Avortement aux USA: « toute une série » d’autres droits pourraient être menacés, avertit Biden
Joe Biden a estimé que l’argumentaire déroulé par la Cour suprême américaine dans un projet de décision très défavorable au droit à l’avortement allait « bien au-delà » de l’IVG et remettait potentiellement en cause « toute une série » d’autres droits.
La Cour suprême des Etats-Unis s’apprête à annuler un arrêt historique reconnaissant depuis près d’un demi-siècle le droit à l’avortement, selon un projet de décision qui a fait l’effet d’une bombe à Washington. Le site d’informations Politico, s’appuyant sur une fuite inédite de documents, a indiqué tard lundi s’être procuré l’avant-projet d’une décision majoritaire rédigé par le juge conservateur Samuel Alito et daté du 10 février.
La Cour suprême des Etats-Unis a confirmé mardi l’authenticité d’un document interne augurant de la fin du droit constitutionnel à avorter, publié la veille par le site Politico, tout en soulignant qu’il ne représentait pas la décision « finale » de la haute juridiction. Dans un communiqué, le chef de la Cour, le juge John Roberts, a ajouté avoir « ordonné une enquête » pour découvrir l’origine de la fuite de cet avant-projet d’arrêt, qui semble annoncer un retour 50 ans en arrière, quand chaque Etat était libre ou non d’interdire l’avortement.
Le président démocrate, faisant référence à un document révélé par le site Politico et dont la Cour a confirmé l’authenticité, a cité le droit à la contraception ou le mariage entre personnes du même sexe comme pouvant être remis en cause par un « changement fondamental » de doctrine de la plus haute juridiction américaine. Il a déclaré, aux journalistes qui l’attendaient au pied de l’avion l’emmenant pour un déplacement en Alabama (sud), que « toutes les décisions concernant (la) vie privée » des Américains étaient à ses yeux susceptibles d’être concernées si la Cour suprême décidait, comme l’indique le texte ayant fuité, de revenir sur le droit à l’avortement consacré dans un arrêt de 1973.
Protéger le droit des femmes
Après l’indignation de plusieurs responsables démocrates dont la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi et le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer, le président des Etats-Unis, a également réagi.
Joe Biden a appelé mardi les Américains à voter aux législatives de l’automne de manière à défendre le droit « fondamental » à l’avortement, si celui-ci devait être remis en cause par la Cour suprême américaine. « Ce sera aux élus de notre nation, à tous les niveaux, de protéger le droit des femmes à choisir. Et il appartiendra aux électeurs de choisir des candidats favorables » au droit à l’avortement en novembre, a estimé le président démocrate dans un communiqué.
« Nous aurons besoin de plus de sénateurs favorables au droit de choisir, et d’une majorité en ce sens à la Chambre des représentants, pour adopter une législation codifiant (la jurisprudence existante), que je promulguerai », a assuré le chef de l’exécutif, catholique fervent mais aussi défenseur du droit à l’avortement.
Joe Biden, dont le parti redoute une cuisante défaite lors de ces élections de mi-mandat, promet par ailleurs que son administration « sera prête » à réagir quand tombera la décision, extrêmement attendue, de la Cour suprême américaine. Le président évoque dans son communiqué une réponse « administrative », sans plus de précisions.
Mince majorité
Les démocrates contrôlent déjà la Chambre des représentants et le Sénat, mais leur majorité dans cette dernière institution est très mince, et ne leur a pas permis jusqu’ici de légiférer au niveau fédéral sur le droit à l’avortement, pour écraser des législations extrêmement restrictives prises récemment par nombre d’Etats conservateurs américains.
Si l’annulation est bien retenue par la Cour, les Etats-Unis reviendront à la situation d’avant 1973 quand chaque Etat était libre d’interdire ou d’autoriser l’avortement. Compte tenu des fractures sur le sujet, une moitié des Etats, surtout dans le Sud et le centre conservateurs et religieux, devraient rapidement le bannir.
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