Le procès de Donald Trump entre dans le vif du sujet: quels sont les enjeux?
L’affaire menace Donald Trump d’une condamnation et d’une possible peine de prison à quelques mois du scrutin présidentiel du 5 novembre, où il rêve d’une revanche face à Joe Biden.
Donald Trump est arrivé lundi matin au tribunal de New York où son procès historique doit commencer à aborder les accusations contre lui, et jeter une lumière crue sur les coulisses de sa conquête de la Maison Blanche en 2016.
Après une première semaine consacrée à la sélection du jury, le décor est planté: 12 jurés titulaires, sept hommes et cinq femmes, et six suppléants, sont prêts à juger le candidat républicain à la présidentielle de 2024, dans l’affaire de paiements dissimulés pour acheter le silence d’une ancienne star de films X juste avant le scrutin de 2016.
« C’est un jour très, très, triste pour l’Amérique », a lancé Donald Trump avant d’entrer dans la salle d’audience, en dénonçant comme à son habitude « une chasse aux sorcières » et une opération politique menée depuis la Maison Blanche.
L’ancien président des Etats-Unis, qui rêve d’une revanche face à Joe Biden, risque gros avec ce procès. Il pourrait risquer une condamnation et une possible peine de prison. Ce qui ne l’aiderait pas dans sa course à la Maison Blanche dont l’épilogue est attendu pour le 5 novembre.
Pour Bennett Gershman, ancien procureur new-yorkais et professeur de droit à l’université Pace à New York, « cela va être le procès le plus sensationnel probablement de l’Histoire américaine ».
Sur sa plateforme Truth Social, le milliardaire républicain a de nouveau fulminé dans la nuit de dimanche à lundi contre Juan Merchan, le juge qui préside les débats, qu’il a qualifié de « corrompu ».
« C’est un simulacre » de procès, a aussi écrit Donald Trump en lettres capitales.
Charges
Lundi, les procureurs de Manhattan doivent présenter les charges au jury et tenter de démontrer que le dossier va bien au-delà des 34 falsifications de documents comptables de la Trump Organization reprochées au milliardaire républicain de 77 ans.
Selon l’accusation, ces faux présumés ont permis de dissimuler, sous couvert de « frais juridiques », le paiement de 130.000 dollars à l’actrice Stormy Daniels en échange de son silence sur une relation sexuelle dix ans plus tôt avec Donald Trump, alors qu’il était marié à son épouse Melania.
Donald Trump a toujours démenti cette relation, et pour sa défense, qui prendra la parole après les procureurs, les paiements relèvent de la sphère privée.
L’équipe du procureur Alvin Bragg entend prouver qu’il s’agit au contraire de manoeuvres frauduleuses pour cacher des informations aux électeurs quelques jours avant le vote et la victoire serrée du républicain contre Hillary Clinton.
Plusieurs témoins devraient dévoiler les dessous de la campagne et raconter que d’autres allégations embarrassantes avaient été étouffées grâce à la complicité d’un tabloïd américain qui achetait les informations pour ne pas les publier.
« Chaque jour, nous allons entendre des témoignages dommageables pour Donald Trump », pronostique Bennett Gershman.
Crédibilité
Les jurés seront confrontés, entre autres, aux témoignages de Stormy Daniels elle-même, ou de l’ancien avocat de Donald Trump, Michael Cohen, devenu l’un de ses pires ennemis. C’est lui qui avait payé l’actrice — à la demande de son patron, assure-t-il — avec ses propres deniers, et il a déjà été condamné par la justice dans cette affaire.
La défense compte pilonner la crédibilité de ce témoin, également condamné pour mensonges devant le Congrès.
Donald Trump fustige un dossier vide et dénonce une persécution politique en multipliant les invectives contre le juge Juan Merchan, et Alvin Bragg. Les procureurs ont aussi demandé au juge de le sanctionner pour avoir violé l’interdiction de s’en prendre aux témoins et aux jurés, une question qui sera débattue mardi.
« Le procès le plus sensationnel probablement de l’Histoire américaine »
Bennett Gershman, ancien procureur new-yorkais et professeur de droit à l’université Pace à New York
La présence obligatoire de Donald Trump à ses audiences l’empêche de mener campagne normalement, pendant que son rival Joe Biden tente de marquer des points en labourant le terrain. Samedi, le républicain a dû annuler un meeting en Caroline du Nord à cause du mauvais temps.
Les enjeux sont d’autant plus importants que ce procès pourrait être le seul à se conclure avant la présidentielle, parmi les quatre affaires pénales qui visent Donald Trump.
Il est accusé notamment devant la justice fédérale, à Washington, de « complot contre les institutions américaines » pour ses tentatives présumées illicites d’inverser les résultats de l’élection de 2020.