Etats-Unis: Biden occupe ostensiblement le terrain pendant que Trump est au tribunal
Meetings, interview, levée de fonds, déplacement officiel: Joe Biden, confronté à des sondages mitigés et à des questions lancinantes sur son âge, a tenté cette semaine d’occuper le terrain pendant que son rival Donald Trump était retenu au tribunal.
L’ancien président républicain a commencé à comparaître, au pénal, pour une affaire de paiements dissimulés à une ancienne actrice de films X. Le lundi, mardi, jeudi et vendredi, pendant plusieurs semaines, le magnat de 77 ans, inculpé dans plusieurs autres affaires, sera assis dans une salle d’audience à New York, ce qui entrave évidement sa campagne pour la présidentielle de novembre.
L’équipe de son adversaire démocrate de 81 ans a relevé avec jubilation que mercredi, seul jour où il n’est pas tenu d’être devant le juge, Donald Trump avait joué au golf.
« Je n’ai pas eu l’occasion de suivre les audiences », a glissé Joe Biden, en rencontrant des donateurs dans l’élégante demeure de l’acteur Michael Douglas, au nord de New York.
Mardi, il est allé en Floride défendre le droit à l’avortement. Mercredi, devant des ouvriers du bâtiment, il s’est présenté comme un enfant de la classe moyenne. Jeudi, il a présenté de gros investissements dans les semi-conducteurs.
Jouer le contraste
Donald Trump « a appris que le meilleur moyen de s’enrichir, c’était par l’héritage », a lancé Joe Biden, ajoutant: « J’imagine que c’est comme ça que l’on voit le monde depuis Mar-a-Lago », la vaste propriété en Floride de l’ancien président. Vendredi, le président américain a encore joué le contraste dans une interview radiophonique avec Howard Stern.
Connu pour son goût de la provocation, cet animateur avait plusieurs fois reçu Donald Trump avant que ce dernier ne devienne président, pour des entretiens au ton volontiers salace. Rien de sulfureux pour Joe Biden vendredi, lors d’une interview intimiste avec un Howard Stern tout acquis à sa cause.
Le président a passé sa vie en revue, avec les moments douloureux: la mort de sa première épouse et de leur fille encore bébé, puis le décès de son fils aîné d’un cancer. Comme les moments heureux, par exemple la rencontre avec son actuelle épouse Jill Biden.
L’occasion de souligner son sens de la famille, son empathie, sa capacité de résilience… « Nous avons des valeurs complètement différentes », a-t-il lancé à propos de Donald Trump.
Pour autant, la semaine n’a pas été toute rose pour le démocrate. Jeudi, il a dû encaisser des statistiques économiques plus mauvaises que prévu. Mercredi, un sondage Bloomberg News/Morning Consult a donné Donald Trump en tête dans plusieurs Etats décisifs. Et les questions sur son âge ont refait surface, à la faveur d’un changement de sa routine.
Réponses bien rodées
Jusqu’ici, lorsque Joe Biden se déplaçait en hélicoptère, il marchait seul vers l’appareil posé sur la pelouse de la Maison Blanche, et faisait de même à son retour, avec de multiples objectifs et caméras braqués sur lui.
Ces derniers jours, le président, dont la démarche s’est très nettement raidie, était entouré de conseillers pour parcourir ces quelques dizaines de mètres.
Selon le site internet Axios, certains conseillers préfèrent ce déplacement groupé, qui évite des vidéos peu avantageuses. Il ne s’agit pas du premier arrangement de ce genre. Joe Biden, qui a plusieurs fois chuté en public, privilégie par exemple désormais la passerelle la plus courte pour monter dans son avion. Il a aussi été vu récemment chaussé de baskets à la semelle épaisse, plutôt que d’étroites chaussures de villes.
Le démocrate, à force, a des réponses bien rodées tant sur les sondages que sur son âge. Concernant les enquêtes d’opinion, il reproche constamment à la presse de taire celles qui lui sont favorables, à l’instar d’un sondage NPR/Marist cette semaine qui le place devant Donald Trump dans les intentions de vote à l’échelle nationale. Chez Michael Douglas, jeudi, il a rappelé que l’acteur incarnait Benjamin Franklin dans une série.
« Je l’ai vraiment bien connu. Il n’avait que quelques années de plus que moi », a-t-il plaisanté à propos de ce père fondateur des Etats-Unis, mort en 1790.