Réélection de Nicolas Maduro au Venezuela: le doute subsiste
Le président vénézuélien sortant Nicolas Maduro a été réélu pour un troisième mandat avec 51,20% des suffrages. L’issue du vote est critiquée par l’opposition et plusieurs acteurs internationaux.
Le président sortant Nicolas Maduro a été réélu pour un troisième mandat à la tête du Venezuela, a annoncé dimanche soir le Conseil national électoral (CNE), au terme d’une campagne où l’opposition a dénoncé des intimidations et des craintes de fraudes.
Nicolas Maduro, héritier de l’ancien président Hugo Chavez (1999-2013), a obtenu 5,15 millions de voix, devant le candidat de l’opposition Edmundo Gonzalez Urrutia, avec un peu moins de 4,5 millions (44,2%), selon les chiffres officiels annoncés par le président du CNE, Elvis Amoroso, après le dépouillement de 80% des bulletins et une participation de 59%. Le résultat est « irréversible », a-t-il déclaré.
Salué par un petit feu d’artifice, M. Maduro est sorti sur une scène au palais présidentiel de Caracas pour fêter sa victoire avec ses partisans chantant « Vamos Nico ». Il a promis « paix, stabilité et justice ». Malgré des sondages donnant largement vainqueur le candidat M. Gonzalez Urrutia, Nicolas Maduro, qui s’appuie sur l’appareil militaire, s’est toujours montré sûr de sa victoire, et ce alors qu’une crise économique sans précédent se déroule.
Nicolas Maduro réélu: les doutes des adversaires
Le pays pétrolier, longtemps un des plus riches d’Amérique latine, est exsangue, empêtré dans une crise économique et sociale inédite: effondrement de la production pétrolière, PIB réduit de 80% en dix ans, pauvreté et systèmes de santé et éducatif totalement délabrés. Sept millions de Vénézuéliens ont fui le pays.
L’opposition qui espérait mettre fin à 25 années de pouvoir chaviste était pourtant confiante. « Les résultats ne peuvent être occultés. Le pays a choisi un changement en paix », a écrit Edmundo Gonzalez Urrutia sur X. Peu avant minuit, Omar Barboza, un leader de l’opposition, s’est insurgé contre un éventuel « faux-pas » ou « précipitation autoritaire » du pouvoir, lui demandant de respecter le résultat « au nom de la paix ». « Les procès-verbaux ne font que confirmer ce que nous avons vu dans les rues. La projection de leur contenu donne clairement un résultat qui ne doit pas être mis en doute« .
De « sérieux doutes » quant au processus électoral
Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a réclamé une « transparence totale dans le processus électoral » au Venezuela. « Les Vénézuéliens se sont prononcés sur l’avenir de leur pays pacifiquement et en grand nombre. Leur volonté doit être respectée. Il est essentiel de garantir la transparence totale du processus électoral, y compris le décompte détaillé des voix et l’accès aux procès-verbaux des bureaux de vote », a déclaré M. Borrell dans un message publié sur le réseau social X.
Plus tôt, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a exprimé de « sérieux doutes » quant à l’exactitude des résultats de l’élection présidentielle au Venezuela. Les présidents du Chili et du Costa Rica ont également mis en doute les résultats publiés par le Conseil national électoral (CNE) qui créditent le président sortant de 51,20% des voix. L’opposition vénézuélienne estime quant à elle avoir remporté les élections avec 70% des suffrages.
Vers un nouveau décompte des voix et un audit?
Le ministre colombien des Affaires étrangères Luis Gilberto Murillo a appelé à un décompte total des votes et à un « audit indépendant » après la réélection contestée par l’opposition du président Nicolas Maduro au Venezuela. « Nous demandons, dès que possible, un décompte total des voix, sa vérification et un audit indépendant », a écrit M. Murillo sur X, ajoutant qu’il était « important de dissiper les doutes sur les résultats ».
Plusieurs pays dont les États-Unis, l’Espagne et l’Italie ont fait entendre leurs voix pour réclamer des résultats vérifiables. « Ce que nous voulons, c’est une transparence totale dans le processus. Et c’est pourquoi ce que nous demandons, et ce que nous attendons aussi, c’est la publication des résultats, bureau de vote par bureau de vote, afin que nous puissions vérifier les résultats », a déclaré le ministre espagnol des Affaires étrangères, Jose Manuel Albares. « Nous demandons des résultats qu’il est possible de vérifier et l’accès aux documents: le résultat annonçant la victoire de M. Maduro reflète-t-il vraiment la volonté du peuple?« , a pour sa part demandé Lle chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani.
La Chine et Cuba félicitent Nicolas Maduro pour sa réélection
La Chine, qui entretient des liens étroits avec le Venezuela, a félicité Nicolas Maduro pour sa réélection à la tête du pays, au terme d’un scrutin contesté par l’opposition et plusieurs capitales. « La Chine est prête à enrichir le partenariat stratégique de tous les temps (avec le Venezuela) et à en faire bénéficier les peuples des deux pays », a indiqué un porte-parole de la diplomatie chinoise.
Le président de Cuba, Miguel Diaz-Canel, a également indiqué avoir appelé son homologue Nicolas Maduro pour le féliciter de son « triomphe électoral historique ». « J’ai parlé avec mon frère Nicolas Maduro pour le féliciter chaleureusement au nom du parti, du gouvernement et du peuple cubain pour le triomphe électoral historique obtenu », a quant à lui déclaré le président de Cuba, allié traditionnel du Venezuela.