L’interdiction de l’avortement gagne du terrain aux Etats-Unis
Des lois prohibant l’avortement entrent jeudi en vigueur dans trois nouveaux États américains, restreignant un peu plus l’accès à l’IVG aux États-Unis, deux mois après la décision historique de la Cour suprême de revenir sur ce droit.
Ce sont désormais 21 millions de femmes, selon le Washington Post, qui se voient interdire ou très fortement restreindre l’accès à une interruption volontaire de grossesse (IVG) dans au moins 13 États.
Le Tennessee, le Texas et l’Idaho, dirigés par des républicains, ont rejoint la dizaine d’autres États ayant aussi mis en place des lois dormantes votées en prévision de la décision de la Cour suprême.
Composée de six juges conservateurs sur neuf, cette dernière a dynamité le 24 juin le droit constitutionnel à avorter, protégé depuis près de 50 ans dans le pays, et rendu à chaque État le pouvoir de légiférer sur la question.
Ce jugement, une victoire historique pour le mouvement conservateur, a provoqué une tempête politique et placé la question de l’avortement au coeur de la campagne pour les élections législatives de mi-mandat prévues en novembre.
Depuis l’annulation du célèbre arrêt « Roe v. Wade », 13 États ont interdit ou fortement restreint l’accès à l’avortement, selon l’Institut Guttmacher, qui milite pour l’accès à la contraception et l’IVG.
De nombreuses femmes souhaitant avorter doivent ainsi sortir de ces États, et parfois parcourir des milliers de kilomètres, pour trouver une clinique ouverte – si elles peuvent financer un tel périple.
Au Texas, la loi qui entre en vigueur jeudi punit jusqu’à la prison à vie tout soignant qui pratiquerait un avortement, avec une exception en cas de danger majeur pour la mère. Elle s’ajoute à un enchevêtrement de textes restrictifs qui avait déjà conduit à l’arrêt effectif des IVG dans cet État de 30 millions d’habitants.
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Au Tennessee, dans le sud du pays, où l’avortement était déjà prohibé au-delà de six semaines, tout praticien réalisant une IVG pourra être condamné à une peine de prison.
Cet État, tout comme le Texas, ne prévoit pas d’exception en cas de viol ou d’inceste, et des observateurs estiment que la loi n’est pas claire en cas d’intervention pour sauver la mère.
Dans l’Idaho (nord-ouest), le nouveau texte permet de condamner à deux à cinq ans de prison les soignants qui auraient pratiqué une IVG, avec des exceptions en cas d’inceste ou de viol.
Un juge fédéral a bloqué mercredi soir une partie de cette loi, et l’État ne pourra pas poursuivre les médecins qui réalisent un avortement pour protéger la santé de la femme. La veille, une décision judiciaire inverse avait été prise au Texas, illustrant la confusion autour des batailles juridiques qui se multiplient à travers le pays.
A terme, environ la moitié des États américains, surtout dans le centre et le sud conservateurs et religieux, pourraient proscrire ou fortement restreindre le droit à l’IVG.
Dans l’Indiana, une telle loi doit entrer en vigueur le 15 septembre.
A l’inverse, des États dirigés par des démocrates cherchent à se constituer en « sanctuaires ».
Et le président Joe Biden a fait de la défense de l’avortement l’un de ses thèmes de campagne afin de mobiliser sa base électorale, et notamment les femmes, en vue des élections de novembre, qui menacent sa fragile majorité au Congrès.
Deux victoires récentes ont donné espoir au camp démocrate.
Début août, les électeurs du Kansas, État traditionnellement à droite, ont voté pour le maintien de la garantie constitutionnelle sur l’avortement. Et mardi, un démocrate ayant fait campagne pour le droit à l’IVG l’a emporté face à son adversaire républicain lors d’une élection dans une circonscription très disputée de l’État de New York.
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