USA: polémique après des remarques misogynes du colistier de Trump sur Kamala Harris
Kamala Harris a été qualifiée de «vieille fille» trop malheureuse pour diriger par J.D. Vance, ce qui a donné lieu à une vague de soutiens pour la vice-présidente américaine.
Internet aime les chats, mais pas forcément les clichés sur les femmes sans enfants qui les aiment: le très conservateur J.D. Vance, colistier de Donald Trump à la présidentielle américaine, l’apprend à ses dépens, après des propos visant Kamala Harris ayant provoqué l’indignation.
Tollé général
Dans une vidéo datant de 2021 qui vient de ressurgir sur la toile, celui que le candidat républicain a choisi comme futur vice-président accuse les démocrates au pouvoir d’être une bande de «femmes à chats malheureuses» qui «veulent donc rendre le reste du pays malheureux lui aussi» et n’ayant pas d’«intérêt direct» au bien du pays, puisque dépourvues de progéniture.
En anglais, J.D. Vance, marié et père de trois enfants, utilise l’expression populaire aux Etats-Unis de «cat lady», un cliché misogyne dépeignant des femmes faisant le choix de vivre sans partenaire ni enfant, entourées seulement de chats.
Les propos du sénateur républicain, connu pour ses positions contre le droit à l’avortement, ont déclenché un tollé chez les partisans de Kamala Harris, à laquelle il a fait directement référence. La vice-présidente, quasiment assurée d’être la candidate démocrate au scrutin de novembre après le retrait de Joe Biden, élève pourtant ses deux beaux-enfants avec son conjoint Doug Emhoff.
Première vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris, si elle était élue, deviendrait la première femme à la tête de la plus grande puissance mondiale. Agée de 59 ans, cette ancienne procureure noire fait l’objet depuis des années d’attaques sexistes et racistes.
Plusieurs célébrités ont pris sa défense, à l’instar de Whoopi Goldberg, devenue animatrice de télévision. Jennifer Aniston a aussi réagi: «Je n’arrive vraiment pas à croire que cela vienne d’un potentiel vice-président des Etats-Unis». «M. Vance, je prie pour que votre fille ait la chance de pouvoir avoir des enfants un jour», a écrit sur Instagram l’ex-star de «Friends», qui a confié ses problèmes d’infertilité par le passé.
«Pas parler des enfants des autres»
«Ce serait drôle si ce n’était pas si triste», a pour sa part fustigé Tim Walz, gouverneur du Minnesota sur la chaîne MSNBC. «Ils s’en prennent aux gens avec des chats. Bonne chance!», a ironisé l’élu démocrate.
Egalement visé par J.D. Vance dans la vidéo, le ministre des Transports Pete Buttigieg, aujourd’hui père de deux enfants, a répondu en racontant avoir eu des difficultés personnelles à adopter avec son compagnon. «Il ne pouvait pas le savoir, mais c’est peut-être pour cela qu’il ne faut pas parler des enfants des autres», a fait valoir sur CNN celui qui est considéré comme un colistier potentiel pour Kamala Harris.
Cette dernière a aussi trouvé un soutien auprès de la mère biologique de ses deux beaux-enfants. «Depuis plus de 10 ans, depuis que Cole et Ella sont adolescents, Kamala est coparent avec Doug et moi», a raconté Kerstin Emhoff sur CNN. «J’aime notre famille recomposée et je suis ravie qu’elle en fasse partie».
Agée de 25 ans, Ella, qui surnomme Kamala Harris «Momala» a également défendu sa belle-mère sur Instagram: «Comment peut-on être ‘sans enfant’ quand on a des enfants tout mignons comme Cole et moi. J’aime mes trois parents».
«Même les plus conservatrices»
Certains partisans de Kamala Harris font bien remarquer qu’un homme ne subirait pas les mêmes critiques. Une poignée d’anciens présidents n’ont d’ailleurs jamais eu d’enfant. A commencer par George Washington, le premier président des Etats-Unis, qui lui aussi a élevé les enfants de son épouse issus d’un précédent mariage.
Pour Meghan McCain, fille du sénateur républicain et ancien candidat à la présidentielle John McCain, aujourd’hui décédé, les propos de J.D. Vance touchent des «femmes de tous bords, même mes amies les plus conservatrices qui soutiennent Trump».
Soutenu par certains républicains conservateurs, J.D. Vance est allé jusqu’à suggérer, toujours en 2021, que le vote des personnes ayant des enfants devrait compter davantage, selon le journal Washington Post. L’équipe de campagne de J.D. Vance assure ces propos n’étaient que des «réflexions» mises sur la table.
Les propos de J.D. Vance ressurgissent alors que droit à l’avortement est l’un des chevaux de bataille des démocrates pour la présidentielle, un scrutin au cours duquel le vote de femmes sera crucial.