Trump à New York pour une comparution en justice historique
Donald Trump est parti livrer « bataille » à New York où un tribunal pénal doit lui signifier mardi son inculpation dans une affaire de fraude liée à un versement d’argent à une star du porno, un fait judiciaire historique pour un ancien président des Etats-Unis.
La mise en cause par la justice de Donald Trump est d’autant plus extraordinaire que le milliardaire républicain de 76 ans, qui a quitté la Maison Blanche dans le bruit et la fureur en janvier 2021, s’est relancé dans la course à l’investiture républicaine pour reconquérir la présidence américaine en novembre 2024.
Depuis sa résidence huppée de Mar-a-Lago, à Palm Beach en Floride qu’il a quittée dans un long convoi automobile, soutenu sur la route de l’aéroport par quelques sympathisants – « C’est une insulte (…) Donald Trump est fort et sera notre prochain président », ont lancé deux d’entre eux – le 45e président des Etats-Unis (2017-2021) s’est préparé à la « bataille » de New York selon ses avocats. « Mardi matin, je me rendrai, croyez-le ou non, au tribunal. L’Amérique n’était pas censée être comme ça », avait lancé dimanche soir sur son réseau Truth Social celui qui, inculpé le 30 mars par le procureur de Manhattan Alvin Bragg, clame son innocence, crie à la « chasse aux sorcières » et a rallié ses partisans et des ténors républicains pour serrer les rangs.
« Mort de l’Etat de Droit »
Mardi « est le jour, à mon avis, où l’Etat de droit est mort aux Etats-Unis », a jugé dimanche l’avocat du milliardaire, Joseph Tacopina, à la télévision. Le magnat de l’immobilier, né à New York et où il a prospéré grâce à sa fortune et son empire, doit se voir signifier mardi à partir de 14H15 (18H15 GMT) des poursuites pénales: elles n’ont pas été rendues publiques mais seraient au nombre de 30 et tourneraient autour de la dissimulation comptable du remboursement d’un paiement de 130.000 dollars fin 2016 à l’actrice de films X Stormy Daniels.
Cette convocation, au rituel inédit pour un ancien chef d’Etat, devrait voir M. Trump décliner son nom, âge, profession, se soumettre à un relevé d’empreintes digitales et être pris en photo, comme tout prévenu. D’après M. Tacopina, il ne sera pas menotté mais pourrait avoir à traverser des couloirs du palais de justice de Manhattan, en présence de médias, dans une pagaille forcément indescriptible. Sa sécurité sera assurée par le Secret service, la police d’élite qui protège les hauts dignitaires américains.
« Non coupable »
Devant le juge, « le président plaidera non coupable » car « il n’y aucun délit » pénal selon sa défense. Donald Trump devrait ensuite être laissé en liberté, peut-être sous conditions, en attendant l’organisation de son procès. Surpris et déstabilisé d’être poursuivi dans sa ville natale acquise aux démocrates, l’homme d’affaires avait écrit vendredi sur Truth Social qu’il ne bénéficierait pas d’un « procès équitable à New York ».
Dans ce quartier du palais de justice, dans le sud de Manhattan, sous très haute sécurité et alors que la police s’est déclarée « en alerte » depuis vendredi, des partisans dont l’élue républicaine d’extrême droite Marjorie Taylor Greene, ont prévu de manifester. Mais le maire de New York Eric Adams, un ancien policier, a mis en garde les potentiels « fauteurs de troubles » en les sommant de se « maîtriser ».
Donald Trump qui, avec ses sympathisants, accuse depuis deux ans et demi Joe Biden d’avoir « triché » et avoir « volé » la victoire à la présidentielle de novembre 2020, a prévu de s’exprimer mardi soir à 20H15 (00H15 GMT mercredi) de retour chez lui en Floride. Lundi midi, les abords de la Trump Tower de la mythique 5e Avenue de Manhattan, où réside Donald Trump, étaient sous haute sécurité, même la chorale d’enfants d’une école du Wisconsin donnaît un petit concert au sous-sol du gratte-ciel.
Un dossier parmi d’autres
L’affaire qui revient tourmenter Donald Trump remonte à octobre 2016, juste avant son élection surprise à la tête de la première puissance mondiale. Son avocat personnel, Michael Cohen, qui s’est retourné contre lui, avait à l’époque versé 130.000 dollars à l’actrice de films pornographiques Stormy Daniels, de son vrai nom Stephanie Clifford, pour acheter son silence. La star du X assure qu’elle a eu une relation sexuelle avec Donald Trump, marié à Melania. Ce que l’interessé nie. Le magnat a reconnu qu’il avait remboursé Michael Cohen, mais assure que la transaction n’avait rien d’illégal.
Si l’accord passé avec Stormy Daniels était bien autorisé, il pourrait toutefois correspondre à une dépense de campagne. Or la somme n’apparaît pas dans les comptes du candidat et a, au contraire, été inscrite comme « frais juridiques » dans les documents de son entreprise. L’enquête « Stormy Daniels », qui avait commencé à New York en 2018, n’est que l’une des nombreuses qui menacent Donald Trump.
La justice fédérale a ouvert des investigations sur son rôle dans l’attaque du Capitole, le 6 janvier 2021, et sur sa gestion des archives présidentielles après son départ de la Maison Blanche. Une procureure de l’Etat de Géorgie s’intéresse aussi à des pressions exercées sur des responsables électoraux pour contester sa défaite à la présidentielle de 2020. En attendant, ses partisans veulent croire que sa mise en accusation ne fera que consolider sa candidature en 2024, en renforçant leur sentiment d’un « complot » contre lui.