Donald Trump semble tout proche d’une victoire dans l’ensemble des swing states.

Vers un grand chelem de Donald Trump dans les swing states? Comment ces Etats ont basculé dans le camp républicain (infographie)

Thomas Bernard
Thomas Bernard Journaliste et éditeur multimédia au Vif

Le suspense n’a pas duré longtemps dans certains des swing states, ces Etats clés dans la course à l’élection présidentielle. Donald Trump en a rapidement sécurisés plusieurs et affichait une avance plus ou moins grande dans les autres, scellant une victoire éclatante et écrasante.

Sept états, sept victoires? Donald Trump semble réaliser le grand chelem, à l’heure d’écrire ces lignes, dans les sept états pivots qui concentrent toute l’attention lors de l’élection présidentielle de ce 5 novembre 2024.

Arizona, Caroline du Nord, Géorgie, Michigan, Nevada, Pennsylvanie et Wisconsin formaient l’heptagone du duel entre le candidat républicain et sa rivale démocrate, Kamala Harris. Au fil de l’annonce des résultats du scrutin, le suspense a rapidement fait place à une certitude: Donald Trump sera le 47e président des Etats-Unis, avec une victoire par K.O. dans plusieurs swing states.

Les premiers basculements confirmés sont tombés relativement tôt lors du dépouillement, avec la Caroline du Nord et la Géorgie d’abord, juste avant l’Etat crucial de Pennsylvanie et ses 19 grands électeurs, le plus gros du lot, votant majoritairement pour Donald Trump. Ces trois états, associés aux autres remportés par le candidat, lui ont rapidement ouvert la voie vers la victoire, avec un total de 266 grands électeurs acquis, à quatre seulement de la majorité (minimum 270 sur 538). Le Wisconsin a suivi sur le temps de midi, heure belge, mettant en jeu dix grands électeurs et scellant officiellement la victoire de l’ancien président.

Dans les trois derniers états pivots encore incertains, Arizona, Nevada et Michigan, le républicain fait la course en tête, mais le dépouillement reste partiel. Il possède plus de quatre points d’avance sur Kamala Harris en Arizona et dans le Nevada, dépouillés respectivement à 61% et 84%, et devance sa rivale pour 1,9 point dans le Michigan, le plus avancé dans le décompte des voix (97%).

(suite de l’article sous l’infographie)

L’économie, enjeu majeur des swing states

Une victoire sans contestation possible, loin de l’indécision que les sondages promettaient. Dans ces états par nature très divisés, qui affrontent pour certains des bouleversements économiques majeurs, le message de Donald Trump a visiblement fait mouche. L’économie était la préoccupation première citée par 39% des votants à l’élection cette année, selon une enquête d’opinion dévoilée par Associated Press.

C’est notamment le cas dans les états de la Rust Belt («ceinture de la rouille»), où prospérait l’industrie lourde, au nord-est des Etats-Unis, qui vivent dans l’incertitude depuis le déclin industriel. «Plusieurs swing states affrontent des recompositions socio-économiques importantes. Il est donc peu surprenant que les candidats s’y soient adressés plus particulièrement durant la campagne électorale, avec des promesses et des messages spécifiques», analysait pour Le Vif Tanguy Struye, professeur en relations internationales à l’UCLouvain, en amont des élections américaines.

La déroute démocrate devra être analysée dans les prochains jours, à la lumière des résultats définitifs, mais plusieurs hypothèses peuvent déjà être avancées. «Dans les swings state, le vote latino a pu changer», cite en exemple Emilie Van Haute, professeure en sciences politiques à l’ULB. «C’est lié à la diversification de cette communauté, qui est plus large qu’auparavant. Elle se composait surtout de Mexicains et de Cubains, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Cette diversification amène des individus avec une socialisation politique différente, peut-être plus conservatrice, où la religion a plus d’importance, notamment.»

D’autres communautés ciblées par Trump

L’image politique renvoyée par Kamala Harris est également un élément d’attention. «La question de la perception de Kamala Harris a clairement joué un rôle dans cette défaite. Ses positions politiques ont pu donner le sentiments aux électeurs plus « centristes » qu’elle était plus radicale. En réalité, elle ne l’était pas plus que Joe Biden, mais elle a mis ces aspects plus radicaux davantage en avant dans sa campagne, par exemple le mariage homosexuel. A noter également que ce n’est probablement pas indépendant du fait que cela vienne d’une femme racisée. Le « gender gap » (inégalité liée au genre) est énorme pour ce scrutin», poursuit la politologue.

Le message de Donald Trump a peu évolué au cours de la campagne, «même s’il s’est plus souvent attaqué à décrédibiliser Kamala Harris sur son genre», analyse Emilie Van Haute, mais son discours général s’est modifié concernant l’immigration. «Durant la campagne électorale, Donald Trump a tourné ses propos anti-immigration sur d’autres communautés que celle issue d’Amérique latine. Avant, la peur venait du Sud, il fallait construire un mur à la frontière avec le Mexique pour se protéger. Aujourd’hui, Trump cible l’immigration issue de la culture musulmane ou la communauté haïtienne. Ce sont des sujets qui servent toujours les idéaux xénophobes ou nativistes qu’il met en avant, mais il est moins risqué électoralement de s’attaquer à ces communautés.»

En 2020, lors de sa défaite face à Joe Biden, Donald Trump avait perdu six états pivots sur sept, ne remportant la majorité des voix qu’en Caroline du Nord. Son triomphe est total quatre ans plus tard.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire