Joe Biden
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La santé de Joe Biden en question: qui pour le remplacer s’il jette l’éponge?

Joe Biden a fourni des explications pour tenter de justifier sa mauvaise performance lors du son débat face à Donald Trump. La santé du président interroge. Va-t-il devoir jeter l’éponge?

Joe Biden a estimé que son débat raté face à Donald Trump s’expliquait par la fatigue liée à ses déplacements internationaux récents, après s’être rendu en France puis en Italie en juin. Le président américain a jugé que ce n’était « pas très malin » d’avoir « voyagé à travers le monde plusieurs fois » peu avant cette confrontation, et que cela l’avait amené à « presque (s’)endormir sur scène », lors d’une rencontre avec des donateurs démocrates près de Washington, en ajoutant: « Ce n’est pas une excuse mais une explication ».

« Je n’ai pas écouté mes conseillers », a encore dit le démocrate de 81 ans, cinq jours après ce débat lors duquel il est apparu très confus et parfois complètement perdu face à son prédécesseur républicain, qu’il doit affronter en novembre à l’élection présidentielle. Jusqu’ici, le principal argument de ses partisans était de dire que Joe Biden avait eu une « mauvaise soirée », passagère, et de souligner qu’il souffrait d’un « rhume » gênant son élocution.

Ce débat calamiteux a suscité un vent de panique dans le camp démocrate, où l’on s’interroge désormais ouvertement sur les facultés de Joe Biden ainsi que sur l’avenir de sa candidature.

La santé de Biden en question

Les poids lourds et parlementaires démocrates ont commencé à s’interroger publiquement sur l’état de forme de Joe Biden, tandis que la Maison Blanche et le président lui-même tentaient sans grand succès de contenir l’incendie. « J’ai espoir qu’il prendra la décision difficile et douloureuse de se retirer. Je l’appelle respectueusement à le faire », a écrit le Texan Lloyd Doggett en milieu de journée. Ce parlementaire démocrate est le premier à demander publiquement que le président jette l’éponge.

Face à l’angoisse qui flambe dans son parti, la vice-présidente Kamala Harris s’est dite « fière » d’être la « colistière » du président. « Joe Biden est notre candidat, nous avons battu Donald Trump une fois et nous allons le battre à nouveau », a-t-elle affirmé à la chaîne CBS News. Un optimisme qui se fait rare dans le camp démocrate, très ébranlé par le calamiteux débat.

« Je pense qu’il est légitime de se demander s’il s’agit d’un simple épisode ou d’un état » durable, a lancé la très influente Nancy Pelosi, ancienne présidente démocrate de la Chambre des représentants, sur la chaîne préférée de Joe Biden, MSNBC. « La vérité, je pense, c’est que Biden va perdre face à Trump. Je sais que c’est difficile, mais je pense que le débat a fait trop de dégâts », a déclaré l’élue démocrate de l’Etat de Washington Marie Gluesenkamp Perez.

Qui pour le remplacer s’il jette l’éponge?

Le scénario est encore hautement improbable, mais les spéculations vont déjà bon train sur qui pourrait remplacer Joe Biden en cas de retrait du président démocrate de la course à la Maison Blanche. Voici les noms qui circulent.

Kamala Harris

Elle s’impose comme le choix le plus évident: la vice-présidente Kamala Harris, déjà amenée à succéder à Joe Biden en cas de décès ou d’incapacité, serait très bien positionnée pour être choisie par les démocrates en cas d’abandon du président. Pionnière en série, cette fille d’un père jamaïcain et d’une mère indienne a été la première femme et première personne noire à devenir procureure générale de Californie, puis la première sénatrice originaire d’Asie du Sud. De sa carrière de magistrate, elle garde une réputation de dureté qu’elle pourrait faire valoir dans une campagne où les questions de criminalité pèsent lourd. Certains progressistes lui reprochent toutefois d’avoir puni durement les petits délits, ce qui a affecté surtout les minorités. La vice-présidente de 59 ans souffre par ailleurs d’une cote de popularité anémique, ce qui pourrait pousser les démocrates à se rallier autour d’un autre candidat.

Gavin Newsom

Aucune règle ne prévoit que le colistier ou la colistière remplace automatiquement le candidat en titre. C’est pourquoi le nom du gouverneur de Californie, Gavin Newsom, est lui aussi évoqué avec insistance. Le démocrate de 56 ans, ancien maire de San Francisco, dirige depuis cinq ans l’Etat le plus peuplé du pays, faisant de la Californie un sanctuaire pour le droit à l’avortement. L’homme à la mèche bien peignée a, pour l’heure, affirmé que les « conversations » autour de l’état de forme de Joe Biden ne faisaient « pas du bien à notre démocratie ». Mais il n’entretient qu’un mystère relatif sur ses ambitions présidentielles. Le gouverneur a ces derniers mois multiplié les déplacements à l’étranger, fait diffuser sans retenue des spots publicitaires vantant son bilan et a investi des millions de dollars dans un comité d’action politique, alimentant les spéculations sur une candidature en 2028. Ou dès 2024?

Gretchen Whitmer

Autre candidate possible des démocrates: la gouverneure Gretchen Whitmer.Cette responsable de 52 ans dirige le Michigan, qui compte à la fois une forte population ouvrière et d’importantes communautés noires et arabes – autant d’électorats que Joe Biden peine actuellement séduire. Farouche opposante de Donald Trump, elle est connue pour avoir été la cible d’un projet d’enlèvement par une milice d’extrême droite. L’Etat qu’elle dirige sera l’un des plus disputés pour la présidentielle de novembre un argument fort, d’après ses partisans, pour la nommer comme candidate du parti. Gretchen Whitmer a balayé les spéculations autour d’une possible candidature, assurant lundi être « fière » de soutenir Joe Biden.

Josh Shapiro

A 51 ans, le gouverneur de Pennsylvanie Josh Shapiro est à la tête du plus gros « swing state », à savoir un Etat à la couleur politique fluctuante selon les élections, qui jouera un rôle décisif en novembre. Avant d’accéder à ce poste en 2022, en battant très nettement un concurrent de la droite radicale soutenu par Donald Trump, il avait été élu à deux reprises procureur général de Pennsylvanie. Dans cette fonction, le responsable a dénoncé des agressions sexuelles commises par des prêtres catholiques contre des milliers d’enfants, et poursuivi le laboratoire Purdue, fabricant du puisant opiacé OxyContin. Orateur efficace et centriste affirmé, Josh Shapiro s’est donné pour slogan de gouverneur: « Get shit done », que l’on peut traduire, très librement, par: « Faire avancer le bordel ».

Les autres

Les noms des gouverneurs de l’Illinois, J.B. Pritzker; du Maryland, Wes Moore; et du Kentucky, Andy Beshear; circulent aussi, mais leurs chances paraissent pour l’heure plus limitées. Tout comme celles de la sénatrice Amy Klobuchar ou du ministre des Transports Pete Buttigieg – tous les deux anciens candidats à la présidentielle de 2020.

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