicain: malgré son absence, Trump reste sur le devant de la scène

Mercredi soir se tenait le premier débat pour les primaires républicaines de 2024. Trump, grand absent, a préféré s’exprimer dans une interview sur X (ex-Twitter).

Inflation, insécurité, avortement… mais surtout Trump: les candidats républicains à la présidentielle américaine de 2024 se sont écharpés mercredi lors du premier débat de la campagne, sans l’ancien président, cerné par les enquêtes et bien décidé à jouer les trouble-fête.

Les quatre inculpations du tempétueux milliardaire, qui font l’objet d’une attention médiatique vertigineuse, ont donné lieu aux échanges les plus acrimonieux entre les huit personnes sur l’estrade.

Mais aussi à une séquence des plus étranges: à la question de savoir si Donald Trump devrait se voir confier les clés de la Maison Blanche, même s’il était condamné pénalement en justice, tous les candidats – sauf deux – ont levé la main, de façon plutôt hésitante.

Y compris Ron DeSantis, le principal rival de l’ancien président, mais dont le statut d’étoile montante de la droite dure a été fortement remis en cause ces dernières semaines.

« Il est grand temps d’arrêter de normaliser son comportement », a au contraire déclaré Chris Christie, un des candidats les plus critiques de Donald Trump, mais qui a été vivement hué par le public.

« Chasse aux sorcières »

Donald Trump avait choisi de snober ce rendez-vous, organisé à Milwaukee dans le Wisconsin, en raison selon lui de sa très large avance dans les enquêtes d’opinion républicaines.

C’est tout le paradoxe: inculpé quatre fois en moins de six mois, l’ex-dirigeant écrase actuellement toute la concurrence dans la course à l’investiture républicaine.

Pour les rivaux de l’ancien président, qui peinent à exister dans un univers politique et médiatique complètement centré autour de ses déboires judiciaires, cette soirée était la chance de se distinguer à ne pas rater.

Certaines des piques les plus vives ont fusé quand la question de l’avortement a été abordée — un sujet politiquement miné pour les républicains.

Notamment entre Nikki Haley, la seule femme à prétendre à l’investiture républicaine, et l’ancien vice-président Mike Pence, qui a « consacré sa vie à Jésus Christ ». 

Fidèle parmi les fidèles de Donald Trump, ce sexagénaire a changé de ton à la suite de l’assaut contre le Capitole, le 6 janvier 2021 — un autre sujet vivement commenté à Milwaukee mercredi.

Le réchauffement climatique, l’immigration et la guerre en Ukraine ont été brièvement évoqués, dans une ambiance parfois confuse.

D’autres candidats relativement inconnus du grand public et prétendants possibles à un poste de vice-président ont aussi cherché à avoir leur moment de gloire. « Laissez-moi répondre à la question que tout le monde se pose à la maison ce soir: qui est ce type maigre avec un drôle de nom de famille? », a lancé Vivek Ramaswamy, un entrepreneur qui a fait fortune dans les biotechnologies, suscitant des rires dans l’assemblée.

La contre-programmation du débat

Mais l’équation était d’autant plus périlleuse que Donald Trump lui-même avait décidé d’assurer la contre-programmation.

L’ancien président, volontiers provocateur, a donné une interview à Tucker Carlson, ancien animateur vedette de Fox News, diffusée sur X (ex-Twitter), volontairement à la même heure que le débat.

Durant un échange d’environ 45 minutes, Donald Trump a couvert pêle-mêle le décès en prison du financier déchu Jeffrey Epstein, ou sa relation avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un.

Il a également multiplié les attaques contre Joe Biden, qualifié de « pire président de l’histoire de notre pays ».

Trump en Géorgie jeudi

Illustration de la drôle de campagne dans laquelle l’ancienne star de la télé-réalité est lancée, Donald Trump se rendra dès ce jeudi à Atlanta pour se présenter aux autorités de l’Etat américain de Géorgie, où il est accusé d’avoir tenté d’inverser le résultat de l’élection présidentielle de 2020.

En pratique, M. Trump sera placé formellement en état d’arrestation. Les autorités de cet Etat du sud-est du pays devraient ensuite prendre sa photo d’identité judiciaire, le fameux « mugshot« , à l’effet potentiellement infamant pour le candidat républicain.  

Il ressortira ensuite libre, ayant versé une caution de 200.000 dollars.

Parmi les téléspectateurs du débat de Fox News a figuré Joe Biden, qui affrontera, sauf grande surprise, le vainqueur de ces primaires républicaines le 5 novembre 2024.

La question de l’âge du dirigeant démocrate, premier président octogénaire de l’histoire des Etats-Unis, a d’ailleurs été brièvement abordée et le président a été hué par le public au début de l’émission.

Cinq moments insolites du débat

Voici les moments forts ou insolites du premier grand débat de l’élection américaine de 2024.

Une chanson anti-élites en ouverture

Censé être un exercice sérieux centré sur les questions cruciales pour l’avenir des Etats-Unis, le débat a pourtant débuté en musique, sur les notes country de « Rich Men North of Richmond » d’Oliver Anthony.

Cette chanson virale est devenue en quelques jours l’hymne des ruraux paupérisés et de tous ceux qui se considèrent oubliés par des élites fédérales soi-disant déconnectées.

Club cravates rouges 

S’il y a un responsable politique en Amérique connu pour ses cravates rouges, c’est bien Donald Trump. Mercredi soir, l’ex-président était pourtant le grand absent du premier débat de la primaire de son Parti républicain. Eh bien, coïncidence ou ironie vestimentaire, les sept hommes présents à la tribune portaient chacun une cravate rouge.

Un « bleu » à la sauce ChatGPT

Seul novice complet en politique dans la brochette des huit candidats, le millionnaire d’origine indienne Vivek Ramaswamy, 38 ans, a adopté un ton très incisif qui lui a valu en retour des piques à fleuret non moucheté de la part de ses rivaux. « On n’a pas besoin d’un bleu! On n’a pas besoin de quelqu’un sans expérience! », a attaqué l’ancien vice-président Mike Pence. « J’en ai déjà assez de ce type qui ressemble à ChatGPT! », a lui lancé Chris Christie, ancien gouverneur du New Jersey, faisant référence à une interface d’intelligence artificielle.

La seule femme cite la Dame de Fer  

Cernée par des candidats tous de sexe masculin, la seule femme sur l’estrade, Nikki Haley, a cité Margaret Thatcher: « En politique,  si vous voulez des discours, demandez à un homme. Si vous voulez des actes, demandez à une femme ».

La question brûlante sur Trump

L’un des moments les plus intenses du débat fut la question posée aux huit candidats: « Si Trump était condamné au tribunal, le soutiendriez-vous toujours en tant que candidat de votre parti? » Six candidats ont alors levé leur main, de façon plus ou moins spontanée. Les deux à ne pas l’avoir fait furent les deux anciens gouverneurs Asa Hutchinson et Chris Christie. Ce dernier a d’abord semblé lever la main, mais il a expliqué qu’en fait il faisait un geste de désapprobation. 

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